Abreuvoir

(Hygiène publique, Législation). Les conditions à remplir pour la salubrité des abreuvoirs diffèrent suivant que les abreuvoirs sont situés sur des eaux courantes ou dormantes.

Abreuvoirs sur les eaux courantes

On doit empêcher, 1° de salir les eaux en amenant sur les bords des matières animales ou végétales en putréfaction ; 2° de laisser couler des eaux provenant des manufactures, fabriques, teintureries, buanderies, etc. ; 3° d’y conduire des eaux sales provenant des ruisseaux des fermes ou autres.

Abreuvoirs sur les eaux dormantes

1° On ne laissera pas entrer dans les abreuvoirs des animaux qui pourraient en gâter l’eau, tels que canards, oies, porcs, etc. ; 2° on ne devra pas planter près des abreuvoirs des frênes, arbres très recherchés par les cantharides : ces insectes peuvent tomber dans l’eau, et être avalés par les bestiaux, auxquels ils occasionnent de graves inflammations ; 3° on ne laissera pas couler dans les abreuvoirs les eaux ménagères des maisons voisines, les eaux de fumiers, etc. ; il faudra détourner les ruisseaux qui pourraient y conduire des eaux malpropres ; 4° on empêchera les animaux de piétiner dans l’abreuvoir, ce qui trouble l’eau et la rend malsaine ; 5° on n’y laissera pas rouir du chanvre, on n’y savonnera pas, etc. ; 6° on devra nettoyer fréquemment l’abreuvoir.

Ces diverses précautions seraient plus sûrement et plus facilement exécutées, si les abreuvoirs étaient à une distance telle des habitations que les animaux domestiques qui aiment l’eau n’en fissent pas leur séjour habituel. Il faudrait qu’ils fussent disposés de manière à recevoir et à conserver les eaux pluviales ; que le fond en fût pavé pour qu’on pût le nettoyer avec facilité ; qu’ils fussent entourés de haies ou de murs, avec une porte pour laisser passer le bétail. Enfin, il serait très-important d’y jeter tous les ans, surtout à l’époque des grandes chaleurs, 2 ou 3 sacs de poussier de charbon, qui empêcherait l’eau de se putréfier, et qui, lors du nettoyage de l’abreuvoir, enrichirait l’engrais que l’on retire de la vase.

Il appartient aux maires de prendre, en ce qui concerne les abreuvoirs publics, telles mesures de police qu’ils jugent nécessaires soit à la sûreté, soit à la salubrité publique. Si l’eau y est profonde, les endroits dangereux doivent être indiqués par des poteaux, des écriteaux ou des barrières. Il n’est pas permis à un seul homme de conduire à l’abreuvoir plus de 3 chevaux à la fois, excepté les maîtres de poste qui peuvent en faire mener 4 par un seul postillon, pourvu que ce soit un de leurs postillons enregistrés. Il est expressément défendu d’y conduire des animaux infectés de maladies contagieuses, et les propriétaires qui contreviennent dans ce cas aux arrêtés du maire sont passibles de peines de police, sans préjudice des dommages-intérêts envers la personne dont les bestiaux auraient eu à souffrir du contact des animaux malades.

Chacun peut, pour sa commodité particulière, établir un abreuvoir sur son propre fonds, mais à la condition de ne nuire en rien aux propriétaires voisins, c.-à-d. en prenant les précautions nécessaires pour que le fonds de ces derniers ne subisse aucun éboulement ni immersion souterraine nuisible. Le propriétaire d’un abreuvoir particulier peut en défendre l’accès en tout temps et en toute circonstance, sauf dans le cas d’un incendie, où il est tenu, sur la réquisition du maire ou du chef des pompiers, de laisser puiser autant d’eau qu’il est nécessaire.

On appelle droit d’abreuvoir la servitude qui permet de faire abreuver ses bestiaux dans les eaux qui se trouvent dans le fonds d’autrui. Cette servitude entraîne le droit de passage pour arriver à l’abreuvoir (C. Nap., art. 696).

Abreuvoir (Chasse)

Les oiseleurs donnent le nom d’abreuvoir à tout endroit où les oiseaux viennent se désaltérer. La chasse y réussit d’autant mieux que les alentours sont plus abrités, que l’abreuvoir est moins fréquenté et plus voisin des terres ensemencées, enfin que la saison est plus chaude. Le matin à dix heures, deux heures de l’après-midi, et surtout le soir, sont les instants de la journée qu’il convient de choisir. Si l’abreuvoir est formé d’une eau courante, il faut y préparer à l’avance un bassin que l’on couvrira en partie de paille et de branchages, pour que les oiseaux puissent s’approcher de l’eau avec confiance, soit pour boire, soit pour se baigner.

On plante autour de l’abreuvoir une haie de gluaux, inclinés un peu les uns vers les autres de manière que les oiseaux marcheurs ne puissent passer sans y toucher ; pour prendre ceux qui se perchent habituellement, on plante de distance en distance des branches d’arbre au bout desquelles on a laissé un bouquet de feuilles, et on les garnit de gluaux. L’oiseleur se prépare une loge avec des branchages (Voy. Cabane) à environ 6 mètres de l’abreuvoir, ou bien il se cache derrière les arbres ou les broussailles, s’il y a un bois voisin de l’abreuvoir, et de là il observe et il vient de temps en temps s’emparer des oiseaux qui sont pris, et arranger les piéges qu’ils ont dérangés en se débattant. — Outre les gluaux, on peut planter en terre, au bord de l’eau, des rejets (Voy. ce mot), et si l’abreuvoir est situé sur la lisière d’un bois, des collets traînants et à piquet pour les oiseaux qui y viennent en marchant, et des collets pendus pour ceux qui arrivent en voltigeant.

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