Ferme

(Économie rurale). La ferme est l’ensemble des bâtiments qui constituent le centre d’une exploitation. Tout le personnel et tous les bestiaux y sont logés ; les instruments aratoires et les produits du sol y sont renfermés ; les travaux intérieurs relatifs à l’exploitation y sont exécutés ; elle doit avoir, par conséquent, selon son importance, un local affecté à chacune de ces destinations. Il n’est pas toujours possible de choisir pour la ferme l’emplacement le plus convenable ; quand elle doit être construite ou reconstruite à neuf, et que les difficultés des communications ne s’y opposent pas, elle doit occuper le centre des terres qui en dépendent ; si ces terres sont en pente assez rapide, l’emplacement sera choisi sur le point le plus aisément accessible, afin de diminuer la difficulté et les frais des transports. Dans la partie consacrée à l’habitation, la pièce la plus importante, celle où l’on se tient le plus souvent, est la cuisine, qui sert en même temps de salle à manger. La cheminée de la cuisine, la seule où l’on fasse nécessairement du feu en toute saison, communique une bonne température à la chambre à coucher et en éloigne l’humidité, lorsque cette chambre n’est séparée de la cuisine que par un mur de séparation, dans lequel est pratiquée la cheminée. Cette excellente disposition, usitée dans toutes les fermes de la Grande-Bretagne, mérite d’être adoptée partout. Il est indispensable que les chambres habitées du rez-de-chaussée soient élevées de 0m,30 au moins au-dessus du sol de la cour, et que la cuisine soit carrelée. Si les chambres où l’on couche peuvent être planchéiées, elles ne seront que plus saines, et il sera plus facile d’en éloigner la poussière en été, l’humidité en hiver. Quant au logement des serviteurs à gages, le berger couche dans la bergerie, le vacher ou le bouvier dans l’étable, les valets de charrue et les charretiers dans l’écurie, ou mieux dans un réduit attenant au local habité par les animaux (Voy. Étable). Les servantes et les filles de basse-cour ont ordinairement leurs lits dans le bâtiment qui sert à la fois de fournil et de buanderie, et qui, pour éloigner les chances d’incendie, doit être isolé des autres constructions. — Les principales divisions de la ferme, après les bâtiments d’habitation, sont la bergerie, l’écurie, l’étable, la porcherie, la grange, le cellier, le poulailler et le fournil (Voy. ces mots). Dans les fermes importantes, il y a, de plus, un vaste hangar sous lequel sont remisés les instruments aratoires, les instruments de transport et les harnais des attelages. Les greniers occupent toute la partie supérieure des bâtiments habités qui n’ont le plus souvent qu’un étage, ou même un simple rez-de-chaussée. — Dans les parties de la France où l’agriculture n’est pas assez avancée pour que chaque ferme ait sa citerne destinée à recevoir l’engrais liquide, la fosse au fumier, toujours à demi remplie de purin, exhale une odeur aussi désagréable que malsaine ; elle doit être suffisamment éloignée des chambres habitées. La plus grande propreté doit régner dans toutes les parties de la ferme, sans exception ; tout doit s’y faire avec une régularité ponctuelle ; c’est la partie la plus importante des attributions de la fermière.

Fermes écoles. Elles ont pour objet de former d’habiles cultivateurs, capables de cultiver avec intelligence soit leur propriété, soit la propriété d’autrui, comme fermiers, métayers, régisseurs, ou de devenir de bons aides ruraux, valets de ferme, chefs de main-d’œuvre ou d’attelage. L’instruction y est essentiellement pratique. — En 1857, on en comptait 52 réparties dans 50 départements ; aujourd’hui (1876) on n’en compte plus que 43. — Voy. Supplément.

Le personnel enseignant se compose : 1° d’un directeur chargé de diriger l’exploitation et l’école, de surveiller toutes les parties de l’enseignement et d’expliquer aux élèves la pratique et l’administration rurales : ce directeur est nommé par le ministre et choisi en général parmi les agriculteurs, propriétaires ou fermiers, dont l’exploitation est conduite avec le plus d’intelligence (quand un propriétaire désire qu’une ferme-école soit établie sur son domaine, c’est au conseil général du département qu’il doit adresser sa demande) ; 2° d’un chef de pratique ; 3° d’un surveillant comptable ; 4° d’un jardinier pépiniériste ; 5° d’un vétérinaire ; 6° suivant les localités, de certains chefs spéciaux, tels que bergers, fromagers, irrigateurs, magnaniers, etc. — Tous ces employés sont nommés par le directeur et habitent la ferme, à l’exception du vétérinaire. Ils reçoivent de l’État un modique traitement sur les fonds d’encouragement consacrés à l’agriculture.

