Enseignement de l’Écriture

Les méthodes d’écriture sont aussi nombreuses que les méthodes de lecture ; les parents et les maîtres n’ont que l’embarras du choix. Se prononcer pour telle ou telle méthode, dire quelle est la meilleure, serait chose difficile : nous devons donc nous borner à indiquer une méthode simple qui puisse recevoir son application aussi bien dans les écoles que dans les familles.

C’est généralement vers l’âge de 6 ou 7 ans que les enfants commencent à recevoir des leçons d’écriture. Avant tout, il importe de s’occuper de la position du corps et de la tenue de la plume. Le corps doit être droit, le côté gauche étant un peu plus avancé que le côté droit vers la table sur laquelle écrit l’élève. La jambe gauche doit être également placée un peu plus en avant que la jambe droite. Il ne faut point courber la tête sur le papier, ni appuyer la poitrine contre la table. Le bras droit doit presque toucher le corps. La plume sera tenue par les trois premiers doigts, c.-à-d. avec le pouce, l’index et le doigt du milieu, les deux autres doigts s’appuyant sur le papier. Le haut de la plume doit toujours être placé vis-à-vis de l’épaule : la plume elle-même portera toujours d’aplomb sur les deux becs, afin d’obtenir des pleins convenables.

La méthode qui consiste à faire écrire en gros dès le début n’est pas bonne. Les petits doigts des enfants ne peuvent pas embrasser d’un seul coup le grand espace qu’exige l’écriture en gros ; ce n’est qu’à plusieurs reprises qu’ils parviennent à tracer entièrement les lettres, et ils ne forment ainsi que des caractères irréguliers. C’est donc l’écriture en moyen qu’il faut adopter dès le principe, et l’écriture en gros peut, sans inconvénients, être totalement abandonnée. On a aussi presque partout l’habitude de régler au crayon le papier sur lequel les enfants doivent écrire. Il y a plusieurs objections à faire contre cet usage, surtout en ce qui concerne les écoles. D’abord, si les élèves sont chargés de ce soin, c’est une petite perte de temps pour chacun d’eux, sans compter la nécessité où ils se trouvent d’avoir toujours à leur disposition règle et crayon. Mais c’est une grande perte de temps pour le maître, s’il est obligé de régler toutes les feuilles. De plus, on n’obtient jamais ainsi une grande régularité ; les lignes sont inégales et l’écriture, dans la même page, et souvent dans la même ligne, offre diverses grosseurs. Des transparents imprimés ou gravés remplacent avantageusement les règles et les crayons. Ces transparents sont de deux sortes, les uns pour l’écriture en moyen, les autres pour l’écriture en fin. Placés au-dessous de la feuille de papier sur laquelle doit écrire l’élève, ils indiquent à celui-ci clairement et sûrement la pente et la grosseur de l’écriture, la distance qu’il faut laisser entre chaque mot, la longueur ou la hauteur des boucles. En un mot, à l’aide de ce guide fidèle, l’écriture est soumise à des règles invariables qui repoussent toute forme, toute distance, toute dimension arbitraires. Quant au genre d’écriture qu’il convient d’adopter préférablement à tous les autres, c’est l’écriture anglaise cursive dans sa forme la plus simple et la plus élégante ; cette écriture ne donne à la main qu’une seule direction, ne lui imprime qu’un mouvement uniforme, n’oblige pas à tourner la plume pour obtenir des liaisons, ni à en changer pour produire diverses grosseurs de caractères. Cela est si vrai que lorsque les élèves ont acquis une certaine habitude, ils peuvent écrire d’un seul coup, sans s’arrêter, et avec une netteté remarquable, l’alphabet tout entier.

