Cartes géographiques

(Enseignement). Les procédés pratiques dont la connaissance est nécessaire aux élèves pour tracer et dessiner ces cartes sont fort simples et très faciles à comprendre. La première chose à faire quand on copie une carte c’est d’en tracer le cadre. Il suffit pour cela de prendre sur le modèle des mesures justes au moyen d’un compas, de marquer sur le papier des points qui indiquent l’extrémité de ces mesures et de réunir ces points par des lignes. Les méridiens et les parallèles peuvent se représenter par des lignes droites : on marque deux points pour chacun, après avoir pris les distances convenables, et, au moyen d’une règle et d’un crayon, on réunit ces deux points par une ligne droite. Pour les degrés de latitude, ces lignes sont parallèles entre elles ; pour les degrés de longitude, elles vont en convergeant, d’après le rapprochement des méridiens aux différentes latitudes. Si, pour plus d’exactitude, on veut représenter les méridiens et les parallèles par des lignes courbes, il est encore assez facile de les tracer, en déterminant trois ou quatre points pour chacun d’eux et en décrivant ensuite cette courbe au moyen d’une petite règle flexible, une tige de baleine p. ex. — Si au lieu de conserver exactement les dimensions du modèle, on veut augmenter ces dimensions, les doubler, les tripler, on n’a qu’à doubler, qu’à tripler toutes les distances du modèle, ce qui s’exécute à l’aide d’un compas ordinaire. Pour dessiner une carte dans des dimensions plus petites que celles du modèle, une carte qui serait la moitié, le tiers de ce modèle, on réduira dans les mêmes proportions toutes les distances du modèle ; ce qu’on peut faire par tâtonnement au moyen d’un compas ordinaire, mais ce qu’on fait très exactement à l’aide d’un compas de réduction dont on a bientôt appris l’usage. Il faut remarquer qu’en doublant, en triplant les dimensions, on rend la surface de la carte 4 fois, 9 fois plus grande, et qu’en les réduisant à la moitié, au tiers, on rend cette surface 4 fois, 9 fois plus petite.

Quand on a tracé le cadre de la carte, ainsi que les méridiens et les parallèles, on dessine ou on écrit dans chacun des carrés ou quadrilatères formés par ces lignes les détails qui se trouvent dessinés ou écrits dans le quadrilatère correspondant du modèle. On peut esquisser d’abord au crayon les contours des continents, des contrées, des îles, le cours des fleuves, et on finit ensuite le dessin à l’encre de Chine. C’est aussi avec cette encre, dont on varie les teintes, qu’on figure les mers et les chaînes de montagnes. On emploie les couleurs délayées dans l’eau pour colorier en teintes plates la surface des contrées ou pour marquer les limites de ces contrées par de simples liserés (Voy. Coloriage). On fait usage de différents genres d’écriture dans le dessin des cartes. Les lettres moulées, qu’on appelle capitales à jour, s’emploient surtout pour les noms des grandes mers, des parties du monde, des États importants. On emploie aussi les lettres moulées, mais noires et pleines, pour les mers et les États secondaires, pour les chaînes de montagnes, les villes capitales. Enfin on fait usage des lettres italiques ou de l’écriture cursive pour les villes secondaires, les montagnes isolées, les lacs, les fleuves et les divers accidents géographiques, tels que golfes, détroits, caps, etc. Les noms des chaînes de montagnes et des fleuves doivent être répétés au besoin, afin qu’une chaîne de montagnes ne puisse pas être confondue avec une autre qui l’avoisine, ni un fleuve avec un de ses affluents.

