Conversation

(Savoir-vivre). Le moyen le plus sûr de parvenir à connaître les règles de la conversation, c’est de fréquenter la bonne compagnie et d’observer dans quel langage s’expriment les personnes les mieux élevées. — On remarquera, p. ex., comment le plus simple désir d’obtenir est exprimé. Donnez-moi, est impérieux, presque grossier ; ayez la bonté de me donner, voulez-vous bien avoir la bonté de me donner, sont préférables ; mais auriez-vous la bonté de me donner, est plus poli et plus respectueux. Il ne faut jamais employer les mots avantage ou plaisir, quand celui d’honneur est le seul convenable. On ne se sert que de ce dernier quand on parle à des gens que leur âge, leur rang, leur mérite rendent dignes d’une considération particulière. Il est le seul qu’on puisse employer en parlant aux femmes. Il ne convient qu’à un domestique de dire à un homme en lui parlant de sa femme, madame tout court, ou monsieur à une femme en lui parlant de son mari : on doit toujours ajouter le nom propre de la personne. Il est plus poli de dire monsieur votre père, monsieur votre frère, madame votre tante, etc., que de nommer ces personnes. Dans la grande intimité, on dit tout simplement : votre grand’mère, votre sœur, votre cousin, etc. En s’adressant à quelqu’un, il est impoli de joindre le nom de cette personne à l’épithète de monsieur ou de madame ; il faut dire, oui, non, monsieur ou madame, et s’abstenir de nommer. Il est impertinent de dire mamselle ; on doit prononcer mademoiselle. Même en parlant de son mari, une femme ne le désignera pas par son nom de famille tout court ; elle dira monsieur, en y joignant le nom propre, et mieux encore elle dira tout simplement mon mari. Il n’en est pas de même du nom de baptême : il est d’usage maintenant de s’appeler réciproquement par ce nom entre mari et femme. Le nom d’époux et d’épouse, ne s’emploie plus que dans le langage du théâtre et des tribunaux : dans le monde, on dit mari et femme. Il est du reste fort rare que la façon la plus simple et la plus naturelle de s’exprimer ne soit pas en même temps la meilleure. On dit d’un homme qu’il fait sa cour à un roi, à un ministre, quand il se présente chez eux ; mais employer cette phrase pour dire qu’un homme aspire à la main d’une jeune fille est une tournure de mauvais ton.

Un salon renferme toujours des personnes qui suivent des carrières diverses. Comme elles ne se réunissent que pour se distraire de leurs travaux, ce serait aller directement, et comme à plaisir, à l’encontre de leur désir, que de les entretenir de ces travaux. On doit donc, en général, se garder de parler politique à un homme d’État, procès à un avocat, emprunt public à un banquier, etc. L’erreur que l’on condamne ici est le plus souvent commise par des personnes animées des meilleures intentions, et qui veulent se montrer affables ; mais elle accuse une grande ignorance du monde et des légitimes exigences de la société. C’est aussi une erreur trop commune de croire que la conversation consiste surtout à parler : un point plus important, c’est de savoir écouter. La discrétion, la réserve, le silence même, valent mieux que tout l’esprit du monde, dans une société qu’on n’a pas suffisamment étudiée. Il est malséant de faire des questions à tout propos. On doit s’abstenir de tout ce qui est calomnie, médisance, mensonge, raillerie amère, paroles injurieuses, révélation de secret confié, contradiction persévérante, taquinerie. Point d’épigrammes, point de sarcasmes facétieux, si l’on ne connaît pas toutes les personnes présentes. — Voy. Visites.

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