Cheval

(Animaux domestiques). La plupart des personnes qui possèdent des chevaux, les achètent tout élevés et déjà dressés ; nous renverrons donc le lecteur pour tout ce qui concerne la reproduction et l’élevage du cheval aux articles Haras, Étalon, Jument, Poulain ; pour l’éducation, aux articles Dressage, Entraînement, Courses, etc., et nous nous occuperons spécialement ici : 1° du choix et de l’achat du cheval ; 2° de son entretien, soit à l’état de santé, soit à l’état de maladie. — Quant à la manière d’utiliser le cheval pour l’agriculture, le trait et la selle, nous renvoyons aux articles Attelage, Harnais, Harnachement, Charretier, Cocher, Ménage des voitures, Équitation, etc.

1° Choix et achat du cheval. Il existe en France, un nombre infini de races de chevaux, indigènes, ou étrangères : nous indiquerons les principales.

Races françaises. — Dans le nord, le nord-ouest et l’ouest de la France, dominent les races poitevine, bretonne, percheronne, normande et boulonnaise ; elles fournissent des chevaux de trait (gros, moyen, ou léger), et des chevaux de cavalerie. Le gros cheval du Poitou (marais), à la tête un peu lourde, le rein long, la croupe un peu courte, les os prononcés et du poil aux jambes ; ses juments servent spécialement à la production du mulet. La partie bocagère de l’ouest de la France, fournit des chevaux plus légers pour la remonte. — Les chevaux bretons sont très nombreux : on les emploie surtout pour la poste, la cavalerie et la selle ; on trouve des chevaux de gros trait de cette race dans les Côtes-du-Nord, et sur le littoral du Finistère, et de beaux carrossiers vers St-Pol de Léon. Les chevaux de trait bretons se confondent aisément avec les percherons : tous deux ont la robe gris pommelé ou rouan (Voy. Signalement) ; seulement le cheval breton a la tête plus lourde, le poil des jambes plus touffu, le pied plus large, les formes plus rondes, les canons et les paturons plus courts. Le cheval percheron a la tête carrée mais forte, les épaules larges et charnues, la poitrine vaste, le dos et les reins longs, la croupe doublée et quelquefois avalée, les membres courts et épais : sa taille varie de 1m,50 à 1m,60 ; aujourd’hui par des croisements intelligents, on tend à grandir la race tout en lui conservant son étoffe. — Les chevaux normands sont des chevaux de trait ou de selle. Dans les gras herbages du Calvados, les chevaux sont lourds et empâtés ; ils ont la tête un peu forte et légèrement busquée vers le bout du nez ; mais en général la race normande a été considérablement allégie par le mélange du sang anglais. Dans les arrondissements d’Argentan et d’Alençon, on trouve de magnifiques carrossiers, dits merlerauts, dont voici les caractères : tête fine à chanfrein droit, yeux expressifs, encolure mince et élégante, jarret sorti, épaule longue et inclinée, reins bien attachés, extrémités minces quelquefois un peu longues, allure pleine de souplesse. Dans l’Eure et la partie méridionale de la Seine-Inférieure les chevaux normands sont plus ou moins percherons et bretons. On trouve encore des bidets normands dans le département de la Manche. — Les chevaux boulonnais dominent sur tout le littoral, de Dieppe à Dunkerque, en Picardie et en Flandre ; ils se reconnaissent aux caractères suivants : taille élevée, formes massives, encolure puissante et un peu courte, poitrail large, épaules fortes un peu droites, muscles prononcés, membres solides, paturons courts et recouverts par le poil, robe gris pommelé.

Dans l’Est, on distingue surtout les races ardennaise et franc-comtoise. Les chevaux ardennais et lorrains, autrefois très estimés, n’ont plus de caractère propre. Transformés par des croisements multipliés, ils se confondent presque avec les chevaux percherons et boulonnais ; ils sont toutefois plus légers que ces derniers et à deux fins. Les chevaux d’Alsace sont assez légers. — Les chevaux comtois longtemps caractérisés par leur taille, leurs formes amples et arrondies et leur robe en général bai-brun ou rouge, se sont également modifiés par suite de croisements avec les races suisses et percheronnes : du reste, ils sont peu nombreux.

