Fleurs

(Horticulture). Depuis les fleurs des champs jusqu’aux plantes les plus rares cultivées dans les serres d’Europe, il y a des fleurs pour tout le monde. Les fleurs sont une de ces choses superflues dont personne ne devrait être obligé de se passer. À Paris et dans les grandes villes, le commerce des fleurs coupées pour parures et bouquets de bal donne lieu à des transactions considérables. À mesure que le goût de l’horticulture s’est propagé, on est revenu aux usages de l’antiquité, qui regardait les fleurs comme l’indispensable ornement des repas ; quelques vases ornés des plus belles fleurs de chaque saison sont admis aujourd’hui sur toutes les tables bien servies. On voit aussi partout, comme complément d’ameublement chez les personnes aisées, d’élégants vases de terre cuite qui se suspendent comme des lustres et dans lesquels vivent des plantes d’ornement, les unes à tiges droites, tels que des Agavés, des Larochea, divers Sédums ; les autres, retombantes comme la Saxifrage de la Chine. Les fleurs contenues dans ces vases contribuent à égayer l’aspect intérieur des lieux habités ; afin d’en profiter la nuit aussi bien que le jour, on a introduit depuis peu l’usage de vases suspendus, dont la circonférence porte des godets destinés à recevoir des bougies. Les fleurs les plus agréables et les plus inoffensives pour l’ornement des appartements sont celles qui, comme le Camellia, les Cactées, les Sedums, les Crassulacées, et la plupart des plantes grasses, ont des formes gracieuses, un coloris brillant, et pas d’odeur. Au contraire, les fleurs très odorantes, notamment la Rose, le Jasmin, l’Œillet, la Giroflée, et surtout le Lis, la Tubéreuse et les fleurs d’Oranger, lorsqu’on en place de gros bouquets dans des vases pour orner une console ou une cheminée, peuvent causer aux personnes délicates de violents maux de tête et des accidents nerveux. On peut les supporter sans grand inconvénient pendant le jour, dans un appartement spacieux, parce que les allées et venues inévitables rendent facile et fréquent le renouvellement de l’air : mais, ces bouquets parfumés n’y doivent pas séjourner pendant la nuit : il y a des exemples d’axphyxie produite par cette seule cause. Il y aurait même de la prudence à ne point garder la nuit, dans une chambre à coucher, des fleurs inodores : on peut les mettre sur l’appui extérieur de la fenêtre, ou dans une chambre où personne ne couche. — À la campagne, les fleurs sauvages ou cultivées doivent être prodiguées en bouquets et en guirlandes pour la Fête Dieu : cette fête est véritablement la fête des fleurs. Une toute petite fleur, l’Immortelle jaune, dont on tresse les couronnes pour les tombeaux, donne lieu à des affaires commerciales très étendues. Les fleurs de plusieurs plantes sauvages ou cultivées sont d’un usage fréquent dans la médecine familière. Lorsqu’on habite la campagne, il est facile et très utile de s’approvisionner chaque année de fleurs pectorales, dont les plus usitées sont le Bouillon blanc, le Coquelicot, le Tussilage ou Pied de chat, la Mauve et la Violette. — Voy. Parterre, Jardinière, Serre.

Fleur d’Agrippine. Voy. Colchique.

Fleur de Pâques. Voy. Paquerette.

Fleur de la Passion. Voy. Passiflore.

Fleur de veuve. Voy. Scabieuse.

Conservation des fleurs. — La plupart des fleurs qu’on dépose dans des vases remplis d’eau se flétrissent au bout de deux ou trois jours et même plus vite. On peut les conserver plus longtemps en employant le procédé suivant. Dès qu’elles commencent à se faner, on les met dans de l’eau très chaude, presque bouillante, en les disposant de manière qu’un tiers de la tige soit plongé dans cette eau : à mesure que l’eau se refroidit, les fleurs se redressent et recouvrent leur fraîcheur. On peut alors les remettre dans de l’eau froide, mais il faut préalablement couper la partie de la tige qui a été plongée dans l’eau chaude. Ce procédé ne réussit que pour les plantes à hampe succulente et charnue, les jacinthes et les narcisses, p. ex. ; appliqué aux fleurs d’arbustes ligneux ou semi-ligueux, il ne donne aucun résultat. — On fait assez souvent usage en Belgique d’élégants petits flacons munis d’un anneau à crochet pour les fixer à la ceinture ou au corsage des robes des dames ; ces flacons renferment assez d’eau pour que les tiges des fleurs d’un bouquet de bal y puisent de quoi y maintenir leur fraîcheur jusqu’à la fin de la soirée.

