Chèvre

(Animaux domestiques). Les meilleures Chèvres sont celles qui ont le corps grand, la croupe large, les cuisses fournies, la démarche vive et légère, les mamelles grosses, les pis longs, le poil doux et touffu. Cet animal vif et capricieux aime à vagabonder et se révolte contre les mauvais traitements. Traitée avec douceur la Chèvre se familiarise aisément, et se montre sensible aux caresses ; elle suit docilement la femme qui en prend soin, et allaite volontiers les petits enfants auxquels on la donne pour nourrice. — Plus robuste et plus courageuse que la Brebis, elle est sujette à bien moins de maladies et s’accommode de toute espèce de nourriture. Pendant l’été, on peut la conduire paître dès le grand matin, avant même que la rosée ne soit dissipée : les collines couvertes de bruyères, de thym et de serpolet, les friches, les terres stériles sont les pacages qui lui conviennent le mieux ; il faut avoir soin de la tenir éloignée des endroits cultivés, des blés, des vignes, des vergers, des taillis et des haies, en un mot de tous les endroits où elle pourrait commettre quelques dégâts ; il faut aussi éviter de la mener dans des lieux humides, dans les prairies marécageuses ou les vallées trop fraîches ; les Chèvres aiment la chaleur et le grand air des montagnes. — C’est dans les montagnes seulement qu’on peut réunir de grands troupeaux sous la conduite d’un seul ou de deux chevriers ; partout où il faut les surveiller, le chevrier le plus intelligent n’en peut conduire qu’une cinquantaine tout au plus. Dans les cantons où chaque ménage de petits cultivateurs entretient 1 ou 2 chèvres, la manière la plus avantageuse de les nourrir, consiste à les tenir en stabulation permanente. Malgré son naturel pétulant, la Chèvre ne souffre nullement de cet état de repos ; il faut seulement avoir soin de rogner de temps à autre la corne de ses sabots qui, n’étant pas usés par le frottement, s’allongent au point qu’ils finiraient par l’empêcher de marcher. Pendant l’été, on la nourrit principalement d’herbe coupée dans les bois, les terres incultes et les vignes ; il ne lui faut pas moins de 9 à 10 kilogr. de fourrage frais par jour. En hiver, elle se contente de paille ou de foin grossier : on lui donne aussi des racines fourragères, des tourteaux mélangés avec du fourrage, des feuilles de vignes, récoltées après la vendange, et conservées dans des tonneaux où on les laisse fermenter pour en faire une sorte de choucroute légèrement salée. L’étable des chèvres doit être dans une position élevée, tenue excessivement propre et bien aérée ; une litière humide ou malpropre les rend malades ; pendant l’été on peut même supprimer toute litière.

Si l’on n’adopte pas la stabulation permanente, on laisse les chèvres au grand air, pendant toute la belle saison, attachées à un piquet avec une corde très longue, de manière qu’elles puissent courir et sauter librement, et cependant sans rien endommager. On aura soin de ne point les placer dans un endroit où l’herbe aurait été salie ou froissée par d’autre bétail, ou gâtée par les insectes ; elles sont si difficiles sous ce rapport, qu’elles préféreraient s’abstenir de nourriture plutôt que d’y toucher. Le mieux est de leur présenter la nourriture toute cueillie, et en petite quantité à la fois. Pendant les fortes chaleurs, par les temps humides, pluvieux et froids, il faut les tenir à l’étable, et les nourrir comme il a été dit ci-dessus.

La Chèvre est en état de se reproduire dès l’âge de 7 mois ; mais il faut attendre qu’elle ait au moins 18 mois, pour la présenter au bouc. C’est ordinairement de septembre en novembre qu’elle entre en chaleur ; mais l’approche seule du bouc produit cet effet en toute saison ; la durée de la gestation est de 5 mois entiers : il faut s’arranger, à moins de circonstances particulières, pour que la mise-bas coïncide avec le retour du beau temps. Quand la chèvre est près de mettre bas, et pendant l’allaitement, il faut la nourrir avec de bon foin. Elle donne généralement un seul chevreau, quelquefois deux, plus rarement trois. Le part est souvent laborieux et réclame les soins du vétérinaire : du reste on peut aider à la naissance du chevreau en faisant boire à la chèvre un peu de vin chaud sucré. Pendant 15 jours, on laisse au petit tout le lait de sa mère, après quoi il commence à brouter ; à 6 semaines ou 2 mois il peut être sevré complètement (Voy. Chevreau). La durée d’une bonne chèvre est de 10 ans au moins et de 12 ans au plus.