Au centre de la France, appartient en propre la race limousine, reconstituée en partie sous l’influence du haras de Pompadour, et qui offre des chevaux légers, excellents pour la selle, mais péchant un peu par la taille. Les chevaux d’Auvergne, sont de trait moyen et croisés de percherons. Ce dernier type est celui de la plupart des chevaux de trait de nos départements du centre ; les chevaux légers proviennent des étalons des haras. Dans le Berri, la race poitevine se mêle à la race percheronne ; dans les brandes de la Sologne et de la Brenne (Indre), on trouve une race de petits chevaux peu gracieux de formes, mais robustes et rustiques.

Dans le Midi, la plupart des chevaux appartiennent au type léger. La région des Pyrénées offre des chevaux de montagne appartenant aux races navarraise (aujourd’hui croisée de sang arabe), bigourdane (aux environs de Bagnères de Bigorre) et de Cerdagne (dans les Pyrénées orientales. Les Landes possèdent des chevaux chétifs employés dans le pays ; les meilleurs sont ceux connus sous le nom de Médocains. Le Sud-Est n’a pas de race caractérisée : on y importe surtout les chevaux percherons et bretons. Les chevaux employés au dépiquage dans la Camargue, sont peut-être la seule race vraiment locale. — On trouve en outre par toute la France, une quantité de chevaux sans caractères déterminés, et qu’on ne saurait classer dans aucune des catégories mentionnées ci-dessus.

Races étrangères. — Race arabe. Le cheval arabe a la tête fine, le front large, les yeux grands, vifs et doux, les ganaches évasées, les naseaux ouverts, l’encolure droite, le garrot saillant, une crinière soyeuse et flottante ; les reins courts, mais souples, larges et solides, la croupe bien musclée, le tronc cylindrique, la poitrine étroite mais profonde ; sa taille dépasse rarement 1m,40. Nerveux et sanguin, il se fait remarquer par sa sobriété et son énergie ; il est très rapide et en même temps supporte les plus longues courses. Ce type se rencontre rarement dans toute sa perfection. Dans l’Algérie on trouve beaucoup de chevaux arabes dégénérés offrant tantôt des formes grêles et une ossature énorme, tantôt des formes empâtées, alourdies, jointes à une taille plus élevée. Au cheval arabe se rattachent le cheval persan, dont les formes sont plus élégantes et plus amples ; le cheval turcoman ou tartare, très rare chez nous ; le cheval barbe, qui a servi à améliorer le cheval espagnol et le cheval anglais : il a une taille plus élevée et des formes plus rondes que le cheval arabe, une tête un peu busquée et des paturons assez longs, ce qui donne plus de grâce à son allure. — Races anglaises. Le cheval anglais pur sang est un type spécial créé par les éleveurs, à l’aide du sang barbe ou arabe, et perfectionné par un régime particulier et l’emploi constant de reproducteurs de premier choix. Le cheval de course, trop grêle de corps et de membres pour le trait, et manquant d’ailleurs de souplesse pour la selle, ne s’emploie que comme étalon. On emploie pour la selle ou la voiture légère, les chevaux de sang, de demi-sang ou de quart de sang, qui sont moins vite, mais qui ont plus de fond ; le hunter sert spécialement pour la chasse ; le hackney, est le cheval de selle ordinaire ; le poney, petit et ramassé, est nerveux et dur à la fatigue. Les juments du Yorkshire et de Durham donnent avec les chevaux demi-sang d’excellents carrossiers ; les chevaux de Suffolk servent pour le trait moyen ; parmi les chevaux de gros trait, on remarque surtout le blackhorse ou cheval noir. — Autres races. Les chevaux allemands offrent des types très variés ; mais, en général, à mesure qu’on se rapproche du Nord, ils ont une taille plus élevée et un tempérament plus lymphatique. Le Mecklembourg, le Holstein et le Hanovre, fournissent d’excellents chevaux pour la cavalerie et le trait léger. Les chevaux de Hongrie, de Pologne et de Russie, sont plus ou moins mélangés de sang tartare, et offrent des nuances infinies produites par la double influence du climat et du régime.

