Allaitement

(Médecine, Hygiène). — Allaitement naturel. La mère doit faire en sorte de nourrir elle-même son enfant. Elle ne renoncera à ce devoir qu’en cas de nécessité absolue. Les seules raisons qui peuvent s’opposer à l’allaitement maternel sont : 1° la faiblesse très grande de la femme : il est reconnu qu’avec une constitution médiocrement forte, et même en apparence délicate, une mère peut être une excellente nourrice sans nuire à sa propre santé ; 2° une excessive impressionnabilité de caractère et une susceptibilité nerveuse très marquée, d’où pourraient résulter de graves altérations du lait ; 3° les nécessités de position qui, en imposant à la femme certains devoirs à remplir, lui feraient involontairement négliger les devoirs maternels ; 4° enfin, certains vices de conformation, certaines affections organiques, certaines dispositions héréditaires dont l’appréciation doit être laissée au médecin. — Quand la mère s’est décidée à nourrir, voici ce qu’il faut faire. À part quelques circonstances exceptionnelles dont l’accoucheur est seul juge, il faut donner le sein 4 ou 5 heures après l’accouchement. Le mamelon bien nettoyé sera placé dans la bouche de l’enfant ; s’il hésite à le prendre, la femme, à l’aide de douches pressions, fera jaillir un peu de lait jusque dans la bouche de l’enfant. Quand le nouveau-né s’endort après sa naissance et que son sommeil se prolonge au-delà de 4 ou 5 heures, il faut le réveiller et le stimuler au moyen de quelques frictions et le forcer à prendre le sein comme il vient d’être dit. On doit encore, par un examen attentif, s’assurer que l’enfant tette et qu’il avale bien le lait. Pour rendre la sortie du lait plus facile et la succion moins fatigante pour l’enfant, la femme doit comprimer légèrement son sein et répéter de temps en temps ce mouvement jusqu’à ce que l’enfant soit accoutumé à bien téter. Il faut encore éviter que, pendant que l’enfant tette, son visage soit tellement appliqué sur le sein, que ses narines en soient comprimées ; car alors, ne pouvant respirer par le nez, il ouvrirait la bouche et quitterait le sein. Pendant les 12 ou 15 premiers jours, on présentera le sein toutes les heures ou toutes les heures et demie. Après la seconde semaine, on donnera le sein seulement toutes les 2 heures ; au bout de six semaines ou de 2 mois, on mettra, suivant la force de l’enfant, un intervalle de 4 heures. La nuit, on fera bien d’habituer l’enfant à se passer du sein, afin d’épargner à la mère des fatigues inutiles. Il ne faut pas donner le sein à l’enfant chaque fois qu’il crie, car il crie souvent uniquement pour crier, c.-à-d. pour exercer et développer ses poumons, de même qu’il s’agite pour développer ses muscles. — Pendant les premiers temps l’enfant doit être très soigneusement observé, et même, s’il dépérit ou ne profite pas, il faut le peser de temps en temps ; c’est alors que la présence d’un médecin est nécessaire pour déterminer si le fait provient de l’enfant ou du lait maternel trop pauvre ou trop rare. Des vomissements très fréquents de lait aigre et caillé, une diarrhée verdâtre avec coliques doivent également provoquer un examen médical, et si le dépérissement de l’enfant provient d’une mauvaise alimentation, il n’y a pas à hésiter, il faut changer le lait. Ce changement n’a pas les inconvénients qu’on lui attribue dans le monde ; et, quand on substitue un bon lait à un mauvais, c’est tout profit pour l’enfant. Vers le 5e mois, quelquefois même plus tôt, on peut commencer à donner un peu de nourriture auxiliaire, d’abord une ou deux fois par jour, quelques cuillerées de crème de riz ou de fécule de tapioca apprêtées au lait ; un peu plus tard, 1 ou 2 petits potages, en substituant alors la farine de froment aux fécules, dans la préparation des bouillies. On remplace ensuite le lait par le bouillon, du bouillon de poulet d’abord, puis du bouillon de bœuf, et c’est ainsi qu’on arrive à l’époque du sevrage (Voy. Sevrage). — Voici la formule d’un aliment très léger, facile à préparer et économique, qui peut être employé à titre d’auxiliaire dans le cas d’insuffisance de l’allaitement. On prend un pain bien cuit, que l’on fait sécher au four, puis on le réduit en poudre très fine. Cette poudre, mêlée avec de l’eau et cuite, forme une crème assez semblable à la crème de riz ; on la sucre et on l’aromatise avec un peu d’eau de fleurs d’oranger, ou bien avec une petite pincée de poudre d’anis. La poudre de pain doit être conservée dans un endroit sec, pour être employée au fur et à mesure des besoins.

Allaitement par la nourrice

Voy. Nourrice.

