Épervier

(Chasse). Voy. Faucon.

Épervier (Pêche). Ce filet, le plus fréquemment employé de tous, consiste en une vaste calotte conique à mailles plus ou moins larges : à son ouverture, il comporte ordinairement 18 à 20 mèt. de circonférence, d’où il suit que, étendu tout ouvert, il couvre une superficie d’environ 30 mèt. carrés. Une douzaine de cordes, rayonnant du centre à la circonférence et se ramifiant chacune en plusieurs autres, forment comme la charpente de ce filet et l’empêchent de se déchirer sous le poids de la plombée dont il est garni. Au sommet est fixée une corde de plusieurs mètres de longueur et que, dans l’action, le pêcheur tient attachée à son poignet, afin de pouvoir suivre et relever l’épervier lorsqu’il l’a lancé à l’eau. L’épervier est garni, sur tout le développement de sa circonférence, d’un chapelet de balles ou de lingots de plomb, pesant ensemble 12 ou 15 kilogr., et destinés à faire immerger rapidement l’appareil. Cette plombée, enfilée sur une corde rattachée au pourtour du filet, à 0m,20 ou 0m,25 du bord, laisse libre et flottante une frange de cette même largeur, que l’on relève de place en place par des cordelettes, et qui forme, par ce moyen, une espèce d’ourlet circulaire et ouvert.

On emploie l’épervier en le jetant déployé sur les places où l’on soupçonne qu’il se trouve du poisson, et qu’il est bon d’amorcer la veille au soir. (Voy. Amorces). Pour jeter l’épervier, le pêcheur, après avoir lié à son poignet la corde principale, rassemble tous les plombs en soulevant le filet, replie ensuite 2 ou 3 fois sur elle-même la partie supérieure du filet qu’il saisit et tient embrassée de la main gauche à environ 0m,60 de la plombée ; puis il enlève le tout en ramenant la main gauche à la hauteur de la poitrine. De la main droite, il saisit, du côté gauche, un quart environ de la partie pendante de l’épervier et en jette les plis sur son épaule gauche en les étendant. La main droite revient ensuite empoigner à droite du filet la moitié du surplus. Dans cette situation, l’épervier forme devant le pêcheur comme un manteau drapé sur le bras et sur l’épaule gauches et soutenu, de l’autre côté, par la main droite.

Pour opérer le lancer, le pêcheur commence par effacer fortement la partie gauche ; puis, par un brusque mouvement du corps, il ramène en avant cette partie ; en même temps, par un coup de l’épaule gauche et du coude, il projette devant lui le filet que la main gauche lâche aussitôt et que le bras droit en se déployant développe circulairement.

Dans cette opération, qui exige plus d’adresse que de force, il importe que le pêcheur n’ait, dans la partie de ses vêtements sur laquelle doit glisser le filet, ni boutons ni agrafes susceptibles de s’accrocher dans les mailles ; autrement, s’il arrivait qu’au moment où l’épervier est projeté en avant, quelque chose le retînt attaché au pêcheur, celui-ci, déjà ébranlé par son propre effort et sollicité en avant par la projection de la plombée, serait infailliblement entraîné dans l’eau et resterait retenu au fond par le poids de cette charge dont il ne pourrait se détacher.

Pour produire l’effet qu’on en attend, c.-à-d. pour envelopper et retenir comme sous une cage le poisson qui se trouve compris dans son périmètre, le filet doit descendre rapidement sur le fond et y reposer sans solution de continuité ; il ne doit donc être employé que là où il ne se trouve aucun obstacle, ni herbes qui en soulèveraient une partie, ni branches ni racines qui risqueraient de le déchirer.

Si l’épervier a été bien lancé, si, s’ouvrant en un vaste cercle, il est descendu sans obstacle et si la plombée repose exactement de toutes parts sur le fond, le poisson, s’il s’en trouve sous le filet, ne peut plus désormais s’échapper ; il ne s’agit plus que de fermer le filet en rapprochant les plombs sans les soulever et de ramener l’épervier dans le bateau. À cet effet, il faut tirer la corde alternativement à droite et à gauche, en avant et en arrière, de manière à ce que les plombs, pour se réunir, traînent toujours sur le sol en le balayant. Lorsque l’on sent que le filet est fermé, on le retire promptement ; la pesanteur du plomb l’empêche de se rouvrir, et d’ailleurs les poissons qui tenteraient de forcer cet obstacle se trouveraient retenus et maillés dans les bourses qui flottent autour et au-dessous des plombs. Après avoir retiré du filet le poisson et les corps étrangers qu’il peut avoir ramenés, on le lave, on le tord et on peut le jeter de nouveau.

Quelquefois, dans les cours d’eau qui n’ont que 3 ou 4 mètres de large et dont la profondeur, au moins près des bords, n’excède pas 0m,70 ou 0m,80, on peut faire une pêche abondante en traînant l’épervier. À cet effet, deux hommes entrent dans l’eau, en suivant chacun un des bords ; ils portent le filet ouvert en le tenant par la corde qui sert de monture à la plombée, de manière à ce que cette corde forme entre eux une ligne droite ; le surplus pend dans l’eau, les plombs rasant le fond. La queue traîne par-derrière, soutenue par un aide. Deux autres hommes se placent à une centaine de mètres en avant de l’ouverture du filet et s’avancent pas à pas en battant l’eau et en fouillant avec des gaules dans les herbes et dans les racines. Les poissons, effrayés par ce mouvement et par ce bruit, s’échappent du côté opposé et vont donner dans l’épervier. Celui qui porte la queue est averti par un mouvement très prononcé lorsqu’un poisson a donné dans le filet ; au signal donné par lui, les deux autres laissent tomber les plombs, l’ouverture se referme et le poisson est pris. Lorsqu’on n’a pas de batteurs, ou dans les localités où ce procédé est interdit par les règlements, les trois porte-filets avancent eux-mêmes en traînant l’épervier et réussissent encore souvent à prendre du poisson.

Il existe enfin une autre sorte d’épervier de dimensions encore plus grandes, et destiné à être traîné dans les rivières à l’aide d’un bateau ; les pêcheurs l’appellent épervier à bateau ou gille. Voy. Gille.

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