Crible

(Agriculture). Les cribles les plus ordinaires ont la forme d’un tamis en peau d’âne percé de trous de divers calibres. Les grains battus sont passés d’abord au gros crible ou passe-tout, qui retient seulement les pierres et les corps étrangers ; ils sont ensuite passés à l’émondeur, crible fin qui laisse passer les grains brisés et les graines de mauvaise herbe, toujours mêlées aux céréales. On accorde généralement la préférence aux cribles en tôle percée ou en toile métallique à mailles plus ou moins serrées. Le prix de ces cribles varie de 5 à 10 fr., selon leurs dimensions ; les plus petits, à l’usage de la petite culture, ne coûtent que de 4 à 6 fr.

Dans les exploitations considérables, les cribles à vent ou bluteaux sont remplacés par le tarare (Voy. ce mot) ou par des instruments perfectionnés tels que le crible allemand, le crible cylindre et le crible trieur. — Le crible allemand est un plan incliné, formé d’un châssis en bois sur lequel des fils de fer sont disposés en travers. Ce châssis, long de 2m environ sur 0m,70 de largeur, est soutenu à sa partie postérieure par deux pieds en bois, et surmonté d’une trémie dans laquelle on verse le grain lorsqu’on ouvre une glissière, placée au fond de la trémie, le grain s’écoule en nappe sur le plan incliné. La disposition en travers des fils de fer force le grain à opérer sa descente en sautillant ; la poussière s’en détache et tombe sous la grille tandis que le grain roule jusqu’en bas avec les pierrailles et les corps étrangers qui n’ont pas pu passer à travers la grille. Ce crible, qu’on peut se procurer partout, coûte de 40 à 50 fr. Un autre genre de crible plus perfectionné et formé de deux plans inclinés superposés, sert à la fois à opérer l’épuration des orges et des avoines et à remplacer le pelletage des blés, opération toujours longue et dispendieuse. Les fils de fer y sont placés en long dans le sens de la pente, et assez distancés pour laisser passer le grain. Cette première grille retient seulement les corps étrangers qui sont reçus, en descendant, dans une boîte à pierres. Le grain, après avoir traversé cette grille en rencontre une seconde, où il est débarrassé dans sa course, de la poussière, des grenailles, des grains avortés, et même des charançons et des alucites (Voy. ces mots), en sorte qu’il arrive en bas du tablier parfaitement épuré et rafraîchi. La poussière, recueillie dans un récipient, ne laisse de trace nulle part. Ce crible, avec 5 châssis de rechange pour cribler le blé, l’orge, le seigle, l’avoine et les fèves, coûte de 94 à 175 fr. — Les cribles-trieurs ont sur les précédents l’avantage de débarrasser le froment de toute espèce de graines étrangères et de le rendre propre, soit à passer au moulin dans un état de pureté parfait, soit surtout à être employé comme semence. — Le cylindre-crible Pernollet, en forte tôle étamée, est divisé en quatre compartiments correspondant à autant de corbeilles placées au-dessous de son bâti. Le grain, versé dans la trémie, arrive dans le 1er compartiment où le mouvement de rotation imprimé au cylindre le débarrasse de la poussière, de l’ivraie, des petites graines et des grains de blé avortés. Tous ces poussiers s’échappent par une multitude de petits trous longs et ronds combinés ensemble. Ceux du 2e compartiment, tous ronds et d’un diamètre supérieur, laissent échapper toutes les nielles et graines rondes comme vesces et pèserons, ainsi que le petit blé retrait, échaudé, impropre à la mouture. Ce sont les criblures proprement dites (Voy. ce mot). Le 3e compartiment donne passage aux grosses graines rondes, telles que les pois trop gros pour s’échapper par les trous du second, ainsi qu’au blé de seconde qualité. Le blé de tête arrivé au 4e compartiment, y retrouve des ouvertures en long, mais d’un diamètre bien plus grand que celle du premier. Il passe entièrement à travers et il ne reste dans le cylindre que les pierrailles qui sont précipitées dans une 5e corbeille placée en avant du bâti pour les recevoir. Il est impossible de trouver une seule semence étrangère dans ce blé de tête qui peut toujours être vendu sur le marché, de 1 à 3 fr. par hectolitre de plus que les autres à l’époque des semences. Le crible Pernollet, tout en tôle et fer, coûte 110 fr., et peut trier, à l’aide d’une femme et même d’un enfant, 40 hectol. de blé, de seigle ou d’orge par jour. — Le cylindre trieur Vachon fait un travail aussi parfait que le crible Pernollet, mais l’appareil au moyen duquel on obtient 40 hectol. par jour vaut 425 fr., tandis que le plus petit modèle, qui coûte encore 125 fr., ne nettoie que 10 hectol. Il est vrai que le trieur Vachon fait moins de déchets que le crible Pernollet et qu’il ne donne pas lieu à des repasses comme ce dernier.

On ne saurait apporter trop d’attention au criblage des grains, surtout de ceux qu’on destine à servir de semence ; les cultivateurs qui négligent cette partie essentielle de leur besogne, salissent eux-mêmes leur terre, en répandant avec le grain des semailles une plus ou moins grande quantité de mauvaises graines.

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