Asticot

(Pêche). Tout le monde a pu remarquer que, dans les chaudes journées d’été, lorsque de la chair morte reste exposée à l’air libre, elle ne tarde pas à être environnée de ces grosses mouches désignées sous le nom vulgaire de mouches à viande. Ces insectes déposent dans les tissus animaux, les uns de petites larves vivantes presque imperceptibles, les autres des œufs qui ne tardent pas à éclore. Ces petits animaux se développent avec rapidité et en quelques jours, ils parviennent à une longueur de plus d’un centimètre : c’est le ver blanc ou asticot des pêcheurs. Vif et frétillant, gonflé d’une espèce de pulpe blanchâtre, conservant d’ailleurs l’odeur des matières animales en putréfaction dans lesquelles il s’est développé, l’asticot est, pour presque toutes les espèces de poissons, un appât extrêmement attrayant. Cependant, l’usage de ce ver blanc, si connu à Paris, est peu répandu ailleurs, sans doute à cause du dégoût qu’il inspire. Il serait à désirer pourtant que le grand nombre de pêcheurs à qui répugne l’asticot parce qu’ils n’ont pas été accoutumés à le voir employer familièrement surmontassent cette répulsion pour le plus commode et le plus fructueux de tous les appâts. On peut d’ailleurs, au moyen de certaines précautions et notamment par un séjour de quelques heures dans un vase rempli de son, ôter à l’asticot la matière visqueuse dont il est imprégné et l’odeur repoussante qu’il exhale.

Pour se procurer des asticots en abondance, il suffit de déposer dans un trou creusé en terre le cadavre d’un animal ou un morceau de viande ; on le place entre deux lits de paille et on le recouvre assez solidement pour éviter l’action des animaux rapaces, mais de manière cependant à ne pas intercepter complètement la communication avec l’air extérieur. Au bout de quelques jours, les larves déposées par les mouches qui se seront introduites à travers les interstices laissés par la paille auront déposé dans ce charnier d’innombrables générations d’asticots, il ne restera plus qu’à les recueillir avec une écumoire ; on les déposera dans un vase à demi rempli de son pour s’en servir au besoin (Voy. Verminière). Le foie d’un animal quelconque suspendu à l’air libre est encore un moyen d’engendrer promptement des asticots ; on place au-dessous un vase à demi rempli de son dans lequel ils se laissent tomber d’eux-mêmes. — De quelque manière qu’on se procure ces vers, il ne faut pas trop tarder à les employer car, au bout de quelques jours, ils se changeraient en autant de chrysalides.

Pour se servir utilement de cet appât, il faut user de certaines précautions. Si l’on essayait d’introduire la pointe de l’hameçon sur le gros bout de l’animal on le crèverait infailliblement et toute la pulpe qu’il renferme se répandrait au dehors, ne laissant que la peau dans les doigts du pêcheur. Il faut prendre l’asticot entre le premier doigt et le pouce de la main gauche, la partie obtuse tournée vers le corps de l’opérateur ; de la main droite on insère la pointe de l’hameçon dans le côté du ver, à hauteur du 3e ou du 4e anneau inférieur, on fait entrer cette pointe parallèlement à l’axe de l’insecte jusqu’à ce que le dard soit complètement engagé, ce dont on est averti par une espèce de petit craquement causé par la contraction du cartilage qui se resserre après avoir donné passage au dard. Cette opération terminée, l’asticot pendra la pointe en bas, aucun fluide n’aura pu s’échapper et l’appât pourra conserver assez longtemps la vie et le mouvement.

L’asticot ne sert pas seulement d’appât pour la pêche : on l’emploie avec avantage pour engraisser les faisans et les oiseaux de basse cour.

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