Cartes murales. Ces cartes se vendent en feuilles ou montées sur toile et sur rouleaux. Quand on les achète en feuilles, on peut les coller sur un mur en ayant soin d’appliquer d’abord sur ce mur une couche de peinture à la chaux et d’y coller ensuite du papier gris. C’est le moyen le plus économique de faire usage de ces cartes, mais non le meilleur pour les conserver longtemps en bon état, exposées qu’elles sont à la poussière et souvent à l’humidité. Les cartes montées sur rouleaux sont bien préférables, parce qu’on ne les laisse talées que pendant le temps des leçons ; mais elles sont d’un prix beaucoup plus élevé. Il y a un moyen de suppléer aux unes et aux autres ; c’est de dessiner et de peindre sur le mur même des cartes de grande dimension d’après un modèle plus petit. Ce travail peut être exécuté aisément surtout quand il a pour objet des cartes muettes. Les murs, dans la plupart des écoles primaires, offrent une surface suffisante pour qu’on puisse y représenter dans des proportions convenables les trois cartes les plus importantes, la carte d’Europe, la carte de France et la mappemonde.

Carte d’Europe. En admettant que la carte qui doit servir de modèle ait 0m,90 de longueur et 0m,60 de hauteur, on obtiendra, en quadruplant ces dimensions, 3m,60 et 2m,40, ce qui donne une surface de 8m.c.,64. Pour tracer le cadre de la carte, on se sert d’abord d’une corde blanchie à la craie ; on cherche une horizontale à l’aide d’un niveau, et l’on tend la corde dans cette direction. Quand elle est bien tendue, on la pince au milieu, en l’écartant du mur ; la corde, en retombant, laisse une empreinte qu’on remplace, au moyen de la règle, par une ligne tracée au crayon noir ou à la pierre noire. On élève alors deux verticales aux extrémités avec une équerre, et on trace les lignes d’abord avec la corde blanchie, puis avec la règle. On termine le rectangle par le haut. — Le cadre ainsi indiqué, on trace de la même manière les degrés de longitude et de latitude, et il ne reste plus qu’à copier, carreau par carreau, tout ce qui est indiqué sur le modèle. D’abord, on trace au crayon : 1° le trait du littoral, en indiquant les principaux accidents, sans trop multiplier les contours sinueux ; 2° la séparation des États limitrophes ; 3° les îles ; 4° les fleuves et les rivières principales, en indiquant les premiers par deux lignes parallèles, et les secondes par un seul trait ; 5° les montagnes ; 6° les villes principales ; les capitales seront désignées par deux cercles concentriques, et les autres villes par un seul cercle. — La carte murale étant ainsi dessinée, il faut remplacer le trait au crayon par un trait au pinceau avec des couleurs à l’huile. Pour cela, on se procure deux brosses, l’une fine, l’autre plate, et quelques couleurs préparées avec soin, du noir d’ivoire, du bleu de Prusse, du vermillon, de l’ocre jaune et de la laque carminée ; on obtient différentes teintes en combinant entre elles les couleurs : si, p. ex., on mélange 1 p. de vermillon avec 4 p. d’ocre jaune, on obtient une belle couleur orange ; 1 p. de laque carminée et 3 p. de bleu de Prusse donnent une couleur violette dont on peut modifier la teinte avec un peu d’ocre jaune. On se sert de la brosse fine pour peindre le littoral, les limites, les îles, les montagnes, les fleuves et les villes. On emploie le noir d’ivoire mélangé avec un peu de bleu pour les fleuves et les rivières, et le vermillon pur pour les villes. Les montagnes s’ombrent avec de l’ocre, du vermillon et du noir d’ivoire mélangés et combinés. On fait usage de la brosse plate pour peindre la mer en bleu ou en vert très clair ; il faut que la teinte soit très légère. Enfin on encadre la carte dans une bordure noire, et l’on indique par des chiffres les degrés de longitude et de latitude. Il est utile de faire remarquer que les couleurs à la détrempe conviennent mieux que les couleurs à l’huile, lorsque le mur est peint à la chaux et à la colle.

