Enfance

(Hygiène). La plupart des maladies qui compromettent l’existence des enfants, surtout pendant leurs trois premières années, ne peuvent que rarement être combattues par l’emploi des médicaments ; on ne peut leur opposer que des soins hygiéniques bien dirigés. Plusieurs préjugés universellement répandus à ce sujet méritent d’être signalés. L’enfant nouveau-né a besoin avant tout de chaleur ; ses organes respiratoires, encore mal habitués à leurs nouvelles fonctions, ne peuvent supporter l’air froid. Ainsi, un très jeune enfant, même très chaudement emmailloté, meurt s’il est exposé trop tôt à respirer un air glacé. Sous le climat de Paris et du centre de la France, la statistique médicale constate qu’il meurt en hiver juste la moitié plus d’enfants qu’en été pendant leurs trois premiers mois. Néanmoins, on entend répéter que les enfants ne doivent pas être traités délicatement, qu’il faut de bonne heure les accoutumer au froid, les hiverner, comme on dit, et qu’il suffit de les bien couvrir : c’est une grave erreur. Sans doute les enfants d’un tempérament très robuste pourront résister à l’action du froid ; mais il est fort à craindre que les enfants naturellement délicats ne succombent avec un pareil régime. L’enfant nouveau-né ne doit respirer qu’un air doux et tiède ; ce point est beaucoup plus important pour leur conservation que de les surcharger de vêtements superflus, propres à les affaiblir par un excès de transpiration. Cette nécessité diminue à mesure que les organes se consolident ; on peut sans danger commencer à habituer l’enfant à respirer un air plus vif quand il a fait ses premières dents. — Le sommeil n’est pas moins indispensable que la chaleur à l’enfant dans son premier âge ; on lui fait un tort réel lorsque, pour la facilité de la nourrice, on l’empêche de dormir le jour, afin qu’il dorme mieux toute la nuit. L’observation démontre que c’est pendant le sommeil que l’accroissement des très jeunes enfants est le plus prononcé ; il faut donc les laisser dormir le jour chaque fois qu’ils en éprouvent le besoin. — Le coucher des enfants mérite une attention spéciale. La plume et même la laine doivent en être exclues ; jusqu’après la formation des dents de sept ans, l’enfant ne doit coucher que sur de la feuille de fougère et de la balle d’avoine. Outre que ces matières n’exposent pas les reins à un échauffement excessif, comme le font la laine et la plume, elles ont encore l’avantage, bien plus important, de ne pas retenir les émanations malsaines et de laisser par conséquent subsister la pureté de l’air que respire l’enfant endormi, condition très nécessaire au maintien de sa santé.

Le régime alimentaire des enfants, quand la première dentition est accomplie, doit être mixte, c.-à-d. composé de viande et de légumes. Il faut en exclure les viandes salées, les ragoûts épicés, la charcuterie, et en général toutes les substances excitantes, notamment le café pur, le thé, etc. Les liqueurs fortes sont de véritables poisons pour les enfants. Les heures des repas doivent être bien réglées, et le travail de la nutrition, si actif chez les enfants dans la période d’accroissement, exige quatre repas par jour, dont deux seulement substantiels, les deux autres légers. Une bonne alimentation ne suffit pas pour assurer la santé des enfants ; la respiration d’un air pur ne leur est pas moins nécessaire, et lorsqu’on peut leur procurer quelques mois de séjour à la campagne, c’est tout bénéfice pour eux.

La manière de vêtir les enfants a aussi son importance. Si l’hygiène conseille avec raison de ne pas trop couvrir les enfants, de peur de les rendre trop impressionnables aux moindres changements atmosphériques, on doit éviter aussi de tomber dans l’excès contraire, et ne pas laisser les enfants le cou, les bras et les jambes nus, pour adopter la mode anglaise qui, dans un climat aussi variable que le nôtre, les expose aux affections de la gorge et de la poitrine. Il importe que les enfants soient chaussés de manière que les pieds soient toujours tenus secs et chauds ; la poitrine sera bien couverte ; le cou, dans la mauvaise saison, sera enveloppé d’une cravate légère ; la tête doit être le moins chargée possible : il importe qu’il ne soit jamais laissé exposé aux ardeurs du soleil, sans être garanti par un chapeau de paille. Un des meilleurs moyens d’accoutumer les enfants à braver l’action du froid et même de la chaleur, consiste dans l’usage quotidien de lotions fraîches pratiquées sur toute la surface du corps.

Les exercices du corps sont très salutaires à l’enfance, mais à la condition qu’on y procède avec prudence. C’est une erreur de croire qu’on rend les enfants robustes en leur imposant beaucoup de fatigue pendant les premières années de leur croissance. Les exercices violents, poussés jusqu’à l’extrême lassitude, ne sont jamais sans inconvénients (Voy. Gymnastique) ; ils ne sont réellement utiles, dans de certaines limites, que quand, pour ses études, l’enfant encore jeune fatigue assidûment les organes du cerveau ; dans ce cas, la lassitude des membres délasse le cerveau. — Beaucoup de personnes riches permettent et même ordonnent à des enfants encore très jeunes l’exercice de l’équitation comme fortifiant ; c’est ce qu’il ne faut jamais faire sans l’avis du médecin. L’équitation a pour effet l’accélération du pouls : tandis que la marche lente n’accélère les pulsations qu’à raison de 6 à 8 par minute, et la marche accélérée à raison de 10 à 16, l’accélération produite par l’équitation est en moyenne de 10 à 15 par minute au pas, et de 40 à 45 au trot. Il est beaucoup d’enfants à qui une pareille excitation peut être très nuisible.

Laisser un commentaire