Pour les premières leçons, les commençants peuvent écrire, soit sur l’ardoise, soit sur le papier, en se servant alors, au lieu d’une plume, d’un crayon dont la grosseur sera analogue à celle d’un manche de plume métallique. Dans tous les cas, le maître tracera d’abord une ligne de l’exercice que l’élève devra imiter et reproduire dans les lignes suivantes. Il importe avant tout que les exercices d’écriture offerts successivement à l’imitation des enfants soient d’une difficulté bien graduée. Ainsi le premier exercice consistera en simples barres ou bâtons ; les exercices suivants se composeront de jambages distincts et séparés empruntés aux lettres les plus faciles, telles que i, u, n, m ; puis, après quelques autres exercices ayant pour objet les boucles de certaines lettres, p. ex., du d, du g, du q, on passera à l’o qui conduira lui-même à tracer sans difficulté ces lettres complètes. C’est ainsi que les enfants arrivent par degrés à tracer convenablement toutes les lettres de l’alphabet. Ils peuvent alors copier des mots, des phrases entières et quelques petits sujets dans des modèles que le maître aura préparés à cet effet. — Ces premières difficultés surmontées, on devra renoncer aux ardoises et aux crayons, si on les a employés jusqu’à ce moment, et ne faire usage que de la plume. C ’est alors aussi que les enfants peuvent commencer à écrire en fin, en suivant les procédés indiqués pour l’écriture en moyen, et en faisant toujours usage des transparents. On pourrait craindre que les élèves, ayant pris une fois l’habitude de se servir du transparent, ne sussent point ensuite se passer de ce guide commode : il n’en est rien. La netteté et la régularité de l’écriture qu’ils acquièrent avec le secours du transparent ne leur font point défaut quand ils veulent renoncer à cet aide, et il leur suffit de quelques jours d’exercice pour que leur écriture offre des lignes aussi droites, aussi régulièrement espacées que celles qu’ils traçaient guidés par le transparent placé sous le papier.

Lorsque les élèves savent écrire assez couramment, en fin, ils continuent encore à recevoir des leçons d’écriture pour ne point oublier ce qu’ils ont appris et pour se perfectionner. Mais il faut alors que ces leçons aient un but d’utilité pratique. Si elles ne consistent, comme cela a lieu trop souvent, qu’à faire copier aux enfants des mots isolés, des phrases sans suite et sans intérêt, il n’y a rien là qui puisse exciter et soutenir leur attention. Aussi finiraient-ils bientôt par écrire ces mots sans avoir besoin de les regarder, et ils ne tireraient aucun profit de pareilles leçons. Il vaut mieux faire copier aux élèves, pour chaque leçon d’écriture, un sujet intéressant qui leur apprenne quelque chose de nouveau. De cette manière, les leçons d’écriture, tout en restant ce qu’elles doivent être, une imitation exacte de la forme, deviennent en outre un puissant moyen de transmettre aux élèves des connaissances utiles et de développer ainsi leur intelligence. Pour transmettre aux élèves réunis dans une même classe les sujets dont il aura fait choix, le maître pourra recourir à deux procédés : 1° il transcrira à la craie sur un grand tableau noir le sujet de la leçon. Pour écrire sur le tableau noir, on se sert d’un morceau de craie taillé en pointe comme un crayon à dessin, et il ne faut pas une longue expérience pour parvenir à tracer ainsi les caractères de l’écriture d’une manière tout à la fois correcte et élégante. Le tableau doit être réglé, afin que l’écriture soit très régulière et que les lignes soient convenablement espacées ; 2° il préparera et écrira d’avance un certain nombre de modèles variés, proportionné au nombre des élèves, de manière qu’il y ait au moins un modèle pour deux élèves. Seulement, à chaque leçon, il changera les modèles de place, afin que les mêmes élèves n’aient point plusieurs fois de suite le même modèle à copier. Ces modèles sont écrits sur du papier d’un format semblable à celui sur lequel les élèves écrivent : seulement, tandis que le papier destiné aux élèves pour la leçon d’écriture est une feuille simple de papier écolier pliée en deux, les modèles sont écrits sur la moitié d’une feuille double de ce même papier pliée dans sa plus grande largeur, ce qui permet de les placer à cheval sur une cordelette tendue d’un bout d’une table à l’autre à une hauteur convenable et sous les yeux des élèves.

