Claveau ou Clavelée

Vulgairement Picotte, Rougeole, Gravelade (Art. vétér.). Cette maladie contagieuse, la plus redoutable de toutes celles qui peuvent frapper les bêtes à laine, est généralement incurable. Elle est rangée au nombre des vices rédhibitoires. Voy. ce mot.

La première précaution à prendre par les propriétaires, pour préserver leurs troupeaux de cette terrible maladie, est de n’acheter des agneaux et des moutons que dans des bergeries bien connues ; de tenir leurs bêtes dans un état constant de propreté, et de ne point les conduire sur le terrain déjà occupé par un autre troupeau. — Si, malgré ces précautions, la maladie se déclare dans un troupeau (ce qui se reconnaît aisément aux signes suivants : de petites taches rouges apparaissent aux endroits où la laine est la plus rare, et se changent bientôt en pustules semblables à celles de la petite vérole ; le nez devient morveux et galeux ; l’animal perd l’appétit, reste immobile, porte la tête basse et tousse fréquemment), il faut immédiatement séparer les bêtes infestées de celles qui ne le sont pas ; ne permettre aucune communication entre les gens qui les soignent et les autres employés de la bergerie ; donner de l’air aux étables, y faire de fréquents lavages à l’eau de chaux et des fumigations avec le chlore ; faire baigner le troupeau plusieurs jours de suite et à grande eau et diminuer sa nourriture. S’il y a peu d’individus infestés, il faut s’empresser d’en faire le sacrifice : on enterrera leurs cadavres au loin et dans une fosse creusée très profondément. Si au contraire la contagion s’est étendue sur une grande partie du troupeau, il faut le conduire au pacage. C’est au maire de la commune qu’il appartient d’assigner un endroit particulier pour le pacage, lequel doit durer environ 3 mois ; aussi tout propriétaire de bêtes à laine, dont le troupeau est atteint du claveau, est-il obligé d’en faire la déclaration au maire sous peine d’amende. — Il faut avoir la précaution de ne pas faire passer les animaux sains, par le même chemin, ni sous le vent du troupeau malade ; cela suffirait pour leur communiquer le mal.

On réussit aussi à préserver les moutons du claveau, au moyen de l’inoculation ou clavelisation ; cependant on peut attendre, pour recourir à cette mesure, que la maladie se soit manifestée dans le canton. Voici de quelle manière on pratique l’inoculation. On prend avec une lancette le liquide limpide d’un bouton claveleux lorsqu’il est blanc, et on l’introduit sous l’épiderme seulement ; on le met au plat des cuisses, chez les brebis, et à l’avant-bras chez les béliers. Au bout de quelques jours, aussitôt que l’éruption et la fièvre se déclarent, on fait boire chaque matin aux bêtes inoculées une infusion d’herbe aromatique, comme hysope, marjolaine, romarin, etc., avec moitié vin blanc, ou un huitième d’eau-de-vie. Si l’on craint que les pustules ne tournent en gangrène, on les frictionne avec un liniment volatil ; si la gangrène se déclare, on les scarifie et on les panse avec le digestif animé et des huiles volatiles. En général, on perd un dixième des moutons inoculés, tandis que par l’invasion naturelle on en sauve à peine un dixième, et encore avec des dépôts purulents, prolongés longtemps après la maladie. On fera bien de passer un séton au bas du cou, pour l’écoulement des humeurs. À moins de connaissances spéciales que possède rarement un fermier ou un berger, le traitement de la maladie doit toujours être confié aux soins du vétérinaire.

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