Bas-fonds

(Agriculture). Les terres les plus basses d’une exploitation, lorsqu’elles occupent le fond d’une vallée et qu’elles aboutissent à un étang ou un marais à peu près au même niveau, peuvent difficilement être débarrassées de l’excès d’humidité stagnante qui séjourne dans leur sous-sol ; on ne réussit pas toujours à les assainir par le drainage. Le climat, dans les bas-fonds, est toujours plus froid et plus humide que celui du canton environnant ; la végétation y commence plus tard ; elle s’arrête plus tôt. Ces circonstances rendent ces terres plus ou moins difficiles à cultiver, bien qu’elles soient en général très fertiles. Lorsque les bas-fonds ne sont pas occupés par des prairies naturelles ou artificielles et qu’ils sont labourés comme le reste des terres de l’exploitation, il faut, si l’on veut que la culture en soit profitable, observer rigoureusement les préceptes suivants. Après avoir pris pour les assainir toutes les mesures que peut comporter la configuration du terrain, on attend, pour leur donner les premiers labours de printemps, que les terres soient revenues d’elles-mêmes au degré convenable de dessiccation, avant d’y mettre la charrue. Un labour donné prématurément à un bas-fond trop humide, pétrit la terre au lieu de la diviser ; elle est gâtée pour plusieurs années, et jusqu’à ce que, par des labours multipliés en été, elle soit revenue à son état normal, il n’en faut attendre que des produits médiocres. On choisit pour planter ou ensemencer les bas-fonds, les variétés de plantes les plus hâtives. Si des arbres d’alignement y doivent être plantés, le Saule, le Frène, l’Aune, le Peuplier, l’Ypréau, sont ceux qui peuvent le mieux y réussir. À la fin de l’automne, avant les pluies abondantes de cette saison sous le climat de la France centrale, les bas-fonds sont façonnés en ados ou billons, par un trait de buttoir, ou deux traits de charrue ordinaire qui versent deux bandes l’une sur l’autre, l’une en allant, l’autre en revenant. Par cette disposition, la couche superficielle profite plus complètement des influences atmosphériques que si elle était labourée à plat. La fumure, dans les bas-fonds, ne doit jamais être enfouie en terre avant l’hiver, comme on le fait souvent avec avantage dans les terres élevées et saines ; on fume au printemps pour une culture sarclée à laquelle peut succéder une céréale d’hiver. Les froments d’hiver gèlent souvent dans les bas-fonds ; on n’y doit semer que les variétés de céréales d’hiver connues pour être les moins sensibles au froid, ou bien s’en tenir aux céréales de printemps, et ne semer qu’après les derniers froids.

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