Colza

(Agriculture). On cultive quelquefois le colza comme plante fourragère, et dans ce cas, on le sème à la volée pour en faire un fourrage épais, propre à être pâturé et qui peut même être fauché pour être consommé à l’état frais. Mais c’est surtout pour la production de l’huile que l’on extrait de sa graine, que cette plante est le plus communément cultivée. — La terre qui lui convient le mieux est une terre un peu compacte, fraîche et profonde, très perméable aux influences de l’air et de la chaleur ; du reste, le colza se plaît dans tous les terrains, pourvu qu’ils ne soient pas trop humides. On donne au sol qui doit le recevoir les mêmes préparations et les mêmes engrais que pour le chou. Il y a deux manières de cultiver le colza : on le sème à la volée, à demeure, en août et septembre, ou en pépinière, de la mi-juillet à la fin d’août, pour être mis en place de la fin de septembre à la fin d’octobre. Le premier mode de culture est le moins embarrassant, et c’est le plus pratiqué aux environs de Paris, parce que la récolte de colza, se faisant à la fin de juin, avant l’époque ordinaire de la fenaison, il laisse le sol disponible de bonne heure, pour les préparations nécessaires aux semailles de la céréale d’hiver qui doit suivre ; la fumure dont celle-ci doit profiter, a été appliquée au colza. Il vaut mieux semer trop clair que trop épais, à raison de 15 litres au plus par hectare. Avant de semer à la volée, on herse la terre en long et en travers pour bien unir la surface ; on enfouit ensuite la semence par un léger trait de herse. Si la terre est légère, il est bon de la plomber aussitôt après avec le rouleau ; mais on ne doit faire usage de cet instrument que si la surface est parfaitement sèche. Le colza semé à la volée, à moins qu’il ne suive un fourrage annuel récolté en vert, comme seigle, orge, minette, bisaille, occupe la terre pendant deux ans. Dans le Nord, pour éviter ce double loyer à la charge d’une seule récolte, on repique le colza, soit après un fourrage ou des pommes de terre hâtives, soit après une céréale. Celle-ci étant moissonnée au plus tard à la fin d’août, on déchaume (Voy. Déchaumage), puis on transporte le fumier dans la pièce, et on l’enterre par un labour d’au moins 0m,15, si l’on ne peut pas en donner un troisième ; mais de 0m,12 seulement, si on prévoit avoir le temps de donner un dernier labour de 0m,18 de profondeur. La pépinière où l’on élève le plant de colza, doit avoir en étendue environ un dixième de l’espace qu’occupera le colza transplanté. Ce plant ayant été préparé comme du plant de chou, on le lève quand tout est prêt pour procéder au repiquage, c.-à-d. quand le plant a atteint la grosseur d’un tuyau de plume : ce repiquage peut se faire au plantoir. Le colza se met en place à 0m,25 ou 0m,30 dans la ligne. On plante de cette manière deux raies de suite ; on laisse la 3e vide, et on continue par la 4e et la 5e, la 7e et la 8e, et ainsi de suite. Quelques cultivateurs plantent dans toutes les raies ; mais dans ce cas le binage du colza en lignes devient difficile ; on y supplée au mois de mars par un hersage énergique. Lorsqu’on laisse une raie vide sur trois, le binage est facile ; on y procède un mois après la plantation, par un beau temps sec, et quelquefois on donne un second binage au printemps.

Dans le Nord, on donne au colza repiqué, aussitôt que le plant a bien repris, une large fumure d’engrais liquide, composé de jus de fumier et d’urine de bétail, où l’on a délayé du tourteau de graines de colza, de navette ou de caméline, à raison de 15 à 20 kilogr. par hectolitre. La dose de cet engrais est de 150 hectol. par hectare. Les frais de cette fumure sont très élevés ; mais elle donne des produits proportionnés à la dépense.

La récolte du colza se fait à la faucille, à la fin de juin, dès que le tiers environ des siliques a blanchi et que leurs graines, quoique s’écrasant encore sous le doigt, ont pris une teinte brune. Le restant des graines est encore vert ; mais si on attendait leur maturité, on perdrait le tiers de la récolte. On forme, après que le colza est coupé, des meulons avec les javelles. Il faut donner à ces meulons environ 2 mèt. de hauteur, sur autant de diamètre à la base ; au bout d’une dizaine de jours, le grain est assez mûr pour que l’on puisse procéder au battage. Beaucoup de cultivateurs font ce battage dans le champ même, sur de grandes bâches en toile. Un moyen plus expéditif consiste à lier les javelles en gerbes, 2 ou 3 jours après que la récolte est coupée, et à les charger immédiatement sur des voitures garnies de paillassons ou de draps. Le colza entassé dans la grange s’échauffe modérément et plus uniformément qu’emmêlé dans les champs, et, en outre, il est à l’abri des pluies d’orages : 8 ou 10 jours après avoir été engrangée, la graine est assez mûre pour pouvoir être battue, soit au fléau, soit à la machine à battre. On passe ensuite la graine au tarare autant de fois qu’il est nécessaire pour la nettoyer complètement, et on la porte dans un grenier aéré, où elle est étendue en couches minces qu’il faut remuer deux fois par jour pendant la première huitaine. À mesure que la dessiccation s’avance, on donne plus d’épaisseur à la couche, que l’on ne remue plus qu’une fois par jour, puis tous les deux ou trois jours jusqu’à ce que le grain soit parfaitement sec, ce qui n’a lieu qu’au bout de 3 à 6 semaines.

On possède une variété de Colza de printemps, dont on peut faire usage pour remplacer un colza d’hiver lorsque celui-ci a péri. Hors ce cas assez rare, il n’y a aucun avantage à cultiver la variété printanière, dont le plus fort rendement ne dépasse pas 15 hectolitres, tandis que celui du colza d’hiver peut s’élever jusqu’à 45. Le rendement moyen du colza d’hiver est de 20 à 35 hectolitres. L’hectolitre rend environ 25 kilogr. d’huile.

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