Crèches

(Assistance publique). Elles donnent asile pendant le jour aux petits enfants pauvres âgés de moins de deux ans, dont les mères travaillent hors de leur domicile et peuvent justifier de leur moralité. Il y a des crèches qui ne reçoivent que des enfants issus de légitime mariage. Toutes admettent ordinairement les enfants sans distinction de religion. Les crèches sont ouvertes depuis 5 heures et demie du matin jusqu’à 8 heures du soir. L’enfant reste avec sa mère, la nuit, le dimanche et les jours de fête.

Les soins que l’enfant reçoit à la crèche sont de trois sortes : soins alimentaires, soins hygiéniques et soins médicaux. La mère va chaque matin déposer son enfant à la crèche, revient plusieurs fois par jour, si elle le peut, pour l’allaiter, et le reprend le soir. Dans le cas où la mère ne peut visiter son enfant dans la journée, il est nourri de lait de vache coupé selon les instructions du médecin de la crèche. Les enfants de quatre mois reçoivent une nourriture plus substantielle, et ainsi de suite, jusqu’à deux ans. Ils sont lavés, peignés, bercés, et couchés séparément. L’enfant malade, dont l’état serait nuisible à la santé des autres, est immédiatement renvoyé à ses parents.

L’institution des crèches est fondée sur la rétribution de la mère, qui est obligatoire dans tous les cas. À Paris, elle est généralement fixée à 20 c. par jour pour un enfant, et à 30 c. quand il y en a deux. Mais cette rétribution est souvent réduite en faveur des mères dont le prix de la journée de travail est insuffisant, et descend quelquefois à 5 c. Dans les départements, les administrateurs en fixent le chiffre et les réductions. Dans le midi, elle est presque partout de 5 c. par jour. — La mère qui veut faire admettre son enfant dans une crèche, doit adresser sa demande à la dame présidente ou trésorière de la crèche de son quartier, et y joindre un certificat de moralité délivré, soit par le maire ou le commissaire de police, soit par le propriétaire de la maison qu’elle habite. Il faut, en outre, que l’enfant ait été vacciné ou qu’il doive l’être prochainement et qu’il ne soit atteint d’aucune maladie contagieuse.

Crèches de Paris en 1876 : 1er arr., r. St-Honoré, 247 ; 2e arr., r. Portalès, 5 ; 5e arr., r. de la Montagne-Ste-Geneviève, 34 ; 7e arr., r. Cler, 3 ; r. Perronet, 9 et 13 ; r. Oudinot, 3 ; 8e arr., r. Monceaux, 13 ; r. St-Lazare, 126 ; 9e arr., r. Rodier, 26 ; 11e arr., r. St-Maur, 64 ; 12e arr., r. de Reuilly, 95 et 119 ; r. Traversière, 41 ; 14e arr., r. des Croisades, 12 ; 16e arr., r. Raynouard, 60 ; 17e arr., r. Salneuve, 19 ; 18e arr., r. Letort, 19 ; 19e arr., r. de Crimée, 144 ; 20e arr., rue de la Mare, 24 ; r. Bagnolet, 63.

Il existe des crèches dans la banlieue, à Neuilly, Clichy, Levallois-Perret, Boulogne, St-Maurice-Charenton, St-Germain-Vitry, Choisy-le-Roi, etc., ainsi que dans les principales villes des départements. Chacune d’elles est administrée d’une façon indépendante et ne peut être obligée de recevoir les instructions de l’institution-mère de Paris.

Comme ces établissements de bienfaisance ne sont pas encore réglementés par la loi, il est difficile de donner des règles uniformes pour tous. Cependant, quand on veut créer une nouvelle crèche, voici celles que l’on suit ordinairement. — On consulte d’abord le bureau de bienfaisance, le curé de la paroisse et les dames de charité de l’endroit, pour savoir le nombre des enfants qui pourraient y être admis : il est ordinairement de 50 à 80. On forme un comité sous la présidence du maire ou d’un adjoint ; on choisit des directrices, des inspectrices et des médecins de bonne volonté. On évalue les frais : la dépense moyenne d’une journée d’enfant, déduction faite de la rétribution maternelle, est, à Paris, de 40 à 45 c. ; et, quand les ressources réunies de la charité et des rétributions paraissent suffisantes, on constitue une société. — Il faut ordinairement une berceuse pour 5 ou 6 enfants ; on peut aussi avoir recours aux soins intelligents des sœurs de charité. Les personnes qui veulent concourir à cette bonne œuvre peuvent adresser leurs offrandes, en linge ou en argent, à la trésorière de la crèche, ou souscrire pour un versement annuel, de 50 c. par mois, ou de 6 fr. par an.

Crèches à domicile. Cette œuvre, dite aussi de Notre-Dame de la Sainte-Espérance, a été instituée dans la paroisse de Saint-Séverin, à Paris, pour donner aux enfants pauvres nouveau-nés et à leurs mères des soins et des aliments, et pour préserver les enfants des variations atmosphériques et des accidents qu’ils pourraient éprouver par suite de leur transport dans une crèche commune. L’œuvre prête sur reçu aux familles des berceaux en fer garnis ; et, en les retirant, les remplace au besoin par le don d’une bercelonnette en osier. Les dames de l’œuvre visitent les enfants, s’assurent qu’ils sont bien soignés et proprement tenus, leur envoient un médecin, s’ils sont malades, et leur portent, ainsi qu’aux mères, des secours en nature, avec la demi-layette du premier âge. Elles procurent, en outre, de l’ouvrage aux mères afin qu’elles quittent le moins possible leurs enfants. Les conditions exigées sont : que les parents soient pauvres, habitant la paroisse, ayant un loyer de 160 fr. au plus, et qu’ils soient mariés à l’Église et vivant ensemble ; que le nouveau-né et les frères ou sœurs soient baptisés. Le directeur de l’œuvre est M. le curé de Saint-Séverin.

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