Cachemire

(Commerce, Économie domestique). Le duvet de cachemire brut est gris, fin, soyeux, élastique et gras au toucher. Il contient quelques poils de jarre grisâtre et des pellicules qui semblent être de petits morceaux de la peau de l’animal. Quand il a été blanchi, il a l’aspect et la finesse de la plus belle laine et l’éclat de la soie blanche. À l’état brut il se vend en Russie de 8 à 12 fr. le kilog. ; filé et préparé il vaut de 35 à 40 fr. le 1/2 kilog. — C’est avec ce duvet qu’on fabrique les tissus de cachemire et les châles dits cachemires. — Les tissus servent à faire des robes, des gilets, des fichus et même des châles auxquels on rapporte des bordures fabriquées à part. Quant aux châles proprement dits, on distingue les cachemires de l’Inde, les cachemires français et les cachemires indous.

Cachemires de l’Inde. Ces châles, dont le prix extrêmement variable et quelquefois exorbitant, est de pure convention, ne sont qu’un composé de mille morceaux exécutés séparément et réunis ensuite par des procédés qui constituent une industrie particulière. La plupart de ces châles ont été portés avant que d’être envoyés en Europe : aussi ont-ils souvent besoin de subir diverses réparations dont ne se doutent guère les dames élégantes qui les achètent. Sans parler des reprises, du nettoyage et de l’apprêt que réclame presque toujours le tissu du châle, des femmes appelées pinceauteuses ont pour industrie spéciale de raviver ou même de repeindre entièrement au pinceau les couleurs effacées. Malgré ces imperfections, malgré la lourdeur de l’étoffe et l’irrégularité du dessin, les cachemires de l’Inde sont toujours préférés et conservent leur prix. Un châle carré ordinaire vaut de 300 à 1 500 fr. les plus beaux s’élèvent à 4 000 fr. et plus. Un châle long ordinaire vaut de 500 à 1 500 fr. ; les plus beaux se vendent 5 et 6 000 fr. — Il y a en outre des cachemires rayés (de 100 à 800 fr.), brodés (de 100 à 1 200 fr.), des stellas (de 80 à 500 fr.), etc.

Cachemires français. Ils sont découpés à l’envers. Ce découpage, qui ne nuit en rien à leur solidité et qui empêche qu’on les confonde avec les cachemires de l’Inde, est une conséquence de leur fabrication. Le tissu est fait au lancé, comme de la toile, sur une tire ou sur un métier à la Jacquart ; puis il est brodé ou broché par un travail analogue à celui de la tapisserie (spoulinage) et qui laisse à l’envers une quantité considérable de fils inutiles que l’on enlève quand le châle est terminé. — Les cachemires, façon de l’Inde, exécutés en France ne sont point découpés à l’envers et, à la première vue, ils ressemblent tout à fait à un cachemire de l’Inde : ils leur sont même supérieurs en ce qu’ils sont d’une seule pièce et qu’ils ont une bordure plus riche et un dessin plus régulier ; cependant par le caprice de la mode ils sont moins estimés que les cachemires qui viennent de l’Inde. — Le prix des cachemires français varie depuis 40 et 50 fr. jusqu’à 2 000 fr.

Cachemires indous. Ces châles communs renferment fort peu de cachemire : la chaîne est en bourre de soie et le broché en laine ; la trame seule est en cachemire.

Les châles se conservent dans leurs plis ; ceux qu’on ne porte pas souvent doivent au moins une fois par semaine être déployés, secoués et brossés au besoin avec une brosse très douce, afin d’éviter qu’ils soient attaqués par les insectes. Ces moyens sont suffisants ; ils dispensent de recourir au poivre, au camphre et au vétiver, substances qui ont l’inconvénient de donner aux châles une odeur peu agréable, et qui ne les garantissent jamais sûrement.

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