Les fermes-écoles sont particulièrement ouvertes aux fils de cultivateurs et d’ouvriers agricoles. Pour y être admis, il faut être âgé de 16 ans (quelques fermes admettent des enfants de 12 à 14 ans), et avoir subi convenablement un examen portant sur les matières de l’instruction primaire. Les pièces à produire sont, outre l’acte de naissance et la demande d’admission à l’examen, un certificat de médecin constatant que le postulant a été vacciné, et que sa constitution ne le rend pas impropre à l’agriculture.

Le nombre des élèves-apprentis est ordinairement de 24 à 32. Ils prennent part à tous les travaux de l’exploitation ; seulement 3 d’entre eux peuvent être exclusivement attachés aux jardins et pépinières, afin de s’instruire comme jardiniers. Ils doivent suffire aux travaux de l’exploitation, de telle sorte qu’ils y soient les seuls ouvriers résidants. C’est en considération de leur travail qu’ils reçoivent gratuitement l’instruction, la nourriture et l’entretien. — La durée de l’apprentissage est ordinairement de 3 ans. Au bout de ce temps, un certificat d’aptitude est décerné aux apprentis qui justifient, dans un examen, des connaissances qu’ils ont acquises pendant leur séjour à l’école.

Le directeur reçoit de l’État, par chaque élève-apprenti : 1° une somme annuelle de 175 fr. qui, jointe au travail de l’élève, doit couvrir toutes ses dépenses de nourriture, blanchissage, médicaments, etc. ; 2° une somme de 75 fr., dont une partie sert à l’entretien du trousseau, et le surplus forme une masse commune répartie chaque année entre les élèves en proportion de leur zèle, de leur travail et de leur bonne conduite, mais qui reste dans la caisse de l’administration pour être remise à l’élève à sa sortie de l’école. Tout élève renvoyé ou qui volontairement quitte l’école avant l’expiration des 3 années d’apprentissage, perd ses droits à cette prime. Une autre prime de 400 fr. est décernée, en outre, à l’élève de 3e année qui a mérité d’être classé le premier, à l’examen de sortie.

Fermes-modèles. Voy. Comices agricoles.

Ferme (Jeux de cartes). Il se joue avec un jeu de 52 cartes, dont on supprime les 8 et les 6, à l’exception du 6 de cœur qu’on appelle le brillant. Les figures valent 10, et toutes les autres cartes, l’as compris, ne valent que les points qu’elles indiquent. Les joueurs, en nombre indéterminé, reçoivent chacun des jetons auxquels on assigne une certaine valeur ; ensuite la ferme est mise aux enchères, et celui qui en offre le prix le plus élevé est fermier ou banquier. Le banquier dépose soit en argent, soit en jetons, la somme pour laquelle la ferme lui a été adjugée, et chacun des joueurs met en enjeu, un ou plusieurs jetons, suivant les conventions. Le banquier, après avoir mêlé les cartes et fait couper à gauche, donne à chaque joueur, mais non à lui-même, une carte qu’il prend au talon. Le joueur placé immédiatement à la droite du banquier, et après lui tous les autres joueurs successivement, peuvent demander une 2e et une 3e carte, s’ils ne sont pas contents de leur jeu, et, dès qu’ils sont satisfaits, ils disent : je m’y tiens. Quand la distribution est terminée, tout le monde abat son jeu : ceux dont le point, dans les cartes qu’ils possèdent, dépassent 16, payent au banquier autant de jetons qu’ils ont de points au-dessus de 16. Celui qui a 16 gagne non seulement les enjeux et le prix de la ferme, mais encore il devient fermier. S’il se trouve plusieurs joueurs qui possèdent en même temps le point 16, celui qui l’a par le 6 de cœur l’emporte sur les autres ; de même, celui qui a 16 en 2 cartes a l’avantage sur celui qui a ce point en 3 cartes. Enfin, s’il y a égalité pour le point et le nombre des cartes, le gagnant est celui qui se trouve le plus près à la droite du banquier. Lorsque le point 16 ne se trouve dans les mains d’aucun des joueurs, c’est celui qui approche le plus de ce point qui gagne les enjeux ; mais il ne gagne pas le prix de la ferme et ne prend pas la place du fermier. À égalité du point le plus élevé entre deux ou plusieurs joueurs, lorsqu’il n’y a pas le point 16, les enjeux appartiennent au joueur le plus rapproché de la droite du banquier.

Laisser un commentaire