Couture

(Éducation, Connaiss. pratiques). L’enseignement de la couture devrait faire partie de l’éducation de toutes les jeunes filles. Dans quelque position de fortune qu’elles se trouvent, la couture a son utilité ; pour les unes, c’est leur gagne-pain ; pour les autres, c’est un moyen d’employer utilement le temps. Enfin, une bonne ménagère doit savoir raccommoder et entretenir le linge de sa famille. — Il faut avant tout se procurer les instruments nécessaires : le dé à coudre, les aiguilles (Voy. ce mot), enfin du fil ou du coton de bonne qualité (Voy. ces mots). Les meilleurs dés à coudre sont en acier poli ou en métal plus précieux, tel que l’argent ou l’or. Les dés d’argent, avec le bout en acier, sont très solides. Les dés en ivoire, qui n’ont d’autre mérite que leur légèreté, peuvent être employés pour certains ouvrages fins et délicats ; mais ils ne conviendraient pas pour les travaux de grosse couture ; ils se cassent au moindre choc. Des doigtiers en caoutchouc sont très utiles pour préserver les doigts de la main gauche du contact et des piqûres répétées de l’aiguille.

La couture, appliquée soit à la confection du linge neuf, soit au raccommodage du linge qui a déjà servi, comprend plusieurs sortes de points : l’ourlet, le surjet, le point arrière, le point devant, le point de côté, les points de boutonnières, et de brides, le point de flanelle, le point de marque, les piqûres et les reprises. — Les ourlets sont d’une exécution facile : on replie à l’envers d’abord une très petite portion de l’étoffe, puis une seconde proportionnée à la hauteur de l’ourlet qu’on veut faire, et l’on coud à points devant ou de côté (Voy. ci-après). — Le surjet consiste à joindre ensemble deux parties d’étoffe, surtout deux lisières, et à les coudre au moyen de points très serrés les uns contre les autres et aussi réguliers que possible : une fois le surjet fini, on l’aplatit en appuyant fortement dessus le doigt armé du dé. — Le point arrière se fait en revenant d’un point d’aiguille vers un autre, sans cependant repasser dans les mêmes trous d’aiguille. Le point devant va droit devant lui sans revenir sur lui-même. Le point de côté n’est que le point devant incliné fortement par côté ; il est employé pour les ourlets ; il sert à tenir ensemble les pièces appliquées, à monter les coutures des chemises, des vêtements de flanelle, etc. — Pour les points de boutonnières, on fend l’étoffe de la grandeur voulue, et on la pique de dessous en dessus en formant avec le fil une boucle dans laquelle on repasse l’aiguille qu’on tire alors vivement à soi : il ne faut employer dans ce genre de travail que du fil très résistant, et les points doivent être réguliers et très serrés les uns contre les autres. Quand la boutonnière est finie, on l’arrête aux deux bouts par un point de feston (Voy. Broderie). Pour les brides, on forme une boucle avec plusieurs fils réunis ensemble au moyen d’un point de boutonnière. — Le point de flanelle, le plus compliqué de tous, ne pourrait être que difficilement compris d’après une simple explication ; il faut le voir exécuter et l’exécuter ensuite soi-même. — Le point de marque n’offre aucune difficulté : on compte et on prend 4 fils sur l’étoffe, 2 en hauteur et 2 en largeur, ce qui forme le carré ; on pique avec l’aiguille les 4 fils dans un sens et on les recouvre dans l’autre, en employant du coton rouge plus ou moins fin, suivant que l’étoffe est elle-même plus ou moins fine. Quant à la forme des lettres dont se compose la marque, on n’a qu’à suivre le modèle qu’on a sous les yeux, modèle qui se vend ordinairement avec les boîtes de coton à marquer. — Les piqûres consistent dans des points arrière très serrés et piqués les uns dans les autres. Il importe que l’intervalle laissé entre chaque point soit partout le même ; c’est à cette régularité qu’on reconnaît une piqûre bien faite. — Les reprises sont de deux sortes : s’il s’agit de rapprocher deux parties d’étoffe déchirées, mais entières, on pique plusieurs points avec l’aiguille tantôt en dessus, tantôt en dessous de l’étoffe, toujours à l’envers, en tirant doucement le fil qui doit former des boucles de chaque côté de la reprise, de manière que l’étoffe ne se plisse pas. S’il s’agit de repriser une étoffe où manque le morceau, on passe des fils d’abord dans un sens, puis dans l’autre, en les entrecroisant de telle sorte qu’ils imitent le tissu d’une toile. Si le morceau qui manque est assez considérable, on bâtit cette partie de l’étoffe sur un morceau de carton très mince ou de papier fort afin de l’empêcher de goder.

La couture qui a pour objet la confection du linge neuf, celle d’une robe, p. ex., comprend un assez grand nombre d’opérations diverses dont chacune a son utilité pour la grâce et la solidité des objets confectionnés. — Il faut d’abord tailler l’étoffe, ce qui n’est pas bien difficile lorsqu’on possède de bons patrons. On coupe les patrons sur une robe bien faite, pièce par pièce, en donnant à chacune d’elles la grandeur qu’elle doit avoir pour produire l’effet désiré, déduction faite de la largeur nécessaire pour les coutures d’assemblage. La robe taillée, on la bâtit, c.-à-d. qu’on fait tenir les pièces ensemble au moyen de grands points droits de fil blanc. C’est ce qu’on appelle préparer la robe, afin qu’elle puisse être essayée. Après avoir essayé la robe et fait les modifications jugées nécessaires, on bâtit une seconde fois, plus solidement que la première fois, puis on s’occupe de coudre. Le corsage et la jupe sont cousus séparément ; on monte les manches au corsage, puis le corsage à la robe, s’il y a lieu, et le travail est terminé. S’il y a des ornements en ganses, boutons ou passementeries, ils doivent être posés avant de monter la robe : c’est ce qu’on nomme garnir. Ainsi, pour la confection d’une robe, il faut la couper, ou la tailler, la préparer, l’essayer, la bâtir, la coudre, la garnir et la monter. Dans toutes ces opérations on fait usage des diverses sortes de points indiqués ci-dessus. Voy. aussi Chemises.

Les machines à coudre, actuellement fort usitées, surtout pour confectionner le linge et les vêtements d’homme, et pour piquer les bottines, font agir l’aiguille au moyen d’un mécanisme que le pied met en mouvement : les deux mains restent libres pour présenter à l’aiguille les pièces qui doivent être cousues. Une machine à coudre, bien conditionnée, peut coûter de 4 à 500 fr. : c’est une avance de fonds assez considérable ; mais une ouvrière qui gagnerait à peine 1 fr. par jour par les procédés ordinaires de la couture, peut gagner 4 ou 5 fr. au moyen de la machine à coudre.

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