Quel que soit le mode de transmission qu’on adopte, les avantages et les résultats de la méthode seront les mêmes. Dans l’un comme dans l’autre cas, l’ordre et la régularité président constamment à une leçon d’écriture ainsi donnée. Tous les élèves étant occupés simultanément à la même chose, attentifs à copier soit le tableau, soit le modèle qu’ils ont sous les yeux, le maître n’a plus qu’à exercer une surveillance générale pour maintenir le silence. Ce soin ne l’empêche pas d’aller d’un élève à l’autre, d’examiner le travail de chacun, de redresser ici une mauvaise position du corps, là une tenue défectueuse de la plume, de faire remarquer à l’un que son écriture est trop droite ou trop serrée, à l’autre qu’elle est trop penchée ou trop lâche, enfin de donner à tous les conseils dont ils ont besoin. Ce mode d’enseignement, qui est facile à mettre en pratique dans les écoles, et qui peut aussi, avec quelques modifications, recevoir son application dans les familles, a pour résultats d’éveiller et de soutenir constamment l’attention des enfants pendant leurs leçons, et de leur faire acquérir tout à la fois une instruction variée et une écriture correcte.

Écriture (Législation)

Elle n’est nécessaire, pour prouver un fait ou une obligation, que lorsque la loi l’exige expressément. Ainsi, on ne peut faire un testament, une donation, un contrat de mariage, une transaction, etc., autrement que par écrit. Dans le cas où l’écriture n’est pas prescrite comme une condition de validité, l’engagement qui aurait été contracté verbalement serait valable s’il n’était pas nié ; s’il est nié par une des parties, et que la valeur n’en excède pas 150 fr., il peut être prouvé par témoins ; au delà, la preuve testimoniale n’est pas admise, à moins qu’il n’y ait un commencement de preuve par écrit, émané de la partie qui nie son engagement.

L’écriture d’un acte sous seing privé peut n’être pas de la main de celui qui l’a signé ; mais alors celui qui s’engage doit mettre avant sa signature les mots : approuvé l’écriture ci-dessus (Voy. Approbation d’écriture). Lorsque l’écriture d’un acte est déniée par celui à qui on l’oppose, il y a lieu à une procédure pour s’assurer si l’écrit est ou n’est pas de lui. Voy. Dénégation et Vérification d’écriture.

On doit avoir soin, surtout pour les actes qui emportent obligation, d’écrire d’une manière très lisible. Il faut écrire à la plume et non simplement au crayon, qui s’efface trop aisément.

En général, les écritures ne valent qu’au moyen de la signature de ceux qui les ont faites. Toutefois, il y a des modifications à cette règle. D’abord une écriture non signée peut servir de commencement de preuve contre celui de qui elle émane. Ensuite, l’écriture mise par le créancier sur un titre peut entraîner libération. Voy. ci-après (C. Nap., art. 1332, 1331, 1347).

Écritures à la suite, en marge ou au dos d’un titre ou d’une quittance. Si un créancier a gardé en sa possession son titre de créance, les écritures, même non signées ni datées, qu’il a mises à la suite, en marge ou au dos de l’acte, font foi pour établir la libération du débiteur ; p. ex., si, au bas d’une reconnaissance d’argent prêté, le créancier a mis : payé acompte, tant… ; ou bien : soldé. Si le titre est sorti des mains du créancier, ce qu’un autre que lui a pu y inscrire ne prouve rien contre lui ; mais ce qu’il y aurait écrit de sa propre main prouverait en faveur du débiteur, même quand le titre ne serait plus en possession de ce créancier. Il y a du doute sur le point de savoir si des écritures mises sur le titre par le créancier et restées en sa possession prouvent la libération du débiteur lorsqu’elles sont barrées ou rayées ; afin d’éviter les contestations, le débiteur qui a laissé le titre, un billet p. ex., entre les mains du créancier, doit toujours se faire délivrer quittance de ce qu’il a payé : peu importe alors ce que le créancier inscrit ou efface sur le titre qu’il a gardé.

Il y a aussi preuve que le créancier a libéré le débiteur lorsqu’il a mis, dans le sens de la libération, des écritures sur le double d’un titre ou d’une quittance, et qu’il a laissé ce double entre les mains du débiteur (C. Nap., art. 1332).

Écritures commerciales. La loi déclare banqueroutier frauduleux tout commerçant failli qui aura supposé des dettes passives ou collusoires, au moyen d’écritures simulées (C. de comm., art. 593). Le faux en écritures commerciales est puni des mêmes peines que le faux en écritures authentiques et publiques (C. pén., art. 147).

Laisser un commentaire