Allures

(Chasse). Le veneur doit toujours examiner attentivement les allures du gibier qu’il détourne, c.-à-d. la manière dont le gibier a l’habitude de poser ses pieds en marchant. Les animaux dont la domestication a modifié les habitudes, changent continuellement leur manière de marcher, et, comme on dit en vénerie, ils se méjugent. Les animaux sauvages, au contraire, ont des habitudes constantes, qui varient seulement suivant l’âge et le sexe. La connaissance de ces habitudes permet donc de déterminer, d’une manière à peu près certaine, quel est l’âge de l’animal dont on fait suite. Lorsqu’on l’a jugé soit par le pied, soit par les fumées, par les portées ou par le frayoir, les allures présentent, pour rectifier ce jugement, le contrôle le plus infaillible.

Allures du daim, du cerf et du chevreuil

Le très jeune cerf, c.-à-d. le faon, le daguet, se méjuge souvent, et le pied de derrière vient se poser en avant de l’empreinte laissée par le pied de devant. Un jeune cerf, deuxième, troisième et quatrième tête, se méjuge rarement, et pose le pied de derrière dans l’empreinte laissée par le pied de devant sans la recouvrir entièrement, mais en recouvrant seulement le talon. Le cerf dix-cors jeunement met le pied de derrière au bord de l’empreinte du pied de devant et un peu en dehors. Le dix-cors met le pied de derrière à un travers de doigt du pied de devant, et quelquefois même un peu plus, suivant la venaison dont il est chargé. Un grand vieux cerf met le pied de derrière à quatre travers de doigts de l’empreinte du pied de devant toujours un peu en dehors. Lorsque la distance entre les pas est allongée, on doit en induire que le cerf est léger et vigoureux, et que par conséquent il résistera longtemps à la meute. Lorsque le cerf est chargé de venaison, il est plus lourd, et ses allures sont moins longues ; on peut alors prédire qu’il aura peu d’haleine et ne résistera pas très longtemps devant la meute. Lorsque le cerf vient de mettre bas son bois, il se méjuge souvent et place son pied de derrière en avant de celui de devant. Il arrive aussi au cerf qui a été récemment malmené par les chiens et qui n’est point refait de sa fatigue, de se méjuger. Pendant le temps du rut, on ne saurait non plus tirer aucune induction certaine des allures du cerf. La biche se méjuge toujours ; elle met le pied de derrière tantôt devant, tantôt à côté du pied de devant. Lorsqu’elle est pleine, elle semble plus réglée dans sa marche, elle met le pied de derrière un peu en dehors de celui de devant ; mais, au bout de 10 ou 12 pas, elle se méjuge. — Il n’y a de jugement par les allures qu’autant que les animaux vont d’assurance. — Ces remarques s’appliquent en plus petit au daim et à la daine, au chevreuil et à la chevrette.

Allures du sanglier et du loup

Les allures du sanglier peuvent également rectifier le jugement qu’on a porté par l’inspection de la trace. Les bêtes de compagnie mettent toujours la trace de derrière dans celle de devant. Le tiers an rompt souvent de sa trace de derrière en arrière, et très sensiblement en dehors de celle de devant. Quant à la laie, au lieu de mettre la trace de derrière en dehors de celle de devant, elle la met en dedans ; mais lorsqu’elle est pleine, elle est obligée d’ouvrir les cuisses de derrière et elle pose la trace de derrière en dehors ; ses allures ne sont jamais aussi longues que celles du sanglier ; d’ailleurs, elle se méjuge souvent, et, comme elle marche toujours les quatre pinces ouvertes, que ses gardes piquent en terre au lieu de s’élargir, il n’est pas possible de la confondre avec un sanglier.

Les allures du loup peuvent aussi servir à porter jugement. Un vieux loup ne se méjuge point ; il met régulièrement le pied de derrière dans celui de devant. Lorsqu’il va le trot, le pied de derrière se trouve placé à trois doigts de celui de devant ; mais les allures ne donnent point de différence entre le loup et la louve, à moins que celle-ci ne soit pleine, auquel cas elle met le pied de derrière en dehors de celui de devant. Quant au louvart, il se méjuge souvent.

Allures du cheval

(Animaux domestiques). Les allures du cheval sont naturelles ou artificielles. Les premières sont le pas, le trot et le galop ; les secondes sont l’amble et le pas relevé : il faut y ajouter les allures défectueuses, comme le traquenard, l’entrepas et l’aubin.

1° Le pas est grand ou petit, lent ou rapide. Sa longueur est en rapport avec la taille de l’animal : le petit pas n’a guère que 0m,75 ; le pas ordinaire, 0m,80 ; le pas allongé peut atteindre 0m,90 et 1 mèt. Dans la marche accélérée, le cheval fait 120 progressions par minute ou 60 pas complets ; attelé, il n’en fait guère plus de 90 à 100. Le train du roulage accéléré au pas est d’environ 1m,20 par seconde ; celui du cheval de labour, 0m,70 ou 0m,80.

Le cheval au trot doit avoir les mouvements libres et bien allonger. Celui dont les battues se répètent fréquemment, mais sans avancer, est dit trotter menu. Il y a le petit trot, le trot ordinaire et le grand trot. En moyenne, chaque temps du trot embrasse 1m,20, et on en compte de 160 à 180 par minute, ce qui donne de 10 à 12 kilomèt. à l’heure. Le cheval attelé à une lourde diligence peut fournir au trot une vitesse de 8 kilomèt. à l’heure ; attelé à un léger tilbury, il peut parcourir 22 kil. Dans les courses, les bons trotteurs font, sous l’homme, de 6 à 8m par seconde, c.-à-d. 1 kilom. en 2 min. ou 2 min. 1/2. L’allure du trot est celle qui permet le mieux de reconnaître les boiteries du cheval et aussi d’apprécier tous ses moyens.

Un temps de galop ordinaire embrasse 1m,90 environ, et on en compte de 100 à 106 par minute, ce qui fait 400 mèt. par min. ou 24 kilomèt. à l’heure. Le cheval ne peut pas supporter très longtemps cette allure, surtout si elle est rapide : cependant, on voit des chevaux parcourir, mais avec des intervalles de repos, jusqu’à 40 kilomèt. en 2 ou 3 h. Dans les courses, de 4 à 5 min., le galop atteint de 14 à 16 mèt. par seconde.

2° L’amble est une allure très douce dans laquelle le corps de l’animal est successivement porté par les deux membres du même côté. Elle est très basse, ainsi que le pas relevé, qui n’est qu’une espèce de trot décousu (Voy. Amble). — Le traquenard est une espèce d’amble rompu, dans lequel les quatre battues se succèdent isolément. L’entrepas est aussi une espèce d’amble rompu, moitié pas et moitié amble : c’est le défaut des chevaux qui vont sur les épaules. L’aubin est l’allure des chevaux usés chez lesquels le galop, ne pouvant se soutenir, est interrompu à chaque pas par une sorte de trot.

Un cheval trousse quand, en trottant, il relève fortement les extrémités antérieures ; il harpe, quand c’est l’extrémité postérieure ; il se berce, quand dans la marche, il éprouve un balancement latéral, soit du corps entier, soit du devant ou du derrière ; il se coupe ou forge, quand ses pieds s’entrechoquent. — Enfin, les allures sont encore modifiées par les défauts désignés sous les noms d’épaules froides ou chevillées, de jarrets vacillants, de tours de reins, de boiteries (Voy. ce mot), et qui proviennent soit de faiblesse ou d’épuisement, soit de lésions organiques.

Laisser un commentaire