Fouine

(Animaux nuisibles, Chasse). — La fouine a le poil d’une couleur bistre plus ou moins foncée ; sa poitrine présente un plastron blanc, ce qui la distingue de la martre chez qui cette partie du corps est jaunâtre ; elle habite pendant la belle saison les cantons boisés, surtout ceux où l’on est dans l’habitude d’étêter les arbres, parce que le cœur de ces arbres tombant en pourriture laisse des cavités où elle aime à se retirer. Sa trace conserve beaucoup de sentiment ; aussi les chiens ne l’ont pas plus plutôt rencontrée qu’ils se mettent à la suivre. Dès qu’elle se voit poursuivie, la fouine se coule sous les ronciers les plus épais, dans l’espoir de se débarrasser de la meute ; elle ne prend jamais de grand parti, elle tourne presque constamment dans les mêmes endroits, et, lorsqu’elle voit que tous ces moyens ne lui suffisent pas, elle s’élance presque d’un seul bond sur l’enfourchement d’un arbre et laisse passer ses ennemis. Cette chasse est de nature à gâter les meilleurs chiens ; aussi faut-il, toutes les fois qu’on aperçoit la fouine, lui envoyer un coup de fusil. Si les chiens en la poursuivant sont tombés en défaut, il ne faut pas négliger d’examiner les arbres voisins, et si, ce qui arrive quelquefois, on aperçoit l’animal posté sur quelque branche, c’est encore le cas de lui envoyer du plomb. — Lorsque l’hiver arrive, la fouine se retire dans les habitations rurales ; elle choisit de préférence les vieilles masures, les fenils, les granges couvertes de chaume. On peut lui faire alors une chasse assez amusante : les gens qui se livrent à la destruction de ces animaux, dans le but de s’emparer de leur peau, sont ordinairement accompagnés de 4 ou 5 chiens de très petite espèce qu’ils ont dressés à monter à l’échelle et à courir dans les charpentes. Lorsqu’en faisant le tour de l’habitation, ils ont reconnu les passées de la fouine et qu’ils se sont assuré de l’endroit par lequel elle devra fuir, ils dressent une échelle de manière que les chiens puissent gagner les parties les plus élevées de la grange, car il est bon de commencer l’attaque par le haut du bâtiment. On force ainsi la fouine à descendre, et on la prive de ses meilleures refuites. Les chiens poursuivent leur ennemi dans toutes les coulées qu’il a pratiquées au milieu des tas de foin ou des gerbes de blé. Ils finissent toujours par contraindre la fouine à sortir de la grange ou bien à se découvrir ; alors on lui envoie un coup de fusil. On doit apporter beaucoup de prudence en tirant, de peur de communiquer le feu aux matières combustibles dont les granges sont toujours remplies à cette époque. On fait bien, dans ce cas, de se servir de bourres métalliques. Si la fouine se sauve sur les toits, il est nécessaire de mettre, en tirant, la plus grande circonspection. Lorsque la couverture est en chaume, des grains de plomb peuvent la traverser et aller blesser les chiens qui suivent toujours la fouine de très près : le danger serait le même si la toiture était en tuiles, car une partie des grains passerait entre les interstices et irait ricocher de la manière la plus imprévue. Cette chasse se pratique jusqu’au mois de mars seulement : alors, la fouine commence à muer, sa peau n’a plus de valeur, et c’est d’ailleurs le moment où elle regagne les bois.

Dans les fermes voisines des montagnes, la fouine est l’ennemi le plus redoutable du poulailler ; la faculté qu’elle possède de s’allonger et de s’aplatir, ce qui lui permet de passer par de très petites ouvertures, la rend encore plus dangereuse que le renard. Elle exerce surtout ses déprédations sur les œufs, les poulets et toute espèce de jeunes volailles. Divers pièges, auxquels on met un œuf pour appât, sont en usage pour prendre les fouines (Voy. Pièges). Lorsqu’on a remarqué les passages qu’elles suivent habituellement, on y sème des boulettes faites avec du levain de pâte et du sel ammoniac dont l’odeur les attire et qui est pour elles un poison violent.

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