Apoplexie

(Médecine). 1° De tous les accidents maladifs, c’est peut-être celui qui réclame avec le plus d’urgence l’intervention du médecin. Une attaque d’apoplexie est toujours si grave, les effets en sont si prompts et si funestes, qu’il n’y a pas lieu de lui appliquer les remèdes ordinaires de la médecine domestique. Toutefois, en attendant l’arrivée du médecin, voici comment on doit agir. On tient le malade dans une position assise, si c’est possible ; sinon on le couche horizontalement, la tête nue, et légèrement couvert pour le reste du corps, en ayant soin de desserrer ou d’enlever tous les liens, bretelles, jarretières, etc., qui pourraient gêner la circulation du sang, et de maintenir un air frais dans la chambre. On réchauffe les pieds du malade au moyen de briques chaudes ou de bouteilles remplies d’eau bouillante, on pratique des frictions vigoureuses sur la poitrine et les membres avec du vinaigre ou de l’alcool très chaud, on applique des sinapismes successivement aux jambes, aux cuisses, aux bras, et à quelques minutes d’intervalle : enfin, on administre des lavements salés, savonneux, ou vinaigrés. On ne doit introduire aucun liquide dans la bouche du malade, ni lui faire respirer aucun spiritueux, ni aucune poudre qui provoque l’éternuement.

On peut, par de sages précautions hygiéniques, prévenir les attaques d’apoplexie chez ceux qui, par leur constitution replète et leur tempérament sanguin, y semblent plus particulièrement exposés. La grosseur de la tête et la brièveté du cou sont toujours des indices de prédisposition à l’apoplexie. L’âge de 55 à 70 ans est celui pendant lequel se présentent les cas les plus nombreux de congestion cérébrale. « Le meilleur de tous les préservatifs contre l’apoplexie, dit Lancisi, c’est un régime de vie soigneusement ordonné, un heureux calme de l’âme, qui puisse exclure toutes les sensations violentes. » Bien que le conseil soit plus facile à donner qu’à suivre, les personnes qui entourent un vieillard de 60 à 70 ans, d’un tempérament apoplectique, peuvent presque toujours éloigner de lui les contrariétés, les causes de trouble et d’irritation ; il dépend aussi en grande partie des personnes parvenues à l’âge où l’apoplexie est le plus fréquente, d’en diminuer les chances fâcheuses par l’usage des boissons délayantes, l’exercice modéré et la sobriété habituelle.

2° Dans le langage ordinaire, on ne désigne sous le nom d’apoplexie que les congestions cérébrales accompagnées d’accidents assez graves pour mettre la vie en danger ; cependant, toutes les fois que le sang afflue au cerveau de manière à produire une syncope même passagère, il y a apoplexie ; ce qu’on nomme vulgairement coup de sang est une apoplexie réelle, avec moins d’intensité que l’apoplexie proprement dite. En conséquence, toute personne sujette aux coups de sang, même quand ceux-ci ne sont que des indispositions sans gravité, ne devra négliger aucune des précautions qui peuvent prévenir l’invasion, souvent mortelle et toujours très dangereuse, de l’apoplexie, puisque, lorsqu’elle ne tue pas sur le coup, elle a trop souvent pour conséquence la paralysie (Voy. ce mot). La somnolence fréquente, les maux de tête violents, la coloration vive de la face, indiquent une prédisposition aux coups de sang, laquelle doit être combattue par les mêmes précautions hygiéniques que l’apoplexie. — Lorsqu’il survient un simple coup de sang, à la suite duquel le malade reprend promptement connaissance, des bains de pied dans l’eau chaude fortement salée et l’application de quelques sangsues, soit à l’anus, soit aux deux côtés de la tête, derrière les oreilles, sont les moyens de prévenir le retour du mal ; si les symptômes se renouvellent en s’aggravant, on doit consulter le médecin. Quand le malade atteint d’un coup de sang est habituellement constipé, on peut lui administrer des laxatifs doux, tels que le sirop de rhubarbe à la dose de 30 à 45 gr., et le sulfate de magnésie ou de soude, à la dose de 20 à 30 gr. dans un verre d’eau. — Si le coup de sang présente les caractères d’une véritable apoplexie, les lavements fortement purgatifs, les sinapismes aux mollets et aux avant-bras, la glace sur la tête, 12 ou 15 sangsues à l’anus, en attendant que la saignée puisse être pratiquée, sont les moyens à employer sans perte de temps. Voy. ci-dessus.

Apoplexie (Art vétérinaire)

Les animaux sont également sujets à l’apoplexie, que les vétérinaires désignent souvent sous les noms de coup de sang et d’hémorragie cérébrale. Elle est surtout fréquente chez les chevaux dont l’alimentation est trop substantielle, ainsi que chez les bœufs, les moutons, les porcs soumis au régime de l’engraissement. — L’apoplexie s’annonce par la rougeur des membranes muqueuses de la bouche, des naseaux et des yeux, par la plénitude et la gêne des battements du pouls, par l’essoufflement, la nonchalance et la paresse des animaux qui restent couchés et ne mangent plus avec le même appétit. Souvent ces symptômes agissent avec une telle rapidité que l’animal est perdu avant qu’on ait le temps de les apercevoir. Aussi, c’est moins à combattre la congestion cérébrale par un traitement quelconque qu’à en prévenir l’invasion qu’il faut apporter tous ses soins. Les saignées, la diète, la cessation du travail et les purgatifs sont les meilleurs moyens à employer.

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