Allaitement artificiel

Il ne faut y avoir recours qu’en cas d’absolue nécessité, quand la misère des parents ne leur permet pas d’emprunter le secours d’une nourrice, ou quand le nouveau-né est atteint d’une maladie spéciale qui pourrait se communiquer. Les dangers de ce mode d’alimentation sont : 1° de substituer au lait de la mère un lait provenant d’une espèce animale et qui n’est pas en rapport avec les besoins et le mode particulier de nutrition de l’être humain ; 2° de priver l’enfant de contacts aussi fréquents avec la mère et de la douce chaleur qui résulte de cette sorte d’incubation et dont il a tant besoin (Voy. Nouveau-né) : la mortalité par l’allaitement artificiel est à l’allaitement naturel dans le rapport de 2 à 1. — À la campagne on peut faire téter directement à l’enfant le lait d’un animal, et c’est toujours une chèvre que l’on choisit, parce qu’elle se prête admirablement au rôle de nourrice. La chèvre que l’on choisira doit être blanche, à poils doux et soyeux, sans cornes, grande de taille, aux mamelles volumineuses, avec des pis assez longs. Il importe qu’elle soit à sa seconde ou troisième portée, qu’elle ait mis bas récemment, et, si c’est possible, qu’elle ait déjà nourri un autre enfant. Ce mode d’allaitement offre cet avantage que le lait puisé directement dans la mamelle, et toujours pris à la même température, n’est altéré dans aucune de ses qualités. — Dans les villes, où ce mode d’allaitement est à peu près impraticable, il faut avoir recours au biberon (Voy. ce mot) ; le lait provenant d’une vache et autant que possible de la même vache, est donné tiède, chauffé au bain-marie et non directement, et surtout il ne doit pas être porté jusqu’à l’ébullition, ce qui le rendrait plus indigeste. Pendant les deux premiers mois le lait, à supposer qu’on puisse se le procurer pur, sera coupé avec parties égales d’eau sucrée ou d’eau de gruau ; on arrive graduellement vers le 4e mois à le donner pur. Le biberon sera donné aux mêmes intervalles que le sein (Voy. plus haut), et la mère aura soin de tenir le plus souvent possible l’enfant entre ses bras, surtout pendant ses repas. L’enfant sera très exactement surveillé ; s’il dépérit, une nourrice est indispensable.

Allaitement mixte

Quand la mère a peu de lait on peut compléter la nourriture de l’enfant au moyen de l’allaitement artificiel. Comme cette pénurie se fait rarement sentir dans les premiers mois, il n’en résulte pas de grands inconvénients. C’est surtout pendant la nuit, et pour laisser reposer la mère, que l’on donnera le biberon. Ce mode de nourriture vaut assurément mieux que l’allaitement artificiel ; quelques médecins le préfèrent à l’allaitement au domicile d’une nourrice.

Allaitement (Art vétér.)

Les femelles qui nourrissent réclament une alimentation plus abondante et meilleure qu’en temps ordinaire. Cet accroissement de dépense est largement payé par le développement plus rapide et l’augmentation de valeur des jeunes animaux. La durée de l’allaitement, variable suivant les espèces, doit, en général, être proportionnée à la croissance et à la durée totale de la vie des individus. Ainsi, dans l’espèce chevaline et l’espèce bovine, il se prolonge ordinairement pendant 6 mois ; dans l’espèce ovine, 4 ou 5 mois, tandis qu’il ne dure que 40 jours dans l’espèce porcine.

Si la santé de la jument le permet et que le poulain profite, on peut prolonger l’allaitement au-delà de 6 mois ; mais la jument qui allaite doit être bien nourrie, surtout si elle travaille : elle recevra un supplément de nourriture en farine. Si pour une cause quelconque l’allaitement n’est pas possible, ou s’il doit être suspendu, on parvient facilement à sevrer le poulain en commençant par lui faire sucer un linge imprégné de lait sucré ; il ne tarde pas à apprendre à boire (Voy. Poulain). — Dans l’espèce bovine, l’allaitement artificiel est préférable, parce qu’il permet de régler la quantité de nourriture utile au développement des veaux en réservant pour d’autres destinations plus lucratives le lait de leur mère. Dans la portion de lait réservée aux veaux on ajoute des substances nutritives telles que carottes, farine de froment ou de graines de lin. On peut, avec avantage, faire bouillir ces substances dans de l’eau où l’on a fait à chaud une infusion de foin. S’il s’agit d’animaux de choix destinés à devenir des reproducteurs, on fera bien de laisser téter les veaux pendant quelques mois en leur donnant en même temps, comme supplément de nourriture, des breuvages farineux. — Aussitôt après la naissance d’un agneau, il faut, s’il est faible, lui faciliter la succion en le tenant près de la mamelle pour lui faire couler du lait dans la bouche. L ’allaitement artificiel se pratique en faisant boire l’agneau, soit au moyen d’une bouteille garnie d’un biberon, soit dans un vase. En cas de diarrhée, on lui administre du lait chaud dans lequel on a fait infuser 32 gr. de poudre de tormentille (Voy. Agneau). — À peine sortis du sein de leur mère, les porcelets cherchent la mamelle qui doit les allaiter, et ils conservent pendant toute la durée de l’allaitement cette même mamelle où ils ont bu la première fois. Le lait maternel suffit ordinairement aux besoins des porcelets. Si le contraire arrivait, il faudrait donner un supplément de nourriture à la truie. Quand le nombre des gorets est trop grand, il faut sacrifier les plus faibles, ou bien on a recours à l’allaitement artificiel. Dès l’âge de 15 jours les porcelets peuvent boire du lait tiède mêlé avec un peu de farine ; on augmente par degrés leur ration et on les sépare peu à peu de leur mère, de manière à les sevrer à 40 jours.

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