Éclaircie

(Sylviculture). L’éclaircie d’un taillis se borne, lorsqu’il a atteint l’âge de 7 à 8 ans et qu’il est aménagé à 20 ans au moins, à y couper les épines, les ronces, les genêts, etc., les brins traînants et difformes qui poussent sur les mêmes souches que les brins bien venants ; on supprime aussi les plants de nerpruns et de bois de peu de valeur, et même les pieds de charmes et d’autres espèces de second ordre, lorsque le massif est suffisamment peuplé d’essences de choix. Le furetage constitue un système complet d’éclaircie des bois en taillis. Voy. Furetage.

Dans les futaies, l’éclaircie en jardinant consiste à prendre çà et là les arbres arrivés au terme de leur vigueur et qui n’auraient plus qu’à dépérir si on les laissait sur pied. Dans une futaie de 100 hectares , exploitée en jardinant, une éclaircie est faite tous les 10 ans sur 10 hectares ou tous les 5 ans sur 20 hectares . Lorsque cette opération est bien conduite, la durée de la forêt est éternelle, car les vides se repeuplent par semis naturel provenant des arbres portant graine. Mais, ce procédé a le très grave inconvénient de donner quelquefois peu de revenu ; de contraindre à parcourir souvent la forêt pour en extraire les arbres exploités, et d’y causer des dégâts en détruisant les neuf dixièmes du jeune plant qui s’y trouve écrasé par les voitures. Toutefois, dans les forêts d’arbres résineux, qui demandent peu d’espace pour croître, et dont le repeuplement par semis naturel n’est assuré qu’autant que les semences et le jeune plant sont abrités contre le soleil et le grand air, la méthode du jardinage doit toujours être préférée.

Pour les autres essences, le repeuplement des futaies par coupes sombres et par éclaircies est plus avantageux. S’il s’agit, p. ex, d’une futaie en chênes et hêtres de 120 hectares , aménagée à 120 ans, on pourrait avoir tous les ans 1 hectare à exploiter définitivement ; mais les opérations se renouvellent sur chaque coupe, à des intervalles périodiques. À l’âge de 100 ans, si la futaie a été bien conduite, elle présente un effectif de 500 arbres environ, dont les cimes rapprochées forment un ombrage impénétrable. On procède alors à la coupe sombre en abattant la moitié environ des arbres. On laisse toujours les plus beaux, ceux dont les cimes étant les plus développées peuvent, lorsqu’elles sont agitées par le vent, se prêter un mutuel appui. Cet état de la forêt où un demi-jour pénètre après la coupe, a fait donner à celle-ci le nom de coupe sombre ; on l’appelle aussi coupe d’ensemencement, parce que le réensemencement est le but de cette opération. En effet, les arbres conservés couvrent de leurs semences toute l’aire de la coupe, en sorte qu’au bout de quelques années, la surface de la forêt est couverte de jeune plant quelquefois aussi serré que le fourrage d’un champ de trèfle. Lorsque ce plant a atteint la hauteur de 0m, 40 à 0m, 50, et qu’il n’a plus besoin d’abri, on procède à la coupe claire. Dans celle-ci, qui a lieu ordinairement 6 ou 8 ans après la coupe sombre, on n’abat encore que la moitié des arbres restants, afin de ne pas priver brusquement les jeunes plants de l’ombre qui les a protégés jusqu’alors, et aussi de regarnir les places qui, se trouvant trop abritées après la coupe sombre, sont restées plus ou moins vides. Le plant arrive bientôt après cette seconde coupe à une hauteur de 1 mèt., et acquiert assez de force pour braver les gelées et l’ardeur du soleil. C’est alors que l’on procède à la coupe définitive. Cette troisième opération a lieu 4 ou 5 ans après la coupe claire.

Plus le jeune plant est serré après la coupe définitive, plus la reprise de la forêt est assurée ; pendant les 20 ou 30 premières années qui suivent la coupe claire, ce plant n’exige aucun autre soin que celui de le préserver de l’invasion des bestiaux. Mais, arrivé à l’âge de 30 ans, il demande à être purgé des bois blancs tels que bouleaux, trembles, marsaults, et même des châtaigniers, dont la croissance est plus rapide que celle des bois durs, et qui menacent d’étouffer les jeunes brins, surtout ceux de hêtre. C’est alors que l’on procède à une première éclaircie dans laquelle on abat non seulement tous les bois blancs, mais encore les jeunes hêtres et chênes mal venants ou trop serrés. Après cette éclaircie, la forêt doit présenter l’aspect d’un gaulis fermé par la cime, dans lequel les jeunes arbres, minces et élancés, se soutiennent mutuellement, et cherchant tous également l’air et la lumière, croissent principalement en hauteur. — Vers l’âge de 60 ans, on procède à la seconde éclaircie, en ayant toujours soin que la forêt reste fermée par le haut. Après cette éclaircie où les plus beaux brins ont été conservés, ceux-ci ne doivent pas être à plus de 3 mètres de distance entre eux, ce qui fait environ 1 000 arbres par hectare ; les essences conservées doivent être exclusivement le chêne et le hêtre. — Enfin, lorsque la coupe a atteint l’âge de 90 ans, on procède à la troisième éclaircie dans laquelle la moitié environ des arbres doit tomber, et il en reste définitivement de 400 à 500 pieds par hectare. Quinze ans après, on reprend la coupe sombre telle qu’elle a été décrite ci-dessus.

Dans une forêt traitée selon cette méthode, les différentes opérations qui se succèdent donnent des profits annuels, puisque dans la futaie, aménagée à 100 ou 120 ans, quelle que soit sa contenance, on a à opérer d’une part trois éclaircies dont les deux dernières donnent des coupes importantes et en outre une coupe sombre, une coupe claire, et une coupe définitive dont les produits réunis peuvent s’élever, pour 500 arbres, à plus de 700 mètres cubes de bois d’œuvre, non compris les bois de branches. Le seul inconvénient qu’on puisse reprocher à cette méthode est d’obliger l’exploitant à revenir plusieurs fois dans la même coupe, et à faire sortir les arbres à bras d’hommes ou à force de chevaux, mais cet inconvénient est largement compensé par le profit que l’on en retire.

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