Ferrure, Ferrage

(Art vétérinaire). La ferrure a pour objet de protéger le pied de l’animal, d’empêcher l’usure et la détérioration de la corne du sabot et de prévenir ainsi les maladies qui en seraient la conséquence ; de remédier aux défectuosités naturelles ou acquises, de corriger les défauts d’aplomb ; enfin, de guérir certaines maladies qui sont incurables sans ferrure.

Comme moyen de conservation, il faut que le fer prenne la forme et suive le contour du pied ; cependant la plupart des maréchaux ferrants taillent le sabot d’après le fer au lieu de forger le fer pour le sabot. Cette pratique condamnable, comme celle qui consiste à tailler la fourchette, à couper les arcs-boutants, à râper les sabots, amène fréquemment des accidents. Le fer doit avoir la forme de la face inférieure du sabot, de manière que le pied garni de son fer soit encore dans son appui naturel en posant sur le sol.

Dans les pieds antérieurs, on conserve aux talons leur faculté de dilatation malgré la ferrure, en éloignant des talons les étampures et les clous, et en les rapprochant de la pince. Il importe d’autant plus de placer les clous vers la pince, qu’à cette partie la muraille est plus épaisse et plus solide que vers les talons. — Dans les pieds postérieurs, au contraire, toute la solidité de la muraille existe vers les talons : on implantera donc les clous beaucoup plus près des talons, sans nuire cependant à leurs mouvements de dilatation, mouvements qui, du reste, sont bien moins prononcés que ceux des pieds antérieurs. La face supérieure du fer présentera dans sa moitié interne une dépression qui permette à la sole de s’abaisser sous le poids du corps sans qu’elle vienne en contact avec le fer. L’appui de la sole sur le fer cause des bleimes qui font boiter le cheval.

Pour que le pied du cheval soit convenablement paré, on lui conservera sa forme naturelle, et on ne retranchera du sabot que l’excédant de la corne pouvant nuire à la justesse et à l’aplomb, en ménageant à la sole assez d’épaisseur pour défendre les parties qu’elle protège. Quant à la fourchette, il est indispensable de lui conserver le plus de volume possible, contrairement à ce que font les maréchaux ferrants qui en retranchent la plus grande partie ; cette pratique, jointe à la résection des arcs-boutants, amène très fréquemment le resserrement des talons (Voy. Encastelure). Il faut se garder de râper les sabots pour faire, comme on dit, de jolis pieds : on enlève ainsi la pellicule protectrice qui recouvre la muraille. De là proviennent les seimes, la sécheresse de la corne, son défaut de résistance et de reproduction. Les étampures trop rapprochées des talons dans les pieds antérieurs, l’emploi de clous trop gros et trop serrés qui déchirent les fibres de la corne au lieu de les écarter et qui compriment trop fortement le sabot, s’opposent à la dilatation naturelle du pied, et amènent des difformités, en déterminant chez l’animal tous les inconvénients que l’homme éprouve de l’usage d’une chaussure trop étroite. L’application du fer chaud sur le sabot pour faire le pied au fer, au lieu de rogner l’ongle et d’y ajuster le fer, a pour effet, si elle est souvent renouvelée, de dessécher la corne, de la crevasser en la rendant cassante, de prédisposer à l’atrophie des sabots. Souvent même cette imprudence détermine la brûlure de la sole, et l’animal ne peut plus marcher.

Au contraire, une ferrure convenablement employée pendant un certain laps de temps modifie les défauts du pied et finit presque toujours par guérir les difformités congénitales ou acquises. Voy. Pied du cheval.

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