Cerisier

(Horticulture). On peut planter cet arbre dans les terrains les moins fertiles, pourvu qu’ils ne soient ni trop humides ni trop argileux ; c’est sous ce rapport le moins exigeant des arbres à fruits à noyau. Il est habituellement cultivé en plein vent, à demi-tige ou à haute tige. On multiplie les bonnes espèces par la greffe sur les sujets obtenus du semis des noyaux de la Merise ou Cerise sauvage. Quand le Cerisier doit vivre dans un terrain crayeux ou un terrain marneux, dans lequel domine l’élément calcaire, il vaut mieux le greffer sur des sujets de Mahaleb ou Bois de Sainte-Lucie. Le Cerisier, n’importe sur quels sujets, se greffe en écusson, à œil dormant (Voy. Greffe). Les branches du Cerisier se couvrent naturellement de boutons à fruits sans y être provoquées par la taille : comme tous les bois gommeux, il craint le fer. On peut donc, quand on a établi la tête de l’arbre sur 3 ou 4 bonnes branches, le livrer à lui-même sans autre soin que de retrancher le bois mort. Si l’on veut rajeunir un arbre épuisé, on coupe les grosses branches à quelque distance du tronc, et, à l’automne de l’année suivante, on place des écussons sur quelques-uns des plus gros bourgeons qui ont poussé. On évite ainsi les décollements qui ont souvent lieu quand on opère par la greffe en fente.

Les Cerisiers forment 3 groupes aussi nettement distincts par l’aspect général des arbres que par la forme, la couleur et les propriétés de leurs fruits : 1° Cerisiers proprement dits, à fruits toujours acides, à branches entrelacées, souples, plus ou moins retombantes : la cerise de Montmorency offre un type parfait des fruits de cette division ; 2° Cerisiers anglais, à fruits aigre-doux, à branches fortes, toujours redressées, plus ou moins divergentes sous des angles très peu ouverts : type principal, la cerise anglaise dite May-duke ; 3° Bigarreautiers et Guigniers, à fruits toujours doux, un peu fade, à chair cassante, à rameaux étalés, divergents sous des angles très-ouverts. Les meilleures espèces sont : parmi les Cerisiers proprement dits, le Gros-Gobet, la Courte queue, ou C. de Montmorency ; le Griottier de Portugal et le C. Reine Hortense ; ce dernier passe pour donner la meilleure cerise connue, également belle et bonne ; parmi les anglais, le May-duke, le Cherry-duke et le Hollmans-duke, auquel il faut ajouter le C. Tempétard, de Liége ; et parmi les bigarreautiers, le B. Napoléon, le B. hâtif et le B. Gros-Cœuret ; ce dernier donne les plus gros fruits de tout son groupe.

Les Cerisiers proprement dits occupant beaucoup d’espace, chargeant peu et ne donnant d’excellents fruits que dans un âge assez avancé, les horticulteurs les abandonnent de plus en plus pour les Cerisiers anglais qui occupent moins de place, et qui chargent beaucoup à peu près tous les ans et de très-bonne heure. Les Cerisiers anglais peuvent, ainsi que la Reine Hortense, être plantés en espalier ; leurs fruits sont, dans ce cas, plus beaux et plus précoces que ceux de même espèce récoltés sur des arbres en plein vent.

Lorsqu’on achète un Cerisier de plusieurs années de greffe, il peut porter fruit l’année même où il a été transplanté ; mais son premier et le plus souvent son second fruit ne valent rien. Ce n’est qu’à sa seconde ou troisième fructification, quand les racines de l’arbre se sont bien établies dans sa nouvelle situation, que la cerise, quelle qu’en soit l’espèce, possède toutes les qualités qui lui sont propres. L’acheteur, lorsqu’il ignore cette particularité, peut se croire, bien à tort, trompé par le pépiniériste, alors qu’on lui a réellement livré les variétés qu’il désirait acquérir. L’acheteur devra examiner la partie supérieure du tronc, pour s’assurer que le Cerisier n’a pas été greffé à deux reprises, ce qui en compromet plus ou moins la durée.

Dans les verges principalement consacrées aux arbres fruitiers à cidre et qui sont situés assez près des grandes villes pour que la vente des cerises soit assurée, il est avantageux de planter un Cerisier de bonne espèce entre deux pommiers ou deux poiriers. Ces Cerisiers, dont la croissance est beaucoup plus rapide que celle des arbres fruitiers à cidre, occupent utilement le terrain pendant que leurs voisins grandissent : dès la seconde année, ils donnent du fruit, et d’année en année ils deviennent de plus en plus productifs. À l’âge de 20 ou 25 ans, lorsque leur voisinage devient gênant pour les poiriers et les pommiers, on supprime les Cerisiers qui ont pris alors toute leur croissance, et dont le bois a une assez grande valeur pour l’ébénisterie commune. Les Cerisiers d’espèce très-précoce, d’origine anglaise, sont les meilleurs à intercaler entre les arbres à cidre, non-seulement parce que leur fruit, mûr de très-bonne heure, se vend mieux que les cerises tardives, mais encore parce qu’ils occupent moins d’espace que les autres.

Choix des meilleurs Cerisiers pour le climat de Paris. — Cerisiers précoces : Cerise hâtive d’Angleterre (May-duke), mûrit en juin ; excellente ; Cerise admirable de Soissons, très-belle, mais de médiocre qualité : Cerise guigne, à gros fruit rouge, belle et productive ; mûrit en juin ; Cerise anglaise (Hollmans-duke), excellente ; mûrit en juillet. La première et la dernière de cette série conviennent également pour plein vent et pour espalier ; ce sont les meilleures de toutes pour confitures.

Cerisiers intermédiaires : Cerise Reine Hortense, la plus belle et la meilleure de toutes ; Cerise belle de Chatenay, de 1re qualité ; Cerise de Portugal ou royale de Hollande, de 1re qualité ; Cerise de Montmorency, à courte queue, très-bonne, mais peu productive. Les cerises de cette série sont de pleine saison, également bonnes pour confitures et pour être mangées crues. Elles ne conviennent que pour plein vent et pyramide.

Cerisiers tardifs : Cerise Cherry-duke, la meilleure des espèces tardives, très-productive : Cerise tardive du Mans, de 1re qualité ; Cerise noire tardive, de 1re qualité ; Cerise du Nord tardive. Ces trois dernières espèces sont trop acides pour être mangées crues. On en fait des confitures, dont le principal mérite est de se conserver longtemps.

Cerisiers d’ornement. — Dans les jardins paysagers, on cultive, comme arbres d’ornement, le Cerisier à fleurs doubles et le Cerise à feuilles de pêcher. — Le Cerise à fleurs doubles est un arbre de 3e grandeur qui se greffe sur le Cerisier et le Merisier : il demande un terrain léger et l’exposition du midi ; ses fleurs, semblables à de petites roses blanches, apparaissent en avril. Une variété à fleurs semi-doubles donne des fruits d’un très beau rouge, mais qui ne sont pas mangeables. — Le Cerise à feuilles de pêcher est un arbre de 1re grandeur, très rustique, et dont le bois peut remplacer celui du Merisier pour les ouvrages d’ébénisterie : ses fleurs sont disposées en bouquet.

Cerisier des Antilles. Voy. Malpighier.

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