Cave

(Écon. domest.). Une cave doit être fraîche sans être humide. Les meilleures caves sont celles où la température se maintient à peu près constamment à 10° ou 12° au-dessus de zéro. Lorsqu’il y a dans une cave un excès d’humidité, on remédie à cet inconvénient en faisant drainer le sol, ou bien en établissant un ou plusieurs fossés de 0m, 60 de profondeur sur 0m,40 de large, dans lesquels on dépose une couche de cailloux de 0m,15 à 0m,20 d’épaisseur et qu’on achève de combler avec la terre qui en a été retirée. En dehors de la maison, on continue le fossé, en lui donnant une légère pente jusqu’à ce qu’il rencontre un écoulement. Il suffit quelquefois, pour combattre les effets de l’humidité, de défoncer le sol de la cave à une profondeur de 0m,40, de remplir ce défoncement avec de la terre glaise bien battue et de recouvrir cette couche d’un peu de terre bien sèche et d’un lait de chaux très épais. Si les murs ressuent, on établit un courant d’air, en perçant le haut de la porte d’entrée de quelques trous ronds de 0m,05 ou 0m,06 de diamètre, et en même temps on enduit les murs d’un lait de chaux. Le sol de la cave doit être propre, uni et sablé, si c’est possible. Il est important de ne pas y laisser séjourner des immondices, des détruits de légumes, des bois verts, des substances fermentescibles, dont la mauvaise odeur peut nuire au vin.

On établit le long d’une partie des murs de la cave des compartiments destinés à recevoir les bouteilles pleines. Ils peuvent être faits soit en maçonnerie en forme de murs en briques ou en pierres, soit avec des planches ou madriers, solidement fixés au mur par des pattes de fer. Ces compartiments auront la longueur d’une latte, et une profondeur égale à la longueur d’une bouteille ; au-dessus, ils seront recouverts de planches où l’on puisse déposer les ustensiles nécessaires au service de la cave. Le long des murs encore, et aux places laissées libres, on fait disposer des planches percées de trous, pour y déposer les bouteilles vides, le goulot renversé, lorsqu’elles ont été lavées et parfaitement égouttées : seulement, c’est autre part que dans la cave qu’il faut procéder à ces opérations. Pour faire égoutter les bouteilles, on peut se servir d’un appareil fort commode connu sous le nom de hérisson. Il se compose d’un pied formé par un bloc de bois dur, au milieu duquel on fixe, au moyen d’une mortaise, un gros montant en bois de chêne de 1m,20 de hauteur et de 0m,10 à 12 de diamètre, rond ou à pans. On perce autour de ce montant, du haut en bas, des trous en pente, dans lesquels on place des chevilles en bois de chêne de 0m,15 à 16 de longueur. Ces chevilles servent à porter les bouteilles vides enfilées par le goulot.

Il faut organiser dans la cave des chantiers destinés à recevoir les barriques. Ils se composent de deux madriers posés bien d’aplomb à la distance de 0m,40 à 45 l’un de l’autre ; on les élève sur des pierres de taille ou d’autres madriers assez épais pour qu’on puisse placer commodément les bouteilles devant les barriques quand il s’agit de tirer le vin. Les barriques doivent être calées avec des coins en bois. Les chantiers seront placés de façon qu’on puisse circuler derrière les barriques pour s’assurer de leur état de conservation.

La cave doit encore être munie des objets suivants : une tapette pour boucher les bouteilles et une autre à manche long et flexible pour débonder les barriques ; une pompe en fer-blanc pour goûter le vin et s’assurer de son état de conservation ; un entonnoir en bois ou en cuivre pour remplir les barriques à mesure qu’on tire le vin de la cuve ; une chaîne ou un cercle en fer avec une vis de pression qu’on place au besoin autour d’une barrique qui a perdu un ou plusieurs cercles, et en attendant que le tonnelier vienne la réparer ; des cannelles ou robinets en bois ou en cuivre ; un tabouret sur lequel on s’assied pour mettre le vin en bouteilles ; une branche de saule fendue en quatre dans la moitié de sa longueur pour agiter le vin quand on le colle ; on peut aussi avoir une fauge en fer pour mesurer la capacité des futailles, et un broc pour transvaser et mesurer le vin.

