Crotoy

(Bains de mer). Le Crotoy est un bourg maritime situé sur la rive droite de l’embouchure de la Somme, presqu’en face de Saint-Valery-sur-Somme. Aggloméré sur une pointe qui s’avance dans la baie, il domine un horizon étendu et varié ; à l’ouest, c’est la mer s’ouvrant entre les deux pointes du Hourdel et de Saint-Quentin ; dans le lointain, les falaises blanches du bourg d’Ault apparaissent au-dessus du paysage de Cayeux et des communes voisines. La vue s’étend jusqu’à une distance considérable qui laisse deviner les hauteurs du Vimeux et d’Abbeville, la forêt de Crécy et les paysages boisés de Marquenterre. La plage du Crotoy est éminemment favorable pour les bains. Formée partout d’un sable fin et uni, elle s’étend au sud et reçoit toute l’action de la chaleur solaire. Les lames y sont plus douces qu’en pleine côte, et par cela même préférées par beaucoup de baigneurs qui y trouvent d’ailleurs les autres qualités de l’eau de mer. Le seul inconvénient, c’est que la plage n’est visitée par la mer qu’aux heures des marées, c.-à-d. deux fois par jour pendant à peu près 2 ou 3 heures ; mais cet inconvénient est compensé par l’avantage de la promenade que la grève abandonnée par la mer offre tous les jours aux baigneurs.

L’établissement des bains consiste en un élégant pavillon situé contre la laisse de la haute mer, et dont l’aménagement intérieur ne laisse rien à désirer sous le rapport du confortable. Le rez-de-chaussée est consacré aux salons et à la salle à manger commune ; les deux étages supérieurs se composent d’appartements et de chambres. Du côté de la mer s’étend une vaste terrasse, recouverte d’une marquise, et supportée par des voûtes sous lesquelles les baigneurs trouvent un refuge contre la chaleur. Un restaurant est attaché à l’établissement. Le prix d’une chambre est de 30 fr. par mois, et celui de la nourriture de 6 à 8 fr. par jour. Les étrangers peuvent encore facilement se loger soit dans deux autres hôtels bien tenus, soit dans les maisons particulières : la dépense pour une personne, logement et nourriture compris, est de 5 à 6 fr. par jour. Le prix moyen d’un appartement pour une famille de 4 ou 5 personnes est de 120 à 150 fr. par mois, et celui d’une maison entière, de 240 à 350 fr. par mois.

Pour se rendre de Paris au Crotoy, on prend le chemin de fer du Nord (section de Paris à Boulogne), jusqu’à la station de Rue. Trajet en 5 h. ; prix des places : 1re cl., 24 fr. 50 c. ; 2e cl., 18 fr. 35 c. — De la station de Rue au Crotoy, il y a un service d’omnibus.

Les environs du Crotoy offrent aux étrangers d’agréables promenades ; d’un côté la grève avec son sable uni et la vue de la mer, de l’autre la campagne avec une belle végétation et des ombrages. Si l’on veut pousser plus loin ses excursions, il y a quelques localités intéressantes à visiter ; d’abord le village de Rue, où l’on admire une élégante chapelle gothique ; ensuite Crécy, où l’on montre encore le moulin, d’où le roi Édouard III considéra la disposition du champ de bataille ; enfin l’abbaye de Valoires, située dans la riante vallée de l’Authie, et habitée par une colonie de moines travailleurs qui se livrent à l’industrie et à l’agriculture.

Lorsque la mer baisse, après le bain, on peut se faire conduire en bateau à la pointe du Hourdel, amas de galets d’où la vue embrasse une vaste étendue de mer. Lorsque la mer ramène ses flots, on remonte dans le bateau, et en quelques minutes on est de retour au Crotoy. Mais le plus grand attrait de la belle saison, c’est la chasse aux phoques, genre de récréation qu’on ne peut trouver qu’au Crotoy.

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