L’acheteur une fois fixé sur l’espèce de cheval qu’il veut acheter, sur sa race, sa destination, etc., se gardera de conclure un marché avant d’avoir examiné l’animal avec le plus grand soin : 1° l’écurie ; 2° à la montre ; 3° en action. — À l’écurie. Le cheval étant attaché au râtelier, on examinera d’abord dans leur ensemble les formes, la taille et la tournure de l’animal : le cheval dont la tête et l’encolure sont trop longues pèse à la main, fatigue le cavalier ou le cocher, porte bas et s’use plus promptement sur son devant ; celui dont le corps est trop court est dur sous l’homme, a les reins roides, allonge peu au trot, tourne difficilement et est ordinairement dur de bouche ; quand, au contraire, le corps est trop long, le cheval se berce, il est presque toujours ensellé, il a les reins faibles et est sujet aux efforts de cette partie ; celui dont le devant est trop bas, est sujet à butter ; il forge et est dangereux pour le cavalier, qu’il met à chaque instant dans la crainte de tomber, et dont il fatigue la main employée à le soutenir. On observera en même temps s’il tient la tête penchée, s’il tique, s’il tire sur la longe, s’il offre les signes extérieurs d’une bonne constitution et d’un bon caractère. On le fera ensuite détacher et avant de le laisser sortir on examinera dans une demi-obscurité si l’œil est bien sain : la pupille très ouverte dans l’obscurité se resserre au fur et à mesure qu’on approche du grand jour ; en fermant l’œil avec la main et en la retirant ensuite on verra si la dilatation et la contraction se font d’une manière normale, et comme il y a des gouttes sereines dans lesquelles la pupille exécute les mêmes mouvements que dans l’état ordinaire, on fera devant les yeux de l’animal quelques gestes de la main ; enfin on recherchera s’il n’existe pas de traces d’un larmoiement antérieur, indices d’une fluxion périodique. On pourra en même temps examiner l’âge (Voy. Âge des animaux), et l’état des dents, en se mettant en garde contre les fausses marques ; si l’haleine est pure, si la langue n’est ni blessée, ni pendante ; si les naseaux ne jettent pas, etc. On donnera un coup d’œil aux mouvements du flanc pour s’assurer qu’ils sont réguliers, sauf à l’examiner de nouveau après le trot. — A la montre. L’animal étant sorti de l’écurie et mis en position, on se placera d’abord à distance (3 ou 4 mèt.), et on l’examinera de profil, de face et par derrière, afin de vérifier si ses habitudes sont franches et ses aplombs réguliers ; s’il ne soulage pas l’une ou l’autre des extrémités, s’il est couronné, si du cambouis ou des poils collés ne dissimulent pas cette tare ; s’il est panard, cagneux, campé ou sous lui, etc. ; si les membres sont affectés de jardins, de varices, de cicatrices, etc. On s’approchera ensuite de l’animal et, en le palpant, on appréciera la solidité de ses tissus et son état d’embonpoint. En passant la main sur le dos et les reins, on pincera cette dernière région à l’endroit où elle se joint au dos pour voir si le cheval exécute cette flexion qui est le signe d’une bonne santé ; on explorera chaque membre l’un après l’autre et surtout les jarrets, afin de se convaincre qu’il n’y existe aucune tumeur osseuse qui puisse en gêner les mouvements. Les pieds seront ensuite l’objet d’un examen attentif : on fera successivement lever les quatre pieds, d’abord pour s’assurer que l’animal est docile, ensuite pour voir si le pied est plat ou comble, serré ou encastelé, s’il est cerclé, si la corne est blanche ; si la ferrure n’est point disposée de manière à dissimuler un défaut : on frappera légèrement sur le fer avec un marteau ou une pierre, afin de voir si l’animal en éprouve une impression douloureuse ; enfin on examinera si sous l’épaisseur du cirage ou de la boue on n’a pas cherché à masquer quelque défectuosité de la corne. — En action. Le cheval étant conduit par la longe sans être tenu trop court, on passera en revue ses allures, particulièrement le pas et le trot (Voy. Allures). Les mouvements du pas doivent être égaux et le poser parfait. Pour se convaincre que le cheval a de la vivacité, on le fait partir de pied ferme au trot en lui donnant un coup de chambrière. Dans cette allure le cheval tenu un peu long doit porter la tête haute, la croupe ferme sans bercer, les extrémités postérieures sur la même ligne que les antérieures ; les battues doivent être uniformes, égales, sèches et non traînantes ; les mouvements de l’épaule doivent être libres et francs. Après le trot, on essayera de faire reculer l’animal, pour voir s’il exécute aisément ce mouvement toujours pénible, et on examinera de nouveau l’état du flanc pour s’assurer qu’il n’est ni gros d’haleine, ni cornard. On comprend que la nature des épreuves doit varier suivant l’usage auquel on destine le cheval ; ainsi les animaux destinés à être appareillés seront attelés ensemble et on les fera marcher sur un terrain plat et sur un terrain accidenté, afin de voir s’il y a de la parité dans leur énergie et leur force comme dans leurs allures. Le cheval de selle devra être monté : car tel cheval, qui conduit en main semble parfait, perd, sous le poids du cavalier, son action et son élégance. Il serait même préférable de joindre l’essai à l’examen, c’est le seul moyen de s’assurer qu’un cheval a du fonds, qu’il n’est ni capricieux, ni indocile, ni ombrageux. — La couleur de la robe peut être aussi un motif déterminant dans le choix à faire. En général, la complexion sanguine prédomine dans les chevaux bruns ; ils sont fiers, courageux, vifs, ils ont du fonds et sont susceptibles d’instruction. Les chevaux noirs sont souvent tristes, ombrageux, emportés, perfides. Les alezans ont le tempérament colérique ; ils sont pleins de feu et aiment à sauter ; ils fatiguent facilement, excepté toutefois les alezans foncés et brûlés. Les chevaux blancs sont généralement flegmatiques.