À Paris et dans les grandes villes on conserve à la cave le bois à brûler : partout où on peut faire autrement, il vaut mieux placer le bois dans un cellier où il est moins exposé à l’humidité et d’où l’on peut le tirer plus commodément pour les usages particuliers. Voy. Bois et Commissionnaire.

Cave (Législation)

Tout propriétaire d’immeubles peut creuser une ou plusieurs caves sous sa propriété, mais il n’a pas le droit d’en établir sous la propriété du voisin ; celui-ci, s’il n’a pas donné son consentement, peut exiger la suppression immédiate des travaux. On ne peut en établir non plus sous la voie publique, sans autorisation préalable, sous peine, à Paris, d’une amende de 300 fr. On doit creuser et construire les caves de manière à ne nuire en rien à la solidité des constructions voisines ; si, malgré les précautions prises, l’établissement de la cave a causé du dommage, le propriétaire qui l’a fait faire est tenu et peut être obligé judiciairement de réparer le préjudice causé et de faire exécuter des travaux qui en préviennent le retour. Lorsque, pour la construction ou la réparation d’une cave, on est obligé de reprendre en sous-œuvre des murs mitoyens, on ne peut le faire qu’avec le consentement du copropriétaire : si celui-ci refuse, on le fait assigner en justice pour obtenir l’autorisation nécessaire. Si des murs de bâtiments élevés au-dessus du sol sont mitoyens, mais qu’il n’y ait pas de constructions souterraines, celui qui veut faire une cave et la prolonger aux limites extrêmes de la propriété doit reprendre les murs mitoyens à ses frais, sans avoir droit à une indemnité de surcharge, sauf à exiger le payement de la moitié des murs de soubassement par le voisin, si celui-ci venait à en profiter ; si le constructeur ne va pas jusqu’au bout de sa propriété et laisse une distance entre l’aplomb du mur et sa cave, il ne doit pas moins construire un mur pour prévenir l’éboulement des terres et le tassement des murs mitoyens. Lorsque, de l’un ou des deux côtés, il existe des murs mitoyens souterrains, les obligations du constructeur varient suivant le mode de construction de la cave : si la voûte de cette cave est faite en berceau, on doit, élever un contre-mur, de 0m,35 au moins, pour supporter la voûte et l’empêcher, en s’écartant, d’appuyer sur les murs mitoyens et de les détruire ; si la voûte est d’arêtes en lunettes ou cintrée des quatre côtés, il suffit d’établir près du mur mitoyen deux dosserets ou pilastres en saillie destinés à porter le pied des deux arêtes qui se courbent du côté du lit du mur. S’il n’y a aucune construction, ni souterraine ni au-dessus du sol d’aucun côté de la maison où on veut établir une cave, il n’est pas nécessaire de faire un contre-mur. — On peut ouvrir des soupiraux de cave donnant immédiatement sur un héritage voisin ; le propriétaire de celui-ci ne pourrait les faire fermer qu’autant qu’il prouverait en avoir éprouvé un préjudice réel.

Les trappes des caves, situées dans les allées et passages, doivent rester fermées et présenter toutes les garanties de solidité et de sûreté. Une ordonnance de police qui défendrait de placer l’entrée des caves sur la voie publique serait obligatoire, ainsi que celle qui ordonnerait les travaux et précautions nécessaires pour prévenir les dangers de cette disposition vicieuse que l’on rencontre encore dans beaucoup de localités. Est de même obligatoire l’arrêté ou règlement de police qui ordonne, comme cela a lieu à Paris, aux propriétaires de faire vider l’eau qui aurait pénétré dans les caves, et de faire enlever les boues et limons, et qui autorise les locataires à faire exécuter les travaux si le propriétaire ne les fait pas, et à en retenir le prix sur leurs loyers. S’il y a plusieurs caves réparties entre divers locataires et que l’un d’eux obstrue ou gêne d’une manière quelconque le passage qui conduit aux caves des autres, ceux-ci peuvent exiger que le propriétaire rétablisse les communications.

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