Dents

(Hygiène, Médecine). Les maladies et la chute prématurée des dents résultent souvent de ce qu’on n’en a pas pris soin dès l’enfance. Il est donc important de surveiller l’état des gencives et des dents des enfants, surtout pendant l’époque de la seconde dentition (Voy. Dentition). Pour les adultes l’hygiène des dents consiste presque uniquement dans la propreté. On doit se laver les dents tous les matins et les frotter avec une brosse douce, en ayant soin de promener la brosse de bas en haut pour la mâchoire inférieure et de haut en bas pour la mâchoire supérieure, afin que les crins de la brosse pénètrent dans l’intervalle des dents, sans les déchausser : en promenant la brosse horizontalement et avec force, on entamerait la petite pointe des gencives qui sépare les dents et qui sert à les maintenir. Les personnes qui ont les gencives très délicates peuvent suppléer à l’emploi de la brosse par un simple morceau de linge mouillé ou par une petite éponge fine. Il importe de bien choisir les substances dont on fait usage pour nettoyer et blanchir les dents. (Voy. Eaux et Poudres dentifrices). Les acides en général et le citron en particulier blanchissent les dents, mais ils en attaquent l’émail et on doit les rejeter. Les poudres alcalines sont plus innocentes, et peuvent même être utiles lorsque la carie dentaire est causée par l’acidité des sucs de la bouche. La poudre de charbon très divisé, unie à une certaine dose de quinquina, est le meilleur dentifrice ; la magnésie en poudre est encore très bonne, surtout pour les enfants, chez qui elle neutralise l’acidité des sucs de la bouche. On peut aussi faire usage des cendres résultant de la combustion d’une feuille de papier blanc ou des cigarettes à l’usage des fumeurs. Il ne faut jamais employer des préparations liquides dont on ne connaît pas la composition ; elles peuvent contenir des substances malfaisantes. L’eau pure aromatisée avec quelques gouttes d’essence de menthe ou d’anis est préférable à toutes les eaux composées. L’eau de Botot est agréable et n’a rien de nuisible. Il est bon non seulement de se laver la bouche avec de l’eau tiède après les repas, mais aussi de nettoyer les dents au moyen d’un cure-dents, et le seul instrument de ce genre qu’on doive employer est le cure-dents en tuyau de plume, souple, mince et flexible. On ne saurait trop blâmer l’habitude qu’ont certaines personnes de se servir d’une épingle ou de la pointe d’un couteau en guise de cure-dents : le métal, de quelque nature et sous quelque forme qu’il soit, a pour effet d’altérer l’émail des dents, de les noircir et de les disposer à se gâter. Les personnes sujettes à des affections des voies digestives qui déterminent la présence de liquides acides dans la bouche, les femmes enceintes qui ont des vomissements, doivent particulièrement avoir le soin de se rincer souvent la bouche. Le tartre qui se forme sur les dents est une cause assez fréquente d’inflammation des gencives ; pour s’en débarrasser, on aura recours aux soins d’un dentiste. L’habitude de fumer est nuisible pour les dents ; elle les noircit ; l’usage de la pipe, surtout du brûle-gueule, use et détruit les dents qui en retiennent le tuyau. L’emploi des pipes turques à long tuyau n’a pas les mêmes inconvénients, et ce sont les seules qui doivent être recommandées aux fumeurs. Les boissons froides prises après un aliment très chaud font éprouver aux dents une impression qui ne peut que leur être nuisible. Quand on est assez heureux pour posséder de bonnes dents, il faut bien se garder de les détruire comme à plaisir, en s’amusant à casser des noix, des noisettes, ou des noyaux de fruits. C’est encore une mauvaise habitude que celle qu’ont beaucoup de femmes d’étirer, d’amincir ou de couper avec les dents le fil dont elles se servent pour coudre : ce fil, qui souvent a été passé à la teinture et qui est imprégné d’acides, mis continuellement en contact avec les dents, finit par y apporter des désordres, et l’on est tout étonné de voir des dents qui étaient blanches et saines, devenir noires et se gâter. — Les personnes, et surtout les personnes âgées, dont les dents ont une propension à se déchausser, et celles qui ont les gencives molles et saignantes devront se gargariser fréquemment avec de l’eau-de-vie de cognac ou de l’esprit de cochléaria étendu d’eau. Elles pourront aussi faire usage de la composition suivante : on hache ensemble 500 gr. de cochléaria, 30 gr. de cresson, 8 gr. de zeste de citron, 2 gr. de racine de pyrèthre ; on fait infuser le tout dans de l’eau-de-vie et on distille ensuite au bain-marie.

