Corbeau

(Animaux nuisibles). Le corbeau, que plusieurs auteurs ont regardé comme un animal utile à cause du grand nombre de limaces, de vers de terre et de larves d’insectes nuisibles dont il débarrasse les champs cultivés, mange autant de grains que de nourriture animale : il se plaît surtout à déraciner les grains d’orge et d’avoine confiés à la terre comme semence, au moment où par la germination ces grains ont acquis une saveur sucrée ; on doit donc le considérer comme nuisible ; les bandes nombreuses de ces oiseaux bouleversent toute la surface des champs sur lesquels elles viennent s’abattre quelques jours après les semailles. Pour préserver les champs ensemencés des atteintes de ces oiseaux destructeurs, on place dans toute leur étendue des baguettes, ou des piquets de 50 à 60 centimètres de haut, à des distances diverses ; on relie ces baguettes entre elles au moyen de fils de coton semblable à celui qui sert à fabriquer les mèches des chandelles. Les corbeaux, qui sont d’une défiance extrême, croyant voir des pièges dans tous ces fils ainsi tendus, ne s’abattent point sur le champ. Quand le grain est levé, il n’a plus rien à redouter de leur voracité, et l’on peut alors retirer les baguettes et le coton et les mettre en réserve pour l’année suivante. La dépense est peu considérable, et le succès du procédé à peu près infaillible. On attribue au corbeau le don de sentir la poudre ; ce qui est certain, c’est qu’étant doué d’une grande longévité, il devient en vieillissant très méfiant, très expérimenté, et se laisse rarement approcher à portée d’une arme à feu. Néanmoins on peut aisément en tuer un certain nombre et éloigner les autres en les tirant à l’affût sur les arbres où ils perchent pour passer la nuit. Malgré sa défiance naturelle, il se prend facilement à divers genres de pièges amorcés avec de la viande gâtée. Par un temps de neige, on balaye un sillon le long duquel on tend une corde garnie sur toute sa longueur de lacets de fort crin ou de fil fin de laiton, et l’on jette çà et là dans le sillon des morceaux de viande, que la gelée ne tarde pas à coller fortement à la terre. Quand le chasseur, caché dans une cabane portative, voit un bon nombre de corbeaux occupés à attaquer à coups de bec les morceaux de viande gelée, il tire brusquement une ficelle qui serre à la fois tous les lacets ; les corbeaux sont pris par les pattes ou par le cou, et leurs efforts pour se dépêtrer ne font que serrer davantage les nœuds qui les retiennent. On peut aussi déposer dans un lieu écarté, sur une place dont on a balayé la neige, des cornets de carton au fond desquels on a mis pour appât un morceau de viande gâtée et dont les bords sont enduits d’une couche épaisse de glu. Le corbeau enfonce sa tête dans le cornet pour saisir l’amorce ; mais il ne peut la retirer ; le plus souvent, bien qu’aveuglé par le cornet, il prend son vol au hasard, et retombe bientôt étourdi et épuisé de ses vains efforts pour se débarrasser. — À toute époque de l’année on peut encore prendre un grand nombre de corbeaux au moyen de gros gluaux (Voy. ce mot) disposés à cet effet, en se servant pour appelant d’un hibou ou d’une chouette.

(Cuisine). Le corbeau, mis dans le pot-au-feu, donne un excellent bouillon ; mais il faut avoir soin, après l’avoir plumé, de le dépouiller complètement, parce que la peau donnerait au bouillon un goût amer.

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