En remettant le cheval à l’écurie, on lui fera donner l’avoine pour voir s’il la mange bien et avec appétit. On s’en approchera pour s’assurer s’il ne mord pas, s’il ne rue pas. Enfin, si l’on a quelque doute sur l’existence d’un vice ou d’un défaut, on n’achète qu’avec une garantie conditionnelle écrite, qui stipule ce dont on n’a pu s’assurer d’une manière assez positive. Voy. Signalement et Vices rédhibitoires.

Nous terminerons en recommandant à l’acheteur de conserver le silence pendant toute la durée de l’examen, sans manifester aucunement les impressions qu’il reçoit.

« Seller et brider soi-même le cheval, dit M. Vergnaud, le monter aux différentes allures de pied ferme, le faire avancer, reculer, tourner, appuyer, arrêter ; le regarder manger, boire, pisser, fienter : le mener à la forge pour lui faire ôter et remettre un fer ; le panser soi-même avec l’étrille, la brosse et la main : tels sont les moyens pratiques bien simples qu’à tout homme de cheval, d’éviter une surprise et de se mettre à l’abri du maquignonnage. »

Quant au prix courant du cheval, il est difficile de donner des indications précises, ce prix variant suivant la race, l’âge, la taille, le sexe, les qualités particulières de l’animal. En général la valeur d’un cheval s’accroît depuis la naissance jusqu’à 5, 6 ou 7 ans, puis elle décroît jusqu’à l’extrême vieillesse. Les chevaux de course sont ceux qui atteignent les plus hauts prix ; viennent ensuite les chevaux de luxe, pour la selle et la voiture : un attelage se paye quelquefois jusqu’à 20 000 fr. Et plus ; le prix moyen est de 3 à 12 000 fr. ; les limoniers et les étalons de trait, varient de 1 500 à 3 000 fr. ; les chevaux de postes et d’omnibus, de 600 à 2 000 fr. Les chevaux de cavalerie valent de 500 à 900 ou 1 000 fr. Au-dessous, on trouve tous les prix. — Il n’y a guère que les maquignons qui achètent dans les foires ; les particuliers achètent ordinairement chez les marchands de chevaux. Au Marché aux chevaux de Paris, il ne se vend guère que des chevaux communs ; au Tattersall (Voy. ce mot) on vend aux enchères des chevaux de selle et d’attelage, ainsi que des harnais et des voitures.

2° Entretien du cheval. — À l’état de santé. En général, le cheval adulte passe à l’écurie (Voy. ce mot) tout le temps pendant lequel il reste inoccupé. Le séjour permanent à l’herbage n’a guère lieu que pour l’élevage. Le séjour momentané à la prairie, et seulement pendant le jour, est utile aux chevaux échauffés ; il refait les jeunes chevaux, mais il est peu salutaire pour les chevaux déjà vieux ou d’un tempérament débile.

