Arrosage, Arrosement, Arrosoir

(Horticulture). L’Arrosage ne doit pas être confondu avec la distribution de l’eau par nappes aux prairies et aux champs cultivés, qui porte le nom d’irrigation (Voy. Irrigation). Néanmoins, dans le midi de la France, en Italie et en Espagne, les jardins ne sont généralement arrosés que par irrigation. Partout ailleurs, on entend par arrosage la répartition de l’eau sous forme de pluie, soit avec l’arrosoir, soit au moyen de pompes munies d’une gerbe ou pomme d’arrosoir percée de trous plus ou moins fins. Les arrosages sont particulièrement nécessaires dans la culture du potager.

Dans l’arrosement, il faut avoir égard : 1° à la nature des plantes : en général, les plantes grasses ont besoin de peu d’eau ; les plantes à fibres sèches et ligneuses veulent des arrosements abondants et répétés ; entre ces deux extrêmes, il est beaucoup de plantes pour l’arrosement desquelles la pratique seule peut servir de guide ; — 2° à la nature du sol : une terre forte et qui retient l’eau ne veut pas être arrosée aussi fréquemment qu’un sol sableux ; l’exposition du nord demande moins d’eau que celle du midi ; plus la terre est couverte de végétaux, moins elle a besoin d’être arrosée. Dans les terrains riches en principes calcaires, comme le sont les jardins des environs de Paris, il vaut mieux ne pas arroser du tout que d’arroser trop peu. Si l’on humecte seulement la surface du sol au lieu de le mouiller à fond ; la prompte évaporation de l’eau versée avec trop de parcimonie fait plus de tort aux plantes cultivées qu’un peu d’humidité passagère n’a pu leur faire de bien ; — 3° à la saison : au printemps, on arrose le matin et avec modération ; tous les végétaux nouvellement plantés, quel que soit le terrain, doivent être également arrosés ; en été, on n’arrose que le soir, un peu avant le coucher du soleil, et, quand on craint une nuit froide, un peu avant son lever : si la température se maintient longtemps sèche et brûlante, il faut laver les feuilles en les arrosant d’une pluie fine, au moyen de l’arrosoir à pomme ; en hiver, on arrose les plantes de serre, mais avec modération, afin d’éviter la pourriture, et, pour certaines plantes, afin de ne pas interrompre le sommeil de la végétation ; — 4° à la manière d’arroser : il faut verser l’eau peu à peu, de manière à lui donner le temps de s’introduire dans la terre ; l’eau répandue avec force déchausse la plante ou se répand inutilement ; presque toujours il vaut mieux arroser légèrement et d’une manière générale, et faire ensuite un second arrosage plus abondant ; il faut se garder de jeter négligemment sur les plantes ce qui reste au fond de l’arrosoir, dans la crainte de mettre à nu les semences et les racines. — On donne des bassinages, c.-à-d. des arrosages peu abondants mais souvent répétés, aux semis qui ne sont pas encore levés, et aux très jeunes plantes récemment sorties de terre, qui ne supporteraient pas une mouillure trop abondante.

Les pompes à la main, dont le meilleur modèle à l’usage des jardiniers est la pompe portative de Groulon, servent surtout à l’arrosage des plates-bandes du parterre et au bassinage, très nécessaire en été, du feuillage des arbres fruitiers en espalier.

— La forme des arrosoirs a subi de nos jours une heureuse modification ; on a substitué à l’ancien modèle renflé au milieu de sa hauteur, un modèle à coupe horizontale elliptique, par conséquent aplati sur les côtés, ce qui ne force pas le jardinier à trop écarter les bras lorsqu’il porte ses deux arrosoirs remplis. Toutes les fois qu’il est utile de mouiller les plantes en même temps que la terre qui les porte, on se sert de l’arrosoir avec sa gerbe ou de la pompe portative munie d’une gerbe semblable. S’il s’agit seulement de donner à boire aux racines sans mouiller les plantes elles-mêmes, on verse l’eau au pied de chaque plante avec le goulot de l’arrosoir dont on a enlevé la gerbe.

Dans les jardins bien entretenus l’eau nécessaire à l’arrosage est obtenue au moyen d’une pompe à manège (Voy. Pompe) : elle est reçue dans un réservoir en zinc, plus ou moins élevé suivant les besoins, d’où, par le moyen de tuyaux souterrains, elle se répand dans divers tonneaux enterrés de distance en distance, de manière que le jardinier puisse remplir ses arrosoirs et les vider sans avoir un trop long trajet à parcourir. Depuis quelques années, on a commencé à substituer aux tonneaux des bassins circulaires, assez profonds, construits en briques sur champ empâtées dans du ciment romain. Ces bassins coûtent un peu plus cher que les tonneaux, mais ils durent beaucoup plus longtemps.

Dans les serres, l’eau distribuée aux plantes sous forme de pluie très divisée, doit être à la même température que l’atmosphère de la serre, où l’on maintiendra dans ce but un réservoir constamment rempli. L’eau de ce réservoir n’est employée à l’arrosage que quand elle y a séjourné assez longtemps pour prendre la température de la serre. Souvent , les réservoirs placés dans les serres sont peuplés de poissons rouges ; ce n’est pas comme on pourrait le supposer, à titre de simple ornement. L’eau la plus pure est toujours habitée par des myriades d’animalcules invisibles ; sous l’influence d’une température tiède, ces êtres imperceptibles naissent, vivent et meurent avec une incroyable rapidité. L’eau corrompue par la décomposition de leurs cadavres, serait aussi nuisible aux plantes qu’aux jardiniers si les poissons rouges ne détruisaient une quantité considérable de ces animalcules. De petits arrosoirs munis d’un très long bec terminé par une pomme percée de trous très fins, permettent au jardinier d’arroser, sans les déplacer, les plantes disposées sur les gradins de la serre. — Dans l’orangerie, on n’arrose que tout juste autant qu’il le faut pour empêcher que les plantes ne meurent de soif. Dans la serre tempérée et dans la serre chaude, les plantes doivent être arrosées plus ou moins selon le degré d’énergie de leur végétation. Les Cactus, les Mésembryanthèmes et les autres plantes grasses peuvent être laissées à sec la plus grande partie de l’hiver ; elles n’en fleurissent que mieux à la reprise de leur végétation. Voy. Serres.

Pour activer la croissance de certaines plantes, on emploie souvent pour l’arrosage, au lieu d’eau pure, divers mélanges fertilisants, ou engrais liquides consistant surtout en guano délayé dans de l’eau à diverses doses, et en crottin de mouton infusé dans une faible quantité d’eau ; cette dernière espèce d’engrais est appelée bouillon.

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