Chaume

(Agriculture). Dans tous les pays, même dans ceux où la culture est le plus avancée, les chaumes sont, après la moisson et jusqu’aux regains, une précieuse ressource pour le pâturage des moutons ; dans bien des localités, il n’y en a pas d’autre jusqu’à la fin de l’hiver pour le troupeau, lorsque les prés lui sont interdits et que les landes lui font défaut. Les meilleurs chaumes pour le pâturage des moutons sont d’abord ceux d’avoine, dans lesquels il faut mettre le troupeau aussitôt après l’enlèvement de la récolte, afin qu’il profite du glanage de cette céréale, qui convient mieux que celui des autres grains au tempérament des bêtes ovines. C’est, d’ailleurs, dans les chaumes d’avoine que les troupeaux trouvent le pâturage le plus abondant en verdure à l’issue de la moisson, parce que cette céréale est rarement cultivée dans les conditions de propreté et de netteté du sol, qui sont exigées pour les froments et les autres grains employés à la panification. Plus tard, lorsque les pluies ont fait pousser l’herbe dans les chaumes de blés, on y met les troupeaux ; ils y trouvent pour toute l’arrière-saison un pâturage aussi sain qu’abondant. — Dans les champs moissonnés à la sape ou à la faux, la longueur du chaume n’excède pas 0m,05. Aussi, lorsqu’une luzerne, un trèfle ou toute autre plante fourragère, a été semée avec la céréale, la moisson doit être faite à l’aide d’un de ces deux instruments, préférablement à la faucille, qui laisse des éteules de 0m,20 à 0m,40. Ces grands chaumes, qui se retrouveraient l’année suivante dans la nouvelle prairie, seraient tranchés par la faux et même à la première coupe du fourrage auquel ils retiraient une partie de sa valeur. D’un autre côté, c’est une véritable perte, même en l’absence d’une prairie artificielle, que de laisser sur pied un chaume de 0m,40, représentant plus de 1 000 kilos de paille par hectare. Aussi, partout où la moisson se fait encore à la faucille, a-t-on l’habitude de recueillir ce chaume après que la récolte est enlevée. Ce double travail ne donne pas lieu à des frais plus considérables que ceux d’une moisson récoltée près du sol. Les moissonneurs à la faucille, qui coupent les blés à 0m,40 ou 0m,50, expédient deux fois plus de besogne que s’ils les coupaient à 0m,15 du sol, et ils entreprennent la moisson d’un hectare de blé au prix de 11 fr. 25 c. à 15 fr., travail dont ils ne se chargeraient pas pour 25 fr. s’il leur fallait moissonner près de terre. — Les ouvriers qui fauchent les chaumes, ou qui les arrachent à l’aide du chaumet (Voy. ce mot), reçoivent pour ce travail 7 fr. 50 c. par hectare. De la sorte, il n’y a pas de paille perdue. Ces chaumes, mis en meules pour l’hiver, servent à faire aux bestiaux une excellente litière ; ils peuvent même, lorsqu’ils sont mêlés au fourrage, être distribués à la crèche où les bêtes choisissent les parties les plus tendres et les plus sapides pour leur alimentation. — On comprend qu’il ne faut conduire les bestiaux dans les champs qu’après qu’on en a enlevé ces grands chaumes ; autrement on s’exposerait à une double perte, celle des tiges saccagées par les pieds des bestiaux, et celle de la main-d’œuvre pour l’extraction des chaumes, laquelle deviendrait d’autant plus difficile et plus chèrement payée que ceux-ci seraient plus gâtés. Voy. Litière et Moisson.

Couverture en chaume. Voy. Toitures.

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