Maux de dents. Les soins de l’hygiène appliqués avec intelligence et assidûment continués sont le meilleur moyen de préserver les dents des maladies qui peuvent les affecter ; mais tous les soins possibles sont souvent impuissants à conjurer le mal. Alors quand vient cette souffrance aiguë, incessante que fait éprouver une dent malade, si l’on ne se décide pas à la faire arracher, ce qui est toujours le plus sûr et quelquefois le seul moyen de se délivrer de la douleur, il faut bien chercher à soulager cette douleur par un autre remède. Quoiqu’il n’y ait pas de remèdes qui guérissent complètement le mal de dents, voici ceux que l’expérience a constaté être les plus efficaces dans la plupart des cas.

Le camphre est une des substances les plus propres à calmer les maux de dents. Il suffit quelquefois pour cela d’introduire dans la dent malade une boulette de coton cardé imbibée soit d’alcool camphré, soit d’éther saturé de camphre, ou un petit morceau de camphre. On peut aussi mettre dans l’oreille de la personne qui souffre un petit morceau de camphre enveloppé dans du coton cardé et le laisser ainsi jusqu’à ce que la douleur disparaisse. — On peut encore réussir à calmer les maux de dents, soit en se gargarisant la bouche avec du vinaigre pur dans lequel on aura trempé pendant quelques instants un morceau de fer rougi au feu, soit en mâchant une petite racine de noyer dont on aura enlevé la première écorce. Enfin, dans les crises d’une douleur violente, on peut essayer d’un remède héroïque, qui ne saurait, du reste, être recommandé à tout le monde : on renferme dans un morceau de mousseline fine et résistante tout à la fois, une cuillerée à café de poudre de chasse, et on en forme un nouet qu’on ferme solidement. Cela fait, on met résolument le nouet dans la bouche, et on le mâche lentement pendant quelques minutes, sans rien avaler et en rejetant la salive qui vient en abondance. Au bout de quelques minutes, le mal ne disparaît pas toujours, il ne fait que s’affaiblir ; si l’on a le courage de persister encore pendant quelques minutes, la douleur disparaît complètement.

Voici maintenant quelques formules pour la préparation de liqueurs propres à calmer les maux de dents : 1° esprit de vin rectifié, 6 gr. ; créosote, 6 gr. ; teinture de cochenille, 2 gr. ; huile de menthe, 3 ou 4 gouttes : après avoir exactement mêlé ces substances, on trempe dans le mélange une boulette de coton cardé qu’on place sur la dent malade ; — 2° opium pur, 50 centigr. ; camphre, 50 centigr. ; huile d’œillets, 4 gr. ; huile de cajeput, 4 gr. ; esprit-de-vin rectifié, quantité suffisante : on mêle bien ces substances, et on emploie la liqueur de la même manière que la précédente ; — 3° feuilles et fleurs d’inula-bifrons, 1 partie ; fleurs de cresson de Para, 4 p. ; racine de pyrèthre, 1 p., alcool à 33°, 8 p. : après avoir divisé les feuilles, les fleurs et la racine, on les met dans un vase avec l’alcool pour les y laisser macérer pendant 15 jours, le vase étant bien bouché : ensuite on décante la liqueur, on la filtre, et on la conserve dans des flacons bouchés, pour s’en servir au besoin. — Les deux recettes suivantes sont dues à l’un des plus habiles dentistes de Paris : 1° teinture concentrée de pyrèthre, 4 gr. ; teinture d’opium, 1 gr. : on mélange les deux substances dans un flacon de verre, et, pour faire usage de cette préparation, on en imbibe un petit morceau de coton cardé qu’on introduit dans la dent malade, et qu’on renouvelle 2 ou 3 fois dans les 24 heures ; — 2° alcool camphré, 8 gr. ; baume du commandeur, 50 centigr. ; teinture d’opium, 30 gouttes ; huile essentielle de menthe, 10 gr. : on mélange toutes ces substances, et l’on emploie cette composition de la même manière que la précédente.

Les mastics divers appliqués sur les dents cariées peuvent être avantageusement remplacés par le soufre mou. Cette manière qui, peu de temps après son introduction dans la cavité dentaire, acquiert une dureté considérable, n’est attaquée par aucune des substances alimentaires ou dentifrices. Pour préparer le soufre mou, on se sert d’un petit tube de verre, fermé à l’une de ses extrémités : on introduit dans l’autre extrémité quelques fragments de soufre ordinaire, ou mieux, une petite quantité de fleur de soufre lavée, qu’on chauffe à la flamme d’une lampe à esprit-de-vin : lorsque la matière en fusion, après être devenue visqueuse, commence à reprendre sa limpidité première, on la retire du feu et on la précipite subitement dans l’eau froide. On obtient ainsi une masse spongieuse, brune, molle, élastique, qu’on façonne en forme de petites boules, et qu’on introduit, en la tassant, dans la dent cariée.

Dents des animaux. Voy. Age des animaux.

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