Voici un des procédés qu’on peut employer pour conserver pendant assez longtemps aux fleurs récoltées leurs formes et leurs couleurs. On lave une certaine quantité de sablon fin, de manière à en séparer toutes les matières étrangères, et, après qu’on l’a fait sécher, on le passe à travers un tamis. On met au fond d’un vase de terre, de forme convenable, une couche de sable ; on y étend la fleur avec ses feuilles et une grande partie de sa tige, et l’on y verse du sable peu à peu, en ayant le soin d’étendre à mesure les diverses parties de la fleur, de façon qu’elles ne soient ni gênées ni froissées : on continue à verser du sable jusqu’à ce que la fleur en soit couverte d’une couche de 0m,02 ou 0m,03. Alors on porte le vase dans une étuve chauffée à 45° environ, et on l’y laisse pendant un jour ou deux, plus ou moins, suivant que la plante est plus ou moins épaisse. Si l’on ne dispose pas d’une étuve, on peut exposer le vase à la chaleur du soleil pendant 7 ou 8 jours. Dans tous les cas, dès que la dessiccation est opérée, on fait écouler doucement le sable en inclinant le vase, et l’on retire la fleur avec précaution.

Le procédé suivant est encore meilleur, mais un peu plus difficile et plus dispendieux. On se procure du grès, réduit en poudre très fine, et on le met sur le feu dans une bassine : après l’avoir fait fortement chauffer en le remuant toujours, on y ajoute 10 gr. d’acide stéarique et 10 gr. de blanc de baleine pour 10 ou 12 kilogr. de sable. On brasse alors fortement le mélange, puis on le retire du feu, et, quand il est refroidi, on le froisse entre les mains de manière que tous les grains de sable soient également graissés. On met une couche de ce sable dans une caisse dont le fond est à coulisse et sur lequel est disposé un grillage en fer à larges mailles. C’est sur cette couche de sable qu’on arrange les fleurs en les étendant et les moulant avec soin dans du sable qu’on verse peu à peu, mais en suffisante quantité pour qu’elles en soient bien couvertes. On place ensuite la caisse dans un four ou une étuve chauffée à 40 ou 45° ; et 24 heures suffisent pour opérer la dessiccation complète. Alors on fait glisser le fond de la caisse dans sa coulisse, le sable tombe à travers le grillage sur lequel restent seules les fleurs dans la position où on les avait placées. Il suffit de les épousseter légèrement ou de frapper quelques petits coups sur la tige pour faire tomber le sable qui peut y être resté attaché. On n’applique guère ce procédé qu’aux fleurs à la conservation desquelles se rattache un souvenir précieux ; il est trop minutieux pour être d’un usage habituel. Voy. Herbier.

Fleurs artificielles. Les fleurs artificielles en papier s’exécutent plus facilement que les fleurs en batiste et exigent moins de frais. Les deux outils nécessaires pour confectionner ces fleurs sont : 1° une pince de 0m,08 à 0m,12 de longueur pour prendre chaque pétale, le contourner et lui donner la forme convenable selon la fleur que l’on veut reproduire ; 2° une tige en fer appelée outil-boule, terminée à l’une de ses extrémités par une boule en fer poli dont le diamètre peut varier de 0m,01 à 0m,025 : elle sert à arrondir, à estamper, à gaufrer les pétales. À défaut de cet outil, on peut faire usage d’un dé à coudre, ou du bout d’un étui. Outre ces deux instruments, les principales fournitures qu’il faut se procurer et qu’on trouve toutes préparées chez les marchands, comprennent : 1° du papier de diverses couleurs et du papier de riz ; 2° du fil de fer ou de laiton, très fin et de différentes grosseurs, recuit au feu, afin qu’il soit plus souple et moins cassant ; 3° des feuilles, étamines, pistils, cœurs, calices, boutons, et en général toutes les parties accessoires dont se composent les fleurs que l’on veut exécuter. Enfin on doit se munir d’un pinceau et d’un petit pot contenant de la gomme arabique délayée dans de l’eau.