Carte de France. En admettant que la carte qui sert de modèle ait 0m,80 de largeur sur 0m,60 de hauteur, on aura, en quadruplant ces dimensions, une carte murale de 7m.c.,68. Les dimensions, de même que pour la carte d’Europe, ne sont données que comme exemple ; on peut les diminuer ou les augmenter, suivant la surface plus ou moins étendue dont on dispose et suivant la grandeur du modèle. Dans le tracé et le dessin de la carte de France, on suivra les mêmes procédés que pour la carte d’Europe. Si la carte qui sert de modèle renferme à la fois l’ancienne division en provinces et la nouvelle division en départements, il faut indiquer les provinces par un trait assez prononcé d’une couleur uniforme, en bleu, p. ex., et les départements par un trait plus léger d’une couleur différente et tranchée, par un trait de vermillon.

Mappemonde. C’est une carte qui représente la terre divisée en 2 hémisphères. Pour reproduire sur le mur le modèle qu’on a adopté, on commence par tracer sur ce mur une ligne horizontale d’une certaine longueur, qu’on divise en 2 parties égales : chacune de ces parties est le diamètre d’un des hémisphères. Si, p. ex., la ligne tracée a 4 mèt. de longueur, chaque diamètre sera de 2 mèt. : or, la surface d’un cercle de 2 mèt. de diamètre ou de 1 mèt. de rayon étant à peu près de 3 mètres carrés , on aura, pour la surface de la mappemonde, 6 mètres carrés . Chaque diamètre sera divisé à son tour en 2 parties égales, ce qui donne les centres des deux hémisphères. De ces deux centres successivement, et avec un rayon de 1 mètre , on décrit deux circonférences qui ne doivent se toucher qu’en un seul point. Pour tracer ces circonférences, on se sert d’une ficelle : l’un des bouts étant tenu fixé avec la main gauche au centre de l’hémisphère, on saisit l’autre bout de la main droite qui tient aussi un morceau de craie ou de crayon, et l’on trace la circonférence en faisant agir la main droite et en maintenant la ficelle toujours bien tendue. Au centre de chacun des hémisphères, on élève une verticale qui indique les pôles. Les deux hémisphères, se trouvent ainsi divisés en 4 arcs de cercle de 90 degrés. Par le tâtonnement, on divise chaque quart de circonférence en 9 parties égales, ainsi que tous les rayons. Il ne s’agit plus que de faire passer des arcs de cercle par les points correspondants. On numérote tous les points de division sur chaque rayon, de manière que le point 1 se trouve près du pôle et le point 9 près de la ligne horizontale que l’on a tracée d’abord, et qui maintenant représente l’équateur. On prolonge la verticale qui passe par les pôles, et l’on cherche par le tâtonnement un point sur cette ligne, tel que la distance aux trois points 9 soit la même. C ’est le centre de l’arc de cercle qui doit passer par ces trois points. De ce point, comme centre et avec une corde, on décrit l’arc de cercle ; on cherche ensuite le centre de l’arc qui doit passer par les trois points numérotés 8, et ainsi de suite jusqu’au dernier, qui a pour centre le pôle lui-même. Comme les quatre demi-cercles sont égaux, le travail qui a été fait pour le premier convient aux trois autres, et il n’y a plus qu’à marquer les mêmes distances. Ces arcs de cercle sont les parallèles. Maintenant pour tracer les demi-cercles qui doivent passer par les pôles et par les divisions de l’équateur, il faut chercher le centre sur l’équateur ou sur son prolongement, ce qui n’offre aucune difficulté, lorsque la division en 9 parties, de chaque rayon de l’équateur, est déjà faite exactement. Une fois que les parallèles et les méridiens sont tracés, il n’y a plus qu’à dessiner, dans chaque quadrilatère, ce qui est contenu dans le quadrilatère correspondant de la carte modèle. On ne marque que les limites des États et les principaux fleuves. Les villes capitales sont désignées par un point. Les cinq parties du monde sont indiquées par une couleur différente, et le contour des îles est peint de la même couleur que la partie du monde à laquelle elles appartiennent. — Si, au lieu d’une mappemonde, on prend pour modèle un planisphère, on suit, dans le tracé de la carte, les mêmes procédés que pour la carte d’Europe.

Laisser un commentaire