Cautère

(Méd. domestiq.). Il se place ordinairement au bras, à la jambe, à l’intérieur de la cuisse. Pour le former, on peut employer deux moyens : 1° appliquer d’abord un vésicatoire et le transformer en cautère ; 2° produire directement le cautère en appliquant sur la peau un petit morceau de potasse à l’alcool ou de caustique de Vienne. Le premier moyen est moins douloureux ; le second est plus prompt et plus sûr, et voici, dans ce dernier cas, comment on procède. On place sur le point voulu un carré de sparadrap diachylon de 0m05 de côté, et percé dans son milieu d’un trou rond de 0m01 à 0m02 de diamètre. C’est dans l’étendue de ce trou qu’on couvre la peau d’une couche de potasse à l’alcool ou de caustique de Vienne ; puis on place par-dessus un autre carré de sparadrap que l’on fixe de manière à empêcher la substance caustique de couler. L’escarre est formée au bout de 3 ou 4 heures avec la potasse, et en 20 minutes avec le caustique de Vienne : ce dernier caustique, plus facile à manier que la potasse, lui est généralement préféré.

Un cautère doit être entretenu avec beaucoup de soin ; s’il devient inerte, il ne produit pas l’effet médical désiré ; s’il est surexcité, il cause au malade des douleurs inutiles. Pour empêcher le cautère de se fermer, on y introduit un pois fabriqué soit avec la racine d’Iris de Florence, soit avec de petites oranges avortées, desséchées et travaillées au tour, ou plus simplement encore une petite boule de cire blanche ou un pois d’ivoire. Il faut avoir soin de passer un fil à travers le pois afin de le retirer plus facilement toutes les fois que le cautère doit être pansé. Lorsqu’on veut raviver un cautère trop peu actif, on emploie des pois de garou, doués de propriétés excitantes, et dans le cas contraire, des pois à la guimauve, qui ramènent l’excitation au degré désiré. Chaque fois qu’on change le pois, il faut, sans faire souffrir le malade, presser délicatement en appuyant sur le pois, afin que sa partie inférieure soit bien en contact avec le fond de la plaie. Une feuille de lierre, ou bien un morceau de sparadrap sur papier, dit papier à cautère, maintient le pois à sa place en même temps qu’il aide à son effet utile. Une compresse est posée sur le tout et fixée par une bande de toile, ou par un bandage à cordons, recouvert de taffetas gommé. La plupart des personnes assujetties à la nécessité de porter un cautère au bras apprennent à se panser elles-mêmes, et, pour que le pansement soit plus facile, il convient d’établir cet exutoire au bras gauche, qui est aussi celui qui exerce le moins de mouvement.

La suppression d’un cautère est toujours une chose grave, à laquelle les personnes âgées surtout ne doivent pas se résoudre sans avoir pris l’avis du médecin ; la paralysie et l’apoplexie sont trop souvent les conséquences funestes de la suppression imprudente d’un cautère. En général, si la maladie pour laquelle on a eu recours à l’établissement d’un cautère a complètement cessé, et que l’ulcère soit passé à un état indolent, la suppression n’offre pas de danger ; elle en offre beaucoup, au contraire, lorsqu’après la guérison le cautère reste rouge et enflammé. Dans tous les cas, il ne faut le fermer que graduellement, et se résoudre à le supporter dès qu’on s’aperçoit que la diminution de son activité donne lieu à un dérangement de santé quelconque. — Les cautères sont bien préférables aux vésicatoires et aux sétons, autant par l’effet qu’on en obtient que par leur pansement beaucoup plus simple et plus facile.

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