Quand on a découpé les divers patrons nécessaires pour la fleur qu’on veut exécuter, on gaufre chaque pétale pour lui donner la forme convenable, soit en le roulant entre les doigts, soit à l’aide de la pince ou de l’outil-boule. Après avoir attaché le cœur de la fleur au bout d’un fil de fer, on assemble les pétales qui forment la corolle de la fleur, et on les fixe sur le fil de fer, au-dessous du cœur, au moyen d’un peu d’eau de gomme. On recouvre ensuite le fil de fer avec du papier de couleur assorti à la tige naturelle de la fleur qu’on imite ; ce papier est coupé en petites bandes larges de 0m,006 à 0m,008 ; on le roule en spirale autour du fil de fer auquel on fixe, de distance en distance, d’autres petits fils de fer destinés à former les petites tiges et auxquels on attache les boutons et les feuilles après qu’on les a préalablement garnis de bandes de papier vert. Pour que cet ensemble soit solidement établi, on fixe avec de la soie les petites tiges sur la tige principale. Le meilleur moyen de placer convenablement le papier en spirale autour du fil de fer, c’est de tourner ce dernier entre le pouce et l’index de la main gauche, tandis que de la main droite on applique, en la dirigeant, la bande de papier dont on aura soin d’humecter l’extrémité avec un peu de gomme. À la jonction des petites tiges avec la tige principale, on tourne deux ou trois fois la bande de papier autour des premières, on passe ensuite deux ou trois tours sur les deux tiges réunies, puis on reprend la direction en spirale qu’on a dû abandonner un moment pour cette opération. Si la tige principale doit être un peu forte, on roule bien également autour, et avant l’application de la bande de papier, une légère couche de coton cardé.

Les boutons, les feuilles, les cœurs et les autres parties accessoires de la fleur sont généralement vendus tout disposés et montés sur une tige mince. Mais on peut facilement les assembler soi-même, en procédant de la manière suivante : on passe un petit fil de fer au tiers de la longueur des boutons, feuilles, cœurs, etc., et on le reploie pour le rejoindre à la base : à partir de cette base, on tord légèrement les deux bouts du fil de fer de telle sorte qu’ils ne forment plus qu’un seul fil, puis on le recouvre de papier vert. Il faut avoir soin que ces fils de fer soient d’une longueur proportionnée à la fleur qu’on exécute, de manière qu’il en reste assez pour qu’on puisse les fixer sur la tige principale.

Les marchands chez lesquels on achète les outils et les fournitures nécessaires à la confection des fleurs artificielles vendent aussi des livrets renfermant les dessins des fleurs qu’on peut imiter et les patrons sur lesquels se taillent les pétales et d’autres parties de la fleur. Mais , pour reproduire avec succès un grand nombre de fleurs sur ces patrons, on prend du papier ordinaire bien transparent, on décalque sur ce papier les patrons dont on a besoin, puis on découpe le dessin sur de la carte : on obtient ainsi des patrons solides à l’aide desquels on peut tamer les pétales sans craindre de les altérer.

Quand on dispose les fleurs artificielles pour en former un bouquet, on doit placer au milieu du bouquet les plus grosses fleurs, telles que les pavots, les pivoines, les dahlias, les roses-trémières, etc., puis autour et plus bas les fleurs plus petites, plus légères, comme, par exemple, les volubilis, les pensées, les bleuets, etc., puis enfin le feuillage, pour dernier ornement. À défaut de feuilles, on entoure le bouquet avec des brins de mousse qu’il faut choisir bien verte et bien propre. — Quand on veut mettre en réserve une provision de mousse dont on fera usage pendant la mauvaise saison, on peut la conserver en bon état et d’une belle teinte verte par le procédé suivant. Après l’avoir soigneusement nettoyée, on la plonge dans une eau d’indigo très foncée, puis on la fait sécher à l’ombre sur des feuilles de papier, en ayant soin de la retourner de temps à autre, et, quand elle est sèche, on la conserve à l’abri de la poussière et de l’humidité. Quelquefois, dans l’arrangement des corbeilles ou des jardinières, on mélange avec la mousse verte des touffes de mousse d’un rouge foncé. Pour obtenir cette dernière couleur, on fait bouillir 100 gr. de bois de campèche dans un litre d’eau, et, après avoir tiré à clair cette décoction, on y plonge la mousse et on la fait sécher comme ci-dessus.

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