Le cheval n’a besoin que d’une alimentation fort simple qu’il préfère à toute autre. Le foin, l’avoine, de la paille hachée et de l’eau pure lui suffisent pleinement : c’est aussi le genre d’alimentation auquel il est soumis à peu près partout. Le blé et le seigle, trempés, moulus ou cuits, donnent de l’embonpoint et de la vigueur aux jeunes chevaux ; mais c’est un aliment trop nourrissant et qui pousse à la fourbure. L ’orge, fréquemment employée dans le midi de l’Europe et en Afrique, produit le même effet, à moins qu’elle ne soit donnée à petite dose. La carotte est la seule racine qui paraisse conserver sa vigueur au cheval. Viennent ensuite le panais et le topinambour. La pomme de terre cuite au four engraisse le cheval, mais lui ôte sa vigueur ; les navets, les choux, les rutabagas ne lui conviennent pas. Le son frisé, c.-à-d. humecté d’eau, est rafraîchissant et convient pendant les chaleurs. Le vert ou l’herbe fraîche (seigle, escourgeon, trèfle incarnat, luzerne, vesce, etc.) est donné avec avantage pendant le printemps au cheval nourri habituellement à l’écurie : il est bon de ménager la transition du sec au vert en donnant celui-ci haché et mêlé avec un peu de foin sec.

La ration du cheval varie suivant sa taille ou son poids, son âge, son tempérament ; suivant la saison, le climat et le genre de service auquel il est destiné. En général, elle varie, pour le foin pris comme aliment unique, de 2,50 à 5 p. 100 du poids vif de l’animal. C’est sur cette base et d’après la puissance nutritive des diverses espèces de fourrages comparée à celle du foin que l’on a établi les diverses rations composées (Voy. Fourrages). 5 kilogr. de foin, 5 kilogr d’avoine, 3 kilogr. de paille hachée constituent une ration suffisante pour un cheval ordinaire. La ration des chevaux de troupe de l’armée française est, pour la cavalerie de réserve : foin, 4 kilogr. ; avoine, 4 kilogr., 20 ; paille, 5 kilogr. ; pour la cavalerie de ligne : foin, 3 kilogr. ; avoine, 4 kilogr., 20 ; paille, 5 kilogr. ; pour la cavalerie légère : foin, 3 kilogr. ; avoine, 3 kilogr., 80 ; paille, 5 kilogr. — Dans les haras, on donne aux étalons de trait : foin, 7 kilogr. ; paille, 6 kilogr ; avoine, 5 kilogr. ; aux carrossiers : foin, 4 kilogr. ; paille, 5 kilogr. ; avoine, 5 kilogr., 50 ; aux chevaux pur-sang : foin, 3 kilogr. ; paille, 6 kilogr. ; avoine, 5 kilogr. 50. — À la ferme impériale de Grignon, les chevaux de labour reçoivent : avoine, 6 ou 7 kilogr. ; foin, 7 kilogr. ; paille, 8 kilogr. ; en hiver, on leur donne : avoine, 5 ou 6 kilogr. ; foin, 7 kilogr. ; paille, 8 kilogr., et carottes, 10 kilogr. — Il convient de diviser la ration journalière du cheval en 3 parties et de la lui distribuer en 3 repas. Le premier aura lieu avant le travail, le second au milieu du jour et le troisième le soir. Il est important d’abreuver le cheval avant le repas, parce que, si on lui donnait l’avoine avant de le faire boire, les grains incomplètement digérés seraient entraînés par l’eau hors de l’estomac avant d’y avoir subi l’élaboration nécessaire. On peut aussi abreuver à plusieurs reprises. Chaque repas demande environ 2 heures ; la paille se donne particulièrement le soir. Si l’on conduit les chevaux à l’abreuvoir, il faut toujours les ramener au pas. Il faut éviter de donner à manger à un cheval au moment où il arrive fatigué d’une longue course ; il faut le bouchonner d’abord, afin de le délasser. Si l’on s’aperçoit qu’un cheval soit sujet à suer dans l’écurie, il est à supposer qu’il est trop nourri ou bien qu’il mange sa litière. Il faut, après s’en être assuré, ou diminuer la ration, ou enlever la litière.

