Charrette

(Écon. rurale). La charrette commune à deux roues, composée d’un plancher supporté par deux brancards dans le prolongement desquels est attelé l’un des animaux de trait, est le plus usité des instruments de transport employés par l’agriculture, dans les pays dont le sol est plus ou moins accidenté. Pour soutenir la charge, de quelque nature qu’elle soit, la charrette est garnie des deux côtés de ridelles à claire-voie, formées de montants et de traverses qui se croisent à angles droits. Lorsqu’il s’agit de transporter des fourrages, on adapte à la charrette, qui dans ce cas prend le nom de Guimbarde, deux grands treillages inclinés, formés chacun de 3 montants et de 3 traverses ; l’un de ces treillages penche en avant sur le cheval de brancard, l’autre en arrière de la charrette ; c’est ce qu’on nomme les cornes de la guimbarde. Dans la Grande-Bretagne, où les chemins sont généralement mieux entretenus qu’en France, les cultivateurs se servent, pour le transport des engrais et des denrées, de charrettes dites Gondoles, aussi solides, mais beaucoup plus légères que les nôtres ; les ridelles, au lieu d’être hautes et droites, sont peu élevées et fortement inclinées au dehors. Dans la guimbarde française, toutes les parties sont solidaires ; on ne peut la renverser qu’après avoir dételé le cheval de brancard. Dans la gondole anglaise, les brancards sont indépendants ; en enlevant un boulon et déplaçant une cheville, la gondole se renverse en arrière pour laisser glisser sa charge à terre, sans qu’il soit nécessaire de dételer ; elle fait alors l’office du tombereau. Voy. Tombereau.

La Charrette agricole perfectionnée se compose d’un plancher supporté par 2 roues avec leur essieu ; des panneaux lui tiennent lieu de ridelles ; des cornes de guimbarde s’ajustent à ses deux extrémités ; des ridelles mobiles s’adaptent à volonté aux panneaux de droite et de gauche, selon la nature de la charge à transporter ; deux autres panneaux mis devant et derrière à la place des cornes, transforment la charrette en tombereau ; les brancards sont indépendants, comme dans la gondole anglaise ; la charrette agricole perfectionnée se renverse en arrière sans dételer. Cet excellent modèle tend à remplacer dans tous les pays de grande culture l’ancienne guimbarde plus lourde et bien moins commode.

Pour soutenir une charrette quelconque en équilibre lorsqu’elle n’est point attelée, avec ou sans sa charge, on y adapte deux supports de bois nommés chambrières, qui s’accrochent sous le plancher quand la charrette est attelée ; on les décroche quand la charrette chargée est en repos, afin de soulager le cheval de brancard. — Le bois d’orme est considéré comme le meilleur pour faire les moyeux et les jantes des roues ; les autres parties de la charrette sont faites généralement en bois de chêne. Lorsque l’essieu est de bois, c’est celui de cormier qu’on préfère pour cet usage ; mais presque toujours l’essieu des charrettes est de fer forgé. Les roues sont garnies de bandes de fer ; la largeur des jantes est déterminée par les lois et règlements sur la police du roulage. Voy. Roulage.

L’attelage de la charrette doit réunir des conditions spéciales : ainsi le cheval de brancard ou limonier sera toujours un cheval de grande taille ; le chevillier, qui le précède, sera moins élevé, mais vigoureux et ardent ; le cheval de devant peut être encore plus petit, mais il doit être surtout vif et intelligent. — Le chargement doit être, au tant que possible, sur l’essieu ; il sera moins élevé que celui d’un chariot, surtout si la route est inégale et mauvaise ; il sera toujours bien équilibré, de manière que dans la descente il n’écrase pas le limonier et ne l’enlève pas dans les montées (Voy. Charretier). Le ménage de la charrette est d’ailleurs plus facile que celui de tout autre véhicule : la marche directe, les tournées, les conversions s’exécutent sans aucune peine. Pour le recul, opération toujours pénible pour le cheval de brancard, on touchera légèrement le cheval aux jambes de devant pour les lui faire déplacer et on se gardera surtout de le frapper sur la tête : on peut aussi aider au reculement en agissant tantôt sur une roue, tantôt sur l’autre et en calant alternativement celle qui sert de point d’appui. Si la charrette se trouve prise dans une ornière sans pouvoir avancer ni reculer, il faut chercher avant tout de quel côté est l’obstacle et le faire disparaître s’il est possible : tantôt on attellera au sommet de la roue, tantôt on tirera vivement à quartier ou en arrière, après avoir dégagé la roue de manière à lui faire un plan incliné ; on allégera, s’il le faut, la charrette d’une partie de la charge, et on calera les roues ; enfin on pourra atteler la charrette embourbée au derrière d’une autre qui fera l’office de levier.

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