Maladies de la Chèvre. La chèvre est celui de tous les animaux domestiques qui est le moins sujet aux maladies. Quelquefois, lorsqu’elle a bu une trop grande quantité d’eau, ou qu’elle a bu une trop grande quantité d’eau, ou qu’elle a été trop longtemps nourrie dans des pâturages marécageux, elle devient hydropique. Il faut, dans ce cas, recourir au vétérinaire qui pratique la ponction, presque toujours avec succès ; après quoi, si l’hydropisie provient de la mauvaise qualité des pâturages, on obtient la guérison par le changement de lieu et par un bon régime alimentaire. — Quand les Chèvres sont exposées en été, dans les pâturages, à des chaleurs violentes, il arrive assez souvent que leurs mamelles se dessèchent et deviennent très douloureuses ; c’est ce qu’on appelle le mal sec. Pour guérir ce mal, on mène les chèvres brouter, avant le lever du soleil, l’herbe chargée de rosée, et on frotte leurs mamelles avec de la crème. Les chèvres sont encore sujettes à une maladie désignée sous le nom de mal de bois, et consistant en des indigestions qu’elles se donnent lorsqu’on les laisse brouter à discrétion les jeunes pousses des arbres : la diète et un peu de boisson rafraîchissante, composée de son ou de farine de seigle délayée dans de l’eau, suffisent pour dissiper le mal et les rétablir. Enfin, à la suite d’un part laborieux, la vulve est assez souvent enflée et douloureuse ; il faut, dans ce cas, tenir la chèvre chaudement, et pratiquer sur la partie malade des lotions avec une décoction tiède de feuilles de mauves ou de racines de guimauve.

Deux espèces de Chèvres se recommandent aux soins des agronomes pour la qualité de leur pelage : c’est la Chèvre du Thibet, depuis longtemps déjà introduite et acclimatée en France, et la Chèvre d’Angora, dont l’acclimatation fait tous les jours de rapides progrès. — La Société zoologique d’acclimatation (Voy. ce mot) recommande aussi les excellentes Chèvres laitières d’Égypte, introduites récemment en France par M. Delaporte. En s’adressant aux bureaux de la Société, à Paris, on peut se procurer soit des instructions pour l’élevage de ces animaux, soit des individus que la Société confie aux propriétaires qui en témoignent le désir.

Chèvre (Législation). Quand un créancier fait pratiquer une saisie sur son débiteur, il doit laisser à celui-ci une vache, ou trois brebis, ou deux chèvres, à son choix, avec les pailles, fourrages et grains nécessaires à la litière et à la nourriture de ces animaux pendant un mois ; il n’y a d’exception qu’en faveur de quelques créances particulières, p. ex. celle des aliments fournis à la partie saisie, celle des sommes prêtées pour acheter les chèvres, etc. Quand l’administration des contributions fait saisir un contribuable en retard, elle doit lui laisser une vache à lait ou une chèvre, à son choix (C. de proc. civ., art. 572-593). — Les propriétaires de chèvres doivent observer ou veiller à ce que leurs préposés, dont ils sont responsables, observent les précautions prescrites à leur égard par les lois. Le propriétaire d’une chèvre, ou l’individu qui s’en sert momentanément, est tenu de payer une amende de la valeur de trois journées de travail, pour toute chèvre trouvée sur l’héritage d’autrui, contre le gré du propriétaire de cet héritage, dans les lieux qui ne sont sujets ni au parcours ni à la vaine pâture. Si le propriétaire consent, ou ne se plaint pas, il n’y a pas de peine à encourir. Dans les pays de parcours ou de vaine pâture, où les chèvres ne sont pas rassemblées en troupeau, on ne peut les mener aux champs qu’attachées, sous peine d’une amende d’une journée de travail par chaque tête d’animal, et sans que l’amende puisse jamais être moindre de 3 journées de travail. En quelque circonstance que ce soit, si les chèvres ont causé du dommage aux arbres fruitiers ou autres, aux haies, vignes, jardins, appartenant à autrui, l’amende est double du dommage. Dans ces cas, comme dans tous ceux où les chèvres ont commis du dégât sur une propriété d’une nature quelconque, comme prairie, pâture, bruyères, etc., il est dû, en outre, une indemnité pour le préjudice causé. Si un arrêté municipal a prescrit des mesures relatives au mode de passage et de conduite des chèvres dans l’intérieur d’une commune, les contrevenants à cet arrêté sont punis d’une amende de 1 à 5 fr., avec emprisonnement en cas de récidive (C. Nap., art. 1385 ; C. pén., art. 471 et 474) (Voy. aussi Bestiaux). — Le propriétaire d’une chèvre trouvée en délit dans un bois de 10 ans et au-dessus, est puni d’une amende de 4 fr., doublée si le bois a moins de 10 ans. Les propriétaires, usagers dans les forêts de l’État, ne peuvent y conduire des chèvres, non plus que dans les terrains qui en dépendent, sous peine de 8 fr. d’amende ; l’amende est de 15 fr. pour les pâtres ou bergers, passibles, en outre, d’un emprisonnement de 5 à 15 jours en cas de récidive. On ne peut invoquer aucun titre ni aucune possession contre cette prohibition, qui existe aussi quant à l’introduction des chèvres, par des habitants d’une commune, dans les bois communaux (Code forest., art. 78 et 199).

Laisser un commentaire