Boutures

(Horticulture). Il n’y a qu’un très petit nombre de végétaux qui se refusent à la multiplication par bouture ; presque toutes les plantes d’ornement ou d’utilité cultivées dans les jardins, peuvent être propagées de cette manière. Au point de vue pratique, on distingue 3 genres de boutures : 1° B. à l’air libre ; 2° B. sous cloche, ou à l’étouffée ; 3° B. de racines.

1° Boutures à l’air libre. Quand les boutures à l’air libre se font avec de grosses branches, détachées d’arbres qui s’enracinent facilement, comme les Saules et les Peupliers, on les nomme boutures en plançon. Elles consistent en un rameau qui peut avoir de 4 à 5 mèt. de haut ; ce rameau est émondé légèrement au sommet, effilé par le bas, placé dans un trou vertical qu’on pratique au moyen d’un pieu ou même d’une barre de fer, et ensuite maintenu par un bon tuteur. La bouture en plançon est surtout usitée dans la grande culture. On nomme bouture simple, celle qui se fait avec des tronçons de 0 m,15 à 0 m,25, coupés sur des rameaux de l’année précédente, bien aoûtés, c.-à-d. passés complètement à l’état ligneux. Ces boutures se mettent en place au commencement d’avril, dans une plate-bande bien labourée et recouverte d’un bon paillis, litière brisée ou feuilles sèches. Ce genre de bouture est le plus usité pour la multiplication des arbres et arbustes d’ornement qui poussent en pleine terre. Après la mise en place, il n’exige d’autre soin que celui de maintenir par les arrosages le sol suffisamment humide. Quelques végétaux ligneux qui s’enracinent difficilement, ne sont bouturés qu’après qu’on a provoqué par une ligature en fil de fer la formation d’un bourrelet ; l’année suivante, les branches, ainsi disposées, sont employées comme boutures ; le bourrelet aide beaucoup à l’émission des racines. Sur les arbres ou arbustes assez vigoureux pour qu’on puisse sans inconvénient les traiter avec peu de ménagement, la branche qui doit servir de bouture est non pas coupée, mais arrachée ; elle entraîne ainsi avec elle son empâtement, c.-à-d. le gonflement plus ou moins saillant qui accompagne son insertion sur le rameau où elle est née ; on la nomme dans ce cas, bouture à talon. La Vigne, les Groseilliers, plusieurs Rosiers et une foule d’arbres et d’arbustes, donnent immédiatement par le bouturage des sujets vigoureux, lorsqu’on emploie pour boutures des rameaux ou sarments d’un an, au bas desquels on laisse une portion de bois de deux ans, formant une sorte de crochet : ce sont les boutures à crossette. Pour le Groseillier, par exemple, si l’on bouture des rameaux de 0 m,50 à 0 m,60 de long, il suffit d’enfoncer dans le sol 10 centimètres de leur partie inférieure. Dès que les yeux des rameaux commencent à s’ouvrir, on supprime l’œil terminal et tous ceux qui peuvent exister le long du rameau, sauf les 3 ou 4 les plus rapprochés du sommet ; la bouture se trouve ainsi, dès la fin de sa première année, transformée en un Groseillier tout préparé pour la forme en tête sur une seule tige, forme aussi productive que la forme en buisson, et préférable pour les jardins de peu d’étendue.

2° Boutures sous cloche, ou à l’étouffée. L’emploi de ce moyen a pour objet d’empêcher l’évaporation, de prévenir le dessèchement et la mort de la bouture avant qu’elle ait formé ses racines. Souvent pour rendre ce moyen plus efficace, la bouture faite dans un pot recouvert d’une petite cloche ou tout simplement d’un verre renversé, est en outre placée sous un châssis ou sous une cloche de plus grandes dimensions. Les boutures, dès qu’elles sont enracinées, devant être transplantées dans un nouveau pot rempli de la terre qui convient à chaque genre de plante, il importe peu que celle dans laquelle on les bouture soit plus ou moins fertile ; souvent c’est un sable fin, pur, ou un mélange de sable fin et de terre de bruyère, aisément pénétrable et très favorable à l’émission des jeunes racines. On bouture à l’étouffée non seulement des rameaux, mais aussi de simples feuilles avec leur pédoncule au bas duquel se forme un œil qui devient une plante complète ; c’est surtout ce qui a lieu pour les Orangers et les Citronniers. D’autres plantes herbacées très succulentes, notamment dans les genres Begonia, Gloxinia, Gesneria et Achiménès, s’enracinent en bouturant de simples fragments de feuilles. Les Cactées, spécialement les Cereus, les Opuntia et les Epiphyll s, se bouturent très bien au moyen d’un fragment de la plante, dans laquelle la tige et les feuilles ne sont qu’un seul et même organe. Il faut seulement avoir soin de laisser un jour ou deux se ressuyer la plaie résultant de la coupure, sans quoi elle pourrirait en terre et ne formerait pas de racines. La même précaution est nécessaire pour bouturer les Broméliacées et spécialement l’Ananas (Voy. Ananas). La plupart des boutures faites à l’étouffée ne réussissent qu’au moyen de la chaleur artificielle, proportionnée au tempérament des végétaux bouturés, selon qu’ils appartiennent à l’orangerie ou bien à la serre froide, tempérée ou chaude. Dans l’intérieur des appartements, on peut multiplier les plantes d’ornement qui viennent d’être indiquées en les bouturant dans de petits pots recouverts chacun d’un verre à boire renversé, et placés tous ensemble sous une grande verrine à réservoir d’eau chauffée par-dessous au moyen d’une forte lampe à esprit-de-vin ; cette verrine porte le nom de Serre de salon.

3° Boutures de racines. Plusieurs arbres exotiques, surtout ceux des genres Podocarpus et Araucaria, ne sont facilement multipliés qu’autant qu’on emploie pour boutures des tronçons, non pas de leurs tiges, mais de leurs racines ; ces tronçons émettent d’une part de jeunes racines, de l’autre des bourgeons qui deviennent des sujets semblables à la plante mère.

La multiplication par éclat des pieds a pour objet de détacher d’un végétal une portion de racine munie de bourgeons, pour la remettre en terre afin d’en obtenir un végétal nouveau. Elle est bonne pour les plantes qui ne produisent que peu de graines, p. ex., les Juliennes à fleurs doubles. Cette opération exige des précautions, et une grande pratique de l’horticulture. Pour certains tubercules vivaces, tels que les Iris, les Pivoines, les Balisiers, etc., il est nécessaire de conserver une partie du collet de la tige qui contient les œilletons, puisque c’est de ce dernier organe que sortira la plante nouvelle. Certaines variétés dont les œilletons sont attachés à des racines fibreuses demandent à être divisées avec une spatule en bois ou avec une serpette bien coupante, tout en ménageant les racines qu’on rafraîchit et qu’il est nécessaire de remettre immédiatement en terre : les Anémones et les Primevères se rangent dans cette dernière catégorie. Voy. aussi Collodion.

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