Engelures
(Médecine domestique). Elles affectent principalement les doigts des mains, les orteils et le talon : les enfants y sont plus exposés que les adultes et les personnes âgées. On peut, jusqu’à un certain point, se préserver des engelures en évitant les transitions trop brusques de température, en ayant soin surtout de ne pas s’empresser de réchauffer les mains devant le feu après qu’elles ont été exposées à un froid piquant. Pendant l’été, les bains de rivière et les bains de mer fortifient la peau et la rendent ensuite moins impressionnable aux variations atmosphériques. En outre, aux approches de l’hiver, les personnes disposées aux engelures feront bien de se baigner les mains plusieurs fois par jour dans une décoction d’écorce de chêne, de grenade ou d’orme pyramidal, à laquelle sera ajouté un peu d’alun en poudre ou d’extrait de Saturne. Ces bains seront également utiles comme moyen curatif, mais pour en obtenir de bons résultats, il faut soigner les engelures dès le début. Pour cela, on baigne, soir et matin, la partie malade dans un bain d’eau de son tiède qui sera prolongé pendant 20 minutes au moins. On peut encore employer soit des compresses imbibées d’eau salée, soit des frictions faites avec le baume de Fioraventi, avec les teintures de benjoin et de gaïac étendus d’eau, ou mieux encore avec le baume d’Arcæus. Pour préparer ce dernier baume, on mélange à une douce chaleur 8 p. de suif de mouton, 6 p. de térébenthine, 6 p. de résine élémi et 4 p. d’axonge.
En associant le baume de Fioraventi, dans la proportion de 100 gr., avec 100 gr. d’acétate de plomb liquide, 100 gr. d’huile d’olives et 3 gr. d’acide chlorhydrique, on obtient un topique qui hâte la guérison des engelures : on les lave avec cette liqueur 2 ou 3 fois le jour, et le soir, on applique, pour la nuit, sur la partie malade, un linge imbibé de cette même liqueur.
L’eau chlorurée est encore utilement employée pour la guérison des engelures. On la prépare en prenant 32 gr. de chlorure de chaux sec et 1 litre d’eau simple. On délaye d’abord le chlorure avec une petite quantité d’eau, dans un mortier de verre ou de porcelaine, et quand on a ainsi obtenu une pâte bien lisse, on ajoute de l’eau jusqu’à ce que la quantité ajoutée soit d’un demi-litre. On jette alors le mélange sur un filtre pour recueillir le liquide qui s’écoule, puis, après avoir lavé le filtre avec le demi-litre d’eau restant qu’on verse peu à peu, on mêle les deux produits et on conserve la liqueur dans un flacon bien bouché. Pour en faire usage, on en verse une petite quantité dans une cuvette, et on se lave les mains avec cette eau : il faut attendre pour essuyer ses mains avec un linge qu’elles se soient ressuyées à l’air. Si les engelures sont aux orteils ou au talon, on mouille 2 ou 3 fois par jour les parties malades au moyen d’une éponge fine trempée dans l’eau chlorurée. Ces lavages, pratiqués avant l’apparition des engelures, peuvent les prévenir.
Lorsque les engelures, négligées dès le début, se crevassent et s’enflamment au point de causer de vives douleurs, qu’elles laissent suinter une sérosité roussâtre, et surtout lorsqu’elles sont accompagnées d’ulcérations qui peuvent donner lieu à des accidents graves, il faut consulter un médecin. — La décoction de racine de guimauve et tous les liquides émollients ont pour effet de rendre les engelures plus graves et de les disposer à former des plaies toujours douloureuses et difficiles à cicatriser.