Ane

(Animaux domestiques). La France possède d’excellentes races ; mais elles ne sont encore appréciées que dans le Midi, notamment en Poitou et en Gascogne, où l’on élève des ânes qui, à 5 ans, se vendent de 300 à 400 fr. — Partout où l’âne est soigné comme le cheval, il double de force et de valeur. Pour la nourriture, le foin, la paille hachée, la luzerne, le trèfle vert ou sec, les fanes de pois, de vesces, etc., satisfont son appétit frugal ; il mange avec empressement les pommes de terre, les carottes, les navets, les raves, etc. ; un peu d’avoine suffit pour lui donner de la vivacité. Il supporte la soif plus longtemps que le cheval. — On ne lui ferre ordinairement que les pieds de devant : cependant, si l’on veut l’atteler à la voiture, il est bon de le ferrer aux quatre pieds. — Quand on s’en sert comme monture, il faut avoir soin de le seller un peu à l’avance, et de serrer la sangle au sortir de l’écurie ; car, soit qu’il se gonfle pendant qu’on lui met le harnais, soit pour tout autre motif, l’âne le mieux sanglé cesse bientôt de l’être, ce qui peut causer des accidents. — L’âne peut porter de très grosses charges sur les reins, soit à poil, soit dans des paniers attachés à un bât (Voy. Bat). S’il vient à avoir la peau de l’échine écorchée par le bât, il faut frotter la plaie avec du saindoux, la laver avec du vin chaud et la couvrir d’étoupes : la guérison ne tardera guère.

Si l’on veut se livrer à la reproduction de l’espèce, il faut choisir les individus les plus grands et les plus forts. L’âne étalon doit avoir les yeux bien fendus, vifs et pleins, les narines larges, la tête fière, les oreilles velues, le cou long, le poitrail ample, la côte relevée, les reins fermes et droits, la croupe plate, la queue courte, le flanc petit, les talons larges, enfin les membres gros et garnis de poils longs. À ces mêmes qualités, l’ânesse joindra de plus l’ampleur du corps et la largeur du bassin. Le prix moyen d’un bel étalon est au moins de 3 000 fr. L’âne étalon peut servir à la reproduction à l’âge de 4 ans, l’ânesse à 3 ans. La durée de la gestation de l’ânesse est de 12 mois et quelques jours. On ne doit l’admettre à la saillie qu’en mai ou en juin, afin que son petit, qu’elle fait presque toujours unique, naisse pendant la belle saison. Comme elle est sujette à l’avortement, elle exige beaucoup de soins pendant la gestation : on ne la laisse plus approcher du mâle, elle doit paître librement ou recevoir à l’écurie une nourriture convenable ; on évite qu’elle ne boive des eaux trop froides.

L’ânon, quoique moins délicat que le poulain, réclame les mêmes soins. Il faut, pour l’accoutumer à manger de bonne heure, ne pas lui laisser prendre trop de lait, et le préserver du froid et de l’humidité, qui lui sont funestes dans le premier âge. L’ânesse nourrice doit être exemptée de tout travail et nourrie avec de l’eau blanche et du son deux fois par jour. Aux environs des villes, on peut en tirer un parti avantageux comme laitière : le litre de lait ne se vend pas moins de 50 c. Une bonne nourrice peut donner, pendant 8 mois environ, de 2 à 3 lit. de lait par jour (Voy. Lait d’ânesse). L’ânon est conservé quelque temps auprès de la mère ; on lui donne ensuite un supplément de lait de vache jusqu’au sevrage, qui a lieu à 8 ou 9 mois : pendant une dizaine de jours, après le sevrage, il faut lui donner de l’orge ou de l’avoine écrasée. — Voy. Mulet.

L’âne, bien traité et bien nourri, peut vivre de 20 à 25 ans ; il travaille dès l’âge de 18 mois ; on reconnaît son âge à ses dents, comme chez le cheval. Voy. Cheval.

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