Les soins journaliers de propreté ou d’hygiène qu’on donne extérieurement au cheval constituent le pansage (Voy. ce mot). Il doit avoir lieu au moins une fois par jour et à fond. En outre, toutes les fois que le cheval revient du travail fatigué ou mouillé, il doit être bouchonné, c.-à-d. frictionné avec un bouchon de paille tordue. La friction d’une flanelle imbibée d’eau-de-vie, sur les reins et sur les jambes, s’ajoute de temps en temps au pansage journalier des chevaux de selle, surtout quand ils ont couru. On évitera de placer sur le dos d’un cheval des harnais mouillés, et si l’on ne peut pas faire autrement, on interposera entre eux et la peau une couverture ou de la paille. Dans les temps froids, et toutes les fois que le cheval sera forcé de stationner après s’être échauffé au travail, on lui couvrira les reins avec une couverture de laine ; les chevaux de luxe ont même pendant l’hiver un habillement composé d’un camail, avec ou sans oreilles, pour la tête et l’encolure, d’un poitrail et d’une grande couverture maintenue par un surfaix ; on y ajoute quelquefois des guêtres munies de genouillères : en cas de neige ou de verglas, on met aux fers quelques clous à glace. Pendant l’été, les chevaux de trait ont besoin d’oreillères ou béguins, ainsi que de filets ou volettes pour les défendre contre les mouches.

La ferrure et le harnachement (Voy. ces mots) exigent également des soins particuliers qui contribuent beaucoup à conserver la santé et les forces du cheval.

En voyage, la nourriture du cheval sera substantielle sans être trop abondante. On diminuera la proportion du foin et on augmentera celle de l’avoine ; la boisson sera toujours blanchie avec du son. — On visitera soir et matin l’état de la ferrure et celui des pieds : tous les trois jours on enduira ceux-ci avec de l’onguent de pied (Voy. ce mot). Au début du voyage, on ménagera le cheval, tant dans ses allures que dans les distances à parcourir, afin de le mettre en haleine. Si la chaleur est forte, on lui donnera plusieurs heures de repos au milieu de la journée : on évitera surtout de le faire boire immédiatement après l’arrivée et de l’eau trop fraîche. Après un quart d’heure de repos, on pourra lui donner à manger. Il ne repartira qu’une heure après le repas, si son allure doit être le trot ; en allant seulement au pas, il peut repartir presque aussitôt après avoir mangé. À chaque temps d’arrêt un peu long, on enlève la selle ou le harnais et on bouchonne vivement la place qu’ils occupent : on jette ensuite sur le dos une couverture de laine jusqu’au moment du départ.

À l’état de maladie. Les maladies dont le cheval peut être atteint sont très nombreuses et exigent presque toujours les soins d’un vétérinaire : cependant, à défaut de celui-ci ou pour des indispositions sans gravité, il est des indications qu’il est bon de connaître et qu’on pourra trouver dans l’article particulier consacré à chacune de ces affections. Nous nous bornerons ici à quelques conseils généraux. — Dans toutes les affections internes, ainsi que dans les accidents externes qui offrent de la gravité, on fera observer au cheval la diète la plus sévère ; jusqu’à l’arrivée du médecin, on ne lui donnera que de la paille et de l’eau blanche, ou même de la boisson seulement, suivant la gravité des cas. Souvent un régime sévère et quelques lavements nitrés suffisent pour remettre un cheval malade par suite de fatigue ou d’excès de nourriture. — En cas d’accident aux extrémités, de claudication, d’entorse, d’enclouure, etc., l’immersion dans l’eau froide ne peut jamais nuire. — Si, par suite de la pression exercée par la selle ou le harnais ou par toute autre cause, il se produit sur le dos ou sur les côtes du cheval une tuméfaction douloureuse, plus ou moins considérable (cor), il faut la laver à plusieurs reprises avec du vinaigre bien chaud et y appliquer un cataplasme de farine de seigle où l’on aura mêlé des blancs d’œufs et du vinaigre en quantité suffisante. Des frictions d’eau-de-vie et de savon et une pression continue sans être exagérée sont aussi employées avec succès pour réduire cette sorte de tumeur. Si cependant la tumeur subsistait dure et indolente, il faudrait l’ouvrir avec une pointe de feu, et, après la chute de l’escarre, panser avec de la charpie imbibée d’essence de térébenthine. — Une saignée d’un litre environ est indiquée dans tous les cas d’inflammation, si l’animal malade bat du flanc, dans la fourbure, dans les coliques ou tranchées. En cas d’indigestion, elle pourrait être mortelle. — En toute circonstance, il faut se garder de consulter les maréchaux et les empiriques, qui tuent le cheval plus vite que ne le ferait la maladie. Voy. Écoles vétérinaires et Vétérinaire.

Cheval d’agriculture ou de labour. Voy. Cheval de trait.

Cheval de cavalerie. Voy. Cheval de selle.

Cheval de chasse. Voy. Cheval de selle.

Cheval de course. Sous le rapport de la conformation, il a le corps élancé, la poitrine étroite, mais profonde, le garrot élevé, le ventre étroit, le cou grêle, la tête fine et sèche avec un front large et d’amples ganaches ; l’épaule oblique, l’avant-bras et les paturons longs, la croupe longue, droite et bien musclée, le jarret large ; ses formes sont en général sèches, ses éminences osseuses bien prononcées, ses tendons et ses veines bien apparents. Sous le rapport du tempérament, il est très nerveux et d’une excitabilité excessive. Le pur sang anglais (Voy. ci-dessus Races anglaises) est le type du cheval de course. C’est le plus rapide de tous les chevaux ; mais souvent il pèche par le fond et la sûreté des allures. Outre les courses auxquelles il est spécialement destiné, il sert aussi comme producteur dans les haras. Voy. Courses, Étalon, Haras.

Cheval de selle. Il doit avoir la tête légère et bien attachée, le front large, les naseaux bien ouverts, les yeux vifs et ardents, l’encolure plutôt courte que longue, presque droite et bien fournie ; la poitrine longue et haute, le garrot bien sorti, les épaules dégagées et inclinées, la croupe horizontale et bien musclée, les jarrets larges, évidés et un peu coudés, les avant-bras courts et les paturons longs, le pied bien fait et un peu large au talon. Il doit être souple dans ses mouvements, sensible à l’action de l’homme, réunir la vitesse à la solidité. Le cheval arabe (Voy. ci-dessus) et après lui les chevaux persans et andalous réunissent ces qualités au plus haut degré. En France, les chevaux de race limousine ou de race normande croisée avec la race anglaise sont les meilleurs pour la selle. Le hunter ou cheval de chasse anglais, d’un tempérament plus vigoureux et d’une sûreté d’allures plus grande que le cheval de course, atteint presque à la perfection comme cheval de selle. Dans l’équitation d’agrément, on recherche avant tout l’élégance, les allures douces et cadencées. — Le Cheval de dame devra être parfaitement sûr et solide des jambes de devant, d’une entière docilité à la main, sans humeur ou excès de sensibilité, habitué aux aides de la cravache, calme et sage au milieu de chevaux turbulents, plutôt grand que petit ; enfin dressé soigneusement et exprès, avec la selle à fourches, à des allures franches et régulières. Voy. Équitation, Harnais, Harnachement, Manège.

Cheval de trait. On distingue le cheval de gros trait, de trait moyen et de trait léger. Aux deux premières classes appartiennent les chevaux d’agriculture ou de labour, ceux du roulage et la plupart de ceux appliqués au service des diligences, de la poste et des omnibus. Le cheval de trait léger commence au carrossier et finit au cheval de tilbury et même au poney d’attelage. Les caractères généraux du cheval de labour, de gros trait ou de roulage sont les suivants : tête forte, mais courte ; encolure courte, épaisse, avec une forte crinière, garrot charnu ; dos et reins courts, larges et bien musclés ; côtes rondes, flancs courts et pleins, épaules charnues, croupe double fortement musclée ; membres courts, forts et d’aplomb ; poitrail large puissamment musclé ; formes générales empâtées ; muscles et os peu saillants ; peau épaisse et couverte de poils abondants ; taille, 1m,60 à 1m,70. Son tempérament doit être plutôt lymphatique que nerveux et sanguin. L’énergie et la vigueur l’emporteront sur l’excitabilité et seront accompagnées de persévérance et de durée. Le cheval boulonnais (Voy. ci-dessus) peut être considéré comme le plus beau type de gros trait qu’on connaisse. Ces qualités conviennent particulièrement au cheval de charrette, au limonier surtout (Voy. Charrette). Les formes sont un peu moins massives pour le cheval de poste et de diligence : l’encolure est plus longue, l’épaule plus inclinée, les membres plus dégagés, sans être moins solides ; la poitrine est plus profonde, le garrot mieux sorti et la tête moins lourde. — Le carrossier doit réunir l’élégance des formes aux caractères de la force et de la vitesse : beau poitrail, encolure haute, avant-bras et paturon plus longs que chez le cheval de trait moyen, croupe bien fournie et bien musclée ; de la vivacité dans les mouvements, allures brillantes, excitabilité suffisante ; taille de 1m,55 à 1m,65. Le cheval de coupé, de cabriolet ou de tilbury, sera un peu plus petit et se rapprochera davantage du cheval de selle : il n’en différera que par des reins plus courts et plus forts, et par des membres antérieurs plus solides. Ces qualités sont surtout celles du cheval à deux fins. Voy. Cocher, Ménage des voitures, Harnais, etc.

(Législation). Les chevaux ne sont pas réputés meubles (C. Nap., art. 533). Le vol d’un cheval sur la voie publique peut être puni d’un emprisonnement de 1 à 5 ans et d’une amende de 16 à 500 fr., sans préjudice de l’action civile de la partie lésée (C. pén., art. 388). Les mêmes peines sont infligées à celui qui aurait empoisonné volontairement le cheval d’autrui. S’il l’a tué sans nécessité, il peut être puni d’un emprisonnement de 6 jours à 6 mois (C. pénal, art. 452 et 453). Voy. Animaux domestiques et au Supplément l’art. Voitures.

Fumier de cheval. Voy. Fumier.

Viande de cheval. Voy. Viande.

Société pour l’amélioration des races de chevaux, dite vulgairement Jockey-Club, à Paris, rue Scribe, 1 bis. Voy. Courses et Supplément.

Cheval fondu (Jeux d’enfants)

Les joueurs sont divisés en deux troupes composées chacune de 3, 4, 5 acteurs, rarement plus, et plutôt 3 que 5. Les deux troupes remplissent alternativement le rôle de chevaux et celui de cavaliers ; c’est le sort qui décide quels sont les joueurs qui seront cavaliers ou chevaux les premiers. En dehors du jeu, il y a un acteur passif, qui consent à remplir le rôle de la mère ; ses fonctions consistent à s’asseoir sur un siège quelconque, et à rester ferme et tranquille dans cette position, le dos solidement appuyé contre un objet qui ne fléchisse point. Alors les joueurs que le sort a désignés pour le rôle de chevaux, se rangent à la file l’un de l’autre de la manière suivante : l’un d’eux, c’est ordinairement le plus vigoureux, vient se placer le dos courbé, les bras et le front appuyés sur les genoux de la mère, voilà le premier cheval. Le second cheval prend une position semblable, mais il a les mains et la tête appuyées sur l’extrémité du dos du premier cheval. Le troisième fait de même à la suite du second. Maintenant viennent les cavaliers ou les sauteurs. C’est le plus habile qui saute le premier, parce qu’il faut que son élan le porte sur le cheval qui a les genoux de la mère pour appui, afin de ménager une place suffisante aux cavaliers qui vont sauter après lui. Aussitôt que le dernier sauteur est en place, il doit frapper rapidement trois fois dans ses mains, et au troisième coup les cavaliers descendent, pour continuer leur rôle de sauteurs ; ils ont également le droit de conserver ce rôle, si les chevaux fondent, c.-à-d. s’affaissent sous le poids des cavaliers. Mais si l’un des sauteurs, ayant mal pris ses mesures et chancelant sur son cheval, se laisse tomber de côté ou seulement touche la terre du pied, ou bien encore si tous les cavaliers une fois en place ne peuvent pas se maintenir réciproquement pendant le temps voulu, dans chacun de ces cas, ils perdent leur rang de cavaliers et deviennent chevaux à leur tour. — Ce jeu, qui est spécialement à l’usage des jeunes gens, doit rester à peu près dans les limites qui viennent d’être indiquées, pour qu’il ne dégénère pas en tours de force et n’amène pas des accidents quelquefois fâcheux. Il a donc besoin d’être réglé et surveillé. Si le nombre des joueurs de chaque troupe était trop considérable, il y aurait de la part des cavaliers des efforts plus grands à faire, des élans plus impétueux à prendre, et les chances de quelque mauvais coup seraient aussi bien pour les joueurs de dessus